Accord de Paris : Quelles leçons tirer du retrait des USA ?

Les réactions consternées qui ont suivi l’annonce du retrait américain de l’accord de Paris sur le climat contrastent avec l’enthousiasme affiché lors de l’adoption de l’accord en décembre 2015 après plusieurs années de négociation. C’est une décision qui aura un impact sur les Etats les plus vulnérables. Mais, ils auraient tort de ne compter que sur le leadership des grandes puissances pour maintenir l’élan de transformations sociaux-économiques et politiques nécessaires à l’adaptation et à l’atténuation des effets du dérèglement climatique.

Le fait qu’au regard des dispositions de l’accord entré en vigueur en novembre 2016, le retrait américain ne pourra être effectif qu’en 2020 ne change en rien à la réalité de celle-ci. Le discours du président Trump est sans équivoque sur sa volonté de cesser immédiatement tous les engagements américains. L’accord de Paris étant non contraignant juridiquement, il ne prévoit pas de sanction contre les pays qui se désengagent. Même si leur crédibilité est entachée, les Etats-Unis ont les moyens de la restaurer à terme et de peser encore sur la scène internationale. Ils peuvent aussi faire face aux effets du changement climatique même si une réorientation de leurs politiques publiques plus tard leur coutera plus cher. D’ailleurs, le débat est loin d’être clos et certains Etats et territoires américains engagés dans l’esprit de l’accord sur le climat ont réaffirmé leur volonté de s’y maintenir et de poursuivre leurs programmes de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

La décision américaine suscite plutôt les craintes d’un effet domino en faveur du désengagement et une velléité de renégociation de l’accord par d’autres pays tels que la Russie dont les dirigeants bien que signataires ne cachent pas leur scepticisme vis-à-vis de la question du climat. Le premier coup de butoir contre l’accord sur le climat émane donc du plus grand pollueur du XXe siècle et a le mérite d’éclaircir sa position de ne pas assumer sa responsabilité historique. S’étant exclu du cadre dont elle est hostile, la nouvelle administration américaine pourra- t-elle entraver quand même sa mise en œuvre ?

Sans la contribution des Etats-Unis, les objectifs globaux de réduction des émissions de gaz à effet de serre pour maintenir les effets du changement climatique dans une fenêtre contrôlable ne seront pas atteints.

 

A court terme, c’est du côté financier que l’arrêt de la contribution des Etats-Unis dans le Fond vert pour le climat aura des impacts sur la mise en œuvre des programmes en cours dont l’échéance est 2025. Les Etats-Unis ne respecteront probablement pas leur engagement de 3 milliard de dollars dont 1 milliard a été débloqué sous l’ère Obama. En l’état actuel, beaucoup des pays en développement, notamment les pays africains, auront du mal à atteindre leurs objectifs sur la période même si tout ne dépend pas de l’apport financier extérieur.

En effet, dans le cadre de l’accord de Paris sur le climat, les Etats ont pris deux types d’engagements : des engagements conditionnés par l’apport des ressources extérieures issues des plus gros pollueurs et des objectifs inconditionnels de réduction des émissions de gaz à effet de serre à travers la mobilisation de leurs propres ressources.

Or, la réalité des effets du climat sur la population africaine n’est plus à contester. Cette population n’a pas le luxe d’attendre et de tergiverser. Les solutions ponctuelles apportées ne sont pas suffisantes.

Pour les Etats africains, les soubresauts qui toucheront le cadre stable de développement durable tracé par l’accord sur le climat, devraient servir de piqûre de rappel au fait de se tenir mobilisés pour défendre leurs causes mais aussi entreprendre des solutions sans attendre. C’est pourquoi les efforts de mobilisation et de plaidoyer des acteurs civils doivent servir à maintenir la pression sur les décideurs politiques des pays industrialisés à respecter leurs engagements mais aussi sur nos gouvernements afin de mettre en œuvre leurs engagements inconditionnels.

On pourra alors faire que la décision américaine conduise les pays signataires à un resserrement des rangs. Elle a déjà sonné la remobilisation des différents acteurs, ONG, entreprises, villes, territoires et régions qui ont été et qui sont toujours engagés en première ligne. Chacun a un rôle essentiel à jouer pour maintenir la pression sur les décideurs politiques. Car les solutions économiques du XXe siècle qui ont contribué à la pollution généralisée et au dérèglement climatique actuel seront probablement ressassées au gré de changement de régime et d’opportunisme politique.

C’est pourquoi la dynamique enclenchée par l’accord sur le climat est à encourager car ce cadre offre les opportunités de solutions adaptées à notre ère. A moyen et long terme, les pays sortant du cadre se retrouveraient de plus en plus isolés. Même si des sanctions ne sont pas prévues dans l’accord sur le climat, il se pourrait que des ripostes économiques se mettent en place contre eux notamment à travers l’instauration des nouvelles normes qui leur seraient défavorables ou des taxes environnementales spécifiques sur leurs exportations.

Djamal HALAWA

Comment concilier industrialisation et changements climatiques?

1172609_cop21-les-entreprises-face-au-defi-du-changement-climatique-web-tete-021458152988« Aucun pays ni aucune région du monde n’a atteint la prospérité et une vie socio-économique décente pour ses citoyens sans le développement d’un secteur industriel robuste » soutiennent les chefs d’État et de gouvernement africains lorsqu’ils adoptent le Plan d’action pour le développement industriel accéléré de l’Afrique (AIDA) lors de la dixième Conférence de l’Union africaine en janvier 2008 consacrée à l’industrialisation de l’Afrique. Or l’industrialisation rime avec exploitation intensive des ressources naturelles sans réel souci de durabilité. Comment les pays africains réussiront-t-ils à harmoniser le développement industriel avec la préservation de l’environnement et une gestion durable des ressources ?

Affronter les défis

Les économies des Etats africains subsahariens reposent essentiellement sur les secteurs d’extraction pétrolière, miniers et agricoles. Les principaux défis consistent à concilier les obligations en matière d’adaptation et  d’atténuation du changement climatique avec l’objectif d’atteindre « la prospérité et une vie socio-économique décente» à travers l’industrialisation au regard des moyens dont dispose ces pays. Contraints par les normes environnementales, ces Etats ne disposeront pas de beaucoup de marge de manœuvre pour construire un système industriel compétitif.

Un des principaux freins est le déficit d’infrastructures d’énergie et de communication qui entrave la compétitivité en augmentant les coûts de production et de transport. Ces déficits sont en partie entretenus par des difficultés liées à l’accès aux financements qui demeurent essentiels pour le développement industriel. En effet, beaucoup d’incertitudes et des risques perçus ou réels sont associés à la situation des pays subsahariens. Ils sont souvent associés à l’instabilité politique, la corruption endémique, l’absence de cadre légal, une relative fragilité institutionnelle et un manque de débouchés.

La faiblesse des systèmes financiers du continent empêchant l’éclosion d’un écosystème capable d’engendrer des champions industriels dans les pays subsahariens, le cercle est vicieux. En plus de ces éléments, l’absence d’intégration régionale effective limite la croissance d’un marché régional qui stimulerait un investissement massif dans le secteur industriel.

Par ailleurs, les grandes multinationales qui possèdent les concessions des principales mines des pays africains et contrôlent de fait des pans entiers de ces secteurs ne sont pas africaines. Ce sont des capitaux étrangers dont la vocation principale n’est pas d’offrir d’emplois aux africains ou de se soucier particulièrement de leur bien-être. Cette responsabilité qui incombe aux gouvernements doit les inciter à s’approprier le contrôle de leurs ressources en prenant une plus grande participation dans ces entreprises ou en favorisant la création des champions locaux. Les gouvernements africains sont déjà passés par toutes les phases de désillusion. Alors qu’ils n’ont pas consolidé leurs systèmes industriels naissants à l’époque post-indépendance, ils sont passés aux ajustements structurels des années 80-90 les amenant dans une dynamique de desintrustrialisation massive. Ils ont enfin le recul nécessaire pour prendre les décisions à même d’apporter plus de bien-être à leurs populations.

L’insuffisance des capacités techniques et le retard technologique ont limité la compétitivité industrielle du continent. L’une des contraintes actuelles est la nécessité de répondre aux normes internationales tant sur le plan environnemental que sur la qualité des produits. L’incapacité de certains pays africains à répondre aux normes qualitatives fixées par les pays développés le réflexe protectionniste de ces derniers qui imposent toujours plus de normes, parfois de manières déraisonnée pour protéger leurs produits sont des véritables freins au « made in Africa ».

Ces contraintes peuvent être allégées, notamment en concentrant l’effort – d’industrialisation sur des segments de valeur où le potentiel existe déjà et en consolidant un véritable marché intérieur.

Libérer le potentiel local par des approches novatrices

La voie vers un développement économique passe par un système industriel non polluant, peu générateur de carbone et basé sur des énergies renouvelables. Il est nécessaire de prendre en main les ressources naturelles et de ne plus les exporter sous forme brute mais après transformation locale. La chute actuelle des cours de matières premières qui a entrainé beaucoup de pays subsahariens dans des difficultés budgétaires accrues rappelle l’urgence de diversifier les économies africaines en captant une plus grande valeur de leurs ressources minières et agro-industrielle. Cette occasion, jusque-là manquée, peut être saisie  en tirant parti du dérèglement climatique actuel grâce à l’économie verte. Elle appelle à des transformations structurelles importantes au niveau des Etats : une transformation économique en adaptant des technologies rationnelles, écologiques aux conditions locales et en associant les savoirs-faire autochtones. Chaque pays peut, en fonction de ses ressources naturelles et humaines et dans un cadre régional harmonisé, concevoir une stratégie centrée sur leur utilisation durable et efficace. Les pays qui s’y sont déjà engagés seront fortement encouragés. Les efforts de l’Union Africaine et des institutions sous-régionales doivent être pris à bras le corps par chaque Etat et les dispositions telles que les suppressions des barrières douanières dans le marché commun correctement appliquées.

C’est en concevant des stratégies de développement durable et en orientant les actions publiques dans ce sens, que le défi de créer un système industriel robuste à même d’apporter la prospérité aux populations africaines pourra être atteint. Pour cela, il faudra innover dans les approches de réflexion tout comme celle de fonctionnement. Une meilleure approche consiste à privilégier le financement du développement industriel par un apport de sources intérieures aux pays ou au continent car cela conduirait à une meilleure appropriation locale du processus avec une meilleure chance d’atteindre efficacement les résultats escomptés.

L’investissement dans les énergies renouvelables, l’éducation et la technologie est à la base de la transformation réclamée. Il ne s’agit pas forcement de développer une industrie à forte valeur ajoutée mais de se concentrer pour chaque pays et chaque sous-région sur  des secteurs clés où les ressources existantes peuvent permettre le lancement d’un processus industriel capable de peser positivement sur le balance commercial. Le travail consiste à se réapproprier des secteurs prioritaires tels que les mines et les bois et encourager la transformation agricole locale. Il exige de se débarrasser des investissements non écologiques car les externalités négatives qu’ils engendrent annihilent tout l’effort consenti.

Pris un à un, les pays africains ne pourraient être compétitifs. C’est l’intégration régionale qui favorisera le développement d’un secteur industriel compétitif. L’industrialisation de l’Afrique dont les chefs d’Etat appellent de leur vœu passe par une approche économique verte portée par une politique de concertation régionale misant sur les ressources locales et le marché intérieur.

Djamal Halawa

Quels sont les défis et opportunités de financement de l’économie verte en Afrique ?

eco verteDepuis la révolution industrielle, les activités économiques sont basées sur l’exploitation massive des ressources naturelles. La question de la pérennité de ces ressources ne s’est posée que récemment avec l’ampleur du dérèglement climatique.

Appelant à un changement de paradigme, le concept de l’économie verte a vu le jour. Elle se caractérise selon les Nations Unies par l’utilisation rationnelle des ressources, un faible taux d’émission de carbone et l’inclusion sociale. Ces caractéristiques, difficiles à évaluer, représentent un défi pour son développement quoique de réelles opportunités existent sur le continent africain.

Une économie entravée par des politiques publiques en faveur des activités traditionnelles

En Afrique, l’économie verte englobe des activités dans des domaines variés allant de l’agro-alimentaire aux énergies en passant par la gestion des déchets, l’eau, la santé et le tourisme. Pour répondre au triple objectifs social, environnemental et de rentabilité économique, les activités vertes nécessitent de gros investissements ou engendrent des coûts de production significatifs. Par exemple les énergies renouvelables nécessitent des investissements initiaux importants bien que leurs coûts d’exploitation soient faibles contrairement aux énergies fossiles.

Les difficultés soulevées par les entrepreneurs de l’économie verte sont très souvent liées à l’accès aux financements ou à des pratiques de taux d’intérêt élevés à causes des réticences des investisseurs face à des risques élevés. Les politiques publiques rechignant encore à créer des cadres favorables de nature à atténuer ces risques. En effet ne tenant pas compte des externalités négatives, les activités traditionnelles bénéficient d’un coût de production plus faible et de revenus plus significatifs liés aux subventions publiques. Ces politiques de soutien engendrent une distorsion des prix au détriment des produits issus de l’économie verte.

En plus, certains biens intermédiaires entrant dans la production de l’économie verte comme les panneaux solaires, les éoliens, et les produits issus de l’agriculture écologique par exemple sont encore frappés de taxes, ce qui a tendance à renchérir le prix des produits de l’économie verte.
Dans ces conditions, la rentabilité des investissements dans l’économie verte est plus faible, limitant de fait les opportunités de financement pour les acteurs du secteur. Des efforts financiers et une révision des modèles de développement permettront d’opérer la transition vers une économie verte et résiliente face au dérèglement climatique. Les dispositions financières et fiscales qui pour l’instant pénalisent le développement de cette économie peuvent être transformées en facteurs favorables à ce dernier.

Une transition verte nécessaire et opportune

Les Etats africains ont des économies basées essentiellement sur les ressources naturelles. Ils peuvent en tirer davantage de valeur en favorisant des activités qui valorisent et perpétuent ce capital. Les activités vertes créent de nouveaux marchés et permettent la création d’emplois. La transition vers une économie verte ne pourrait qu’améliorer la croissance économique plus qu’un simple maintien du statu quo ou des politiques publiques entravant. Les besoins de financement de cette transition sont certes importants mais selon le Programme des Nations Unies pour l’Environnement, à l’échelle globale, investir 2% du PIB mondial d’ici 2050 dans des secteurs cibles comme l’agriculture et l’énergie permettrait d’accélérer la croissance économique. C’est ainsi que les dirigeants africains ont lié le financement de la lutte contre le dérèglement climatique à celui de la transition verte.

Dans le cadre de la lutte contre le dérèglement climatique, plusieurs instruments économiques ont vu le jour notamment le mécanisme de développement propre et le marché carbone découlant du protocole de Kyoto. Des institutions financières publiques, des fonds souverains et des banques de développement ont également commencé à orienter une partie de leurs investissements dans l’économie verte favorisant son développement bien qu’il soit encore modeste.

Cependant, les Etats africains n’ont pas réussi à capter la majorité de ces investissements. Pour l’heure, ils développent différentes stratégies pour accroître leur soutien à l’économie verte. Celles-ci apparaissent notamment dans les contributions prévues déterminées nationales (CPDN), soumises à l’Accord de Paris sur le climat. Ils se sont engagés sur des objectifs chiffrés de réduction d’émissions de carbone. La réalisation de ces objectifs traduisant une économie sobre en carbone reste conditionnée en grande partie par des apports financiers extérieurs.

Améliorer les mécanismes de financement et repenser les investissements

Le financement public joue un rôle essentiel pour enclencher la transformation de l’économie traditionnelle et répondre à ces attentes. Au niveau global, beaucoup d’efforts restent à faire pour rendre efficace les fonds en faveur du climat et de l’environnement et améliorer leur accès aux Etats africains. Ils sont encore insuffisants pour entamer une véritable transition verte mais ils pourraient être renforcés par le recours à des sources complémentaires de financements prévisibles tels que des taxes sur le transport et les transactions financières dans les pays développés.

Au niveau local, les Etats qui choisissent les options politiques concrètes pour une transition verte seront les premiers à être résilients face aux dérèglements climatiques. Il s’agit de limiter les dépenses et les investissements dans les domaines qui épuisent les ressources naturelles tout en les augmentant dans les activités vertes, la formation et le renforcement de capacité. Beaucoup d’Etats africains ont par exemple un fort potentiel de tourisme durable, d’agriculture biologique et d’énergies renouvelables. Agir sur le cadre réglementaire et ne pas soumettre ces activités à des régimes fiscaux rigides grâce à des exemptions fiscales, des crédits d’impôts, la mise en place des systèmes de subvention bien orientés ou de fonds nationaux alimentés par les activités à fortes externalités négatives seraient des mesures encourageantes pour promouvoir une économie verte encore fragile.

Tribune initialement parue chez nos partenaires de Financial Afrik. 

Djamal Halawa

 

 

L’Afrique dans les négociations climatiques : enjeux, stratégies et perspectives

sécheresseDepuis 1990, les différents rapports du Groupe d’Experts Intergouvernemental sur le Climat apportent non seulement plus de certitudes sur l’origine anthropique du dérèglement climatique observé mais aussi plus de précisions sur ses impacts actuels et futurs. Fruit de la première phase des négociations climatiques et actuellement mis en œuvre, le protocole de Kyoto est l’instrument juridique contraignant duquel ont découlé des mécanismes de régulation dont l’Afrique a très peu bénéficié. Et ce, en dépit du fait que, bien que responsable de seulement 4,5% du total des émissions de gaz à effet de serre, elle reste le continent le plus vulnérable.

Les négociations sur le cadre post-Kyoto (post 2020) ont abouti à un premier accord universel obtenu lors de la 21ème conférence des parties (COP21) en décembre 2015. Profondément conscients de l’enjeu, les Etats africains se sont distingués en  s’engageant sur des objectifs ambitieux en matière de réduction de gaz à effet de serre d’ici 2030, réaffirmant  leur volonté d’atténuer et de s’adapter au changement climatique. Ils doivent cependant continuer à travailler pour la  sécurisation des ressources financières dédiées  et un appui technique conséquent afin que leurs objectifs puissent être atteints sans entraver leur développement. Pour obtenir un accord juste et équitable à la COP21, ces Etats ont réussi le pari de tenir un langage commun. Mais il faudrait qu’ils associent davantage  la société civile et les acteurs économiques africains particulièrement dans la mise en œuvre de ces accords.        

La forte implication de la société civile dans la mobilisation contre le changement climatique et les diverses actions qu’elle a pu engager ont d’ailleurs montré sa capacité à être porteuse d’améliorations positives. Ainsi, en se positionnant comme partie prenante d’une gouvernance responsable, pilier du développement durable, cette dernière offre de réelles opportunités de changement aux Etats africains. Lisez l'intégralité de ce Policy Brief.

Pour un cadre réglementaire favorable à l’economie verte

evLe constat est simple : la plupart des Etats d’Afrique subsaharienne disposent d’importantes ressources naturelles sans réussir à avoir une économie solide. Leur faiblesse les rend particulièrement vulnérables aux phénomènes naturels (sécheresses, inondations…) considérablement accentués par le dérèglement climatique. Actuellement sur les starting-blocks de l’émergence économique, ils peuvent se servir de l’expérience de certains pays développés afin de définir leurs trajectoires. L’échec des modèles économiques basés sur l’exploitation non rationnelle des ressources devrait les inciter à s’orienter vers l’économie verte, plus durable. Ils devront pour cela créer les conditions nécessaires à la promotion de cette économie. Cet article se penche sur la nécessité de définir un cadre réglementaire clair et cohérent pour promouvoir l’économie verte.

La nécessité de faire face aux défis environnementaux et socio-économiques, dans le contexte actuel de changement climatique, a conduit de nombreux Etats d'Afrique subsaharienne à s’engager dans la voie du développement durable. Ils ont ainsi paraphés les grandes conventions et protocoles en la matière. Il leur reste à opérer les réformes nécessaires pour que  la transition de leur économie vers une économie durable, soit effective. Cela pourrait se faire en adoptant à l’échelle nationale comme à l’échelle régionale ; des réglementations incitatrices aux investissements dans les secteurs "verts". Définissant l’économie verte comme « l’ensemble des activités économiques utilisant les savoir-faire traditionnels et modernes, les ressources naturelles (eau, sol, soleil, biodiversité, etc.), tout en conciliant protection de l’environnement et développement économique pour répondre aux attentes des Etats dans divers domaines», la CEEAC (Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale) appui ses Etats dans cette démarche.

Compte tenu du caractère, parfois pionnier, des activités liées à l’économie verte, leur encadrement juridique ne devrait pas se limiter au cadre définit par le droit commun. Des initiatives sectorielles ont vu le jour mais les Etats d’Afrique subsaharieenne n’ont pas encore définit de façon claire et cohérente de cadre réglementaire harmonisé qui serait favorable au développement de  à l’économie verte. Chaque pays adopte des mécanismes selon ses objectifs. Ainsi, au Tchad, du matériel solaire importé peut être taxé à 50%, considéré comme du matériel électrique quelconque. Ce qui ne favorise pas le développement des énergies renouvelables alors qu’au Burkina Faso où il y a eu une évolution favorable de la réglementation, l’énergie solaire s’est développée. L’analyse des activités menées par des entrepreneurs dits « verts » a montré qu’il existe de réelles opportunités pour l’émergence d’une économie verte en Afrique. Les Etats qui ont résolument mis en place des incitations commencent à en recueillir le fruit, à l’exemple du Rwanda et de l’Ouganda, qui sont les pays les plus avancés dans l’agriculture biologique.

D’après une enquête[i] de la Chambre de Commerce de Pointe Noire et de la CEEAC menée en 2012 auprès des chambres consulaires et des opérateurs économiques d’Afrique centrale, près de la moitié des répondants (45.6%) estiment  que la réglementation est l’un des principaux facteurs pouvant favoriser le développement de l’économie verte. Elle apparait en tête des considérations déterminant une meilleure prise en compte de l’environnement dans les modes de production. Opérateurs économiques et acteurs publics s’accordent donc sur la nécessité de définir un cadre règlementaire propre aux activités « vertes ». Le dispositif d’encadrement de l’économie verte doit être un ensemble de règles cohérentes destinées à favoriser un investissement massif. L’objectif général est d’améliorer la gestion des ressources, à accroitre la productivité verte et susciter de nouveaux moyens de les atteindre en favorisant l’innovation afin d’avoir « une croissance verte ».

Même si les pays de la région ont individuellement des situations politiques et économiques différentes, il existe des considérations universelles les incitant à s’engager communément dans la voie de l’économie verte. Il ne s’agit pas de suivre un effet de mode ou d’essayer juste de satisfaire les exigences des bailleurs de fond afin de capter des nouvelles rentes. Il faudrait plutôt créer un cadre suffisamment stable et durable qui suscite la confiance de tous les acteurs.

Un cadre réglementaire favorable aux activités "vertes" constitue un signal fort aux investisseurs et aux différents opérateurs économiques. Il engage, par ailleurs, la responsabilité des populations en faveur d’une bonne gestion de leurs ressources. Il doit être appuyé d’un effort de sensibilisation, d’information, de communication et de formation. C’est ainsi que l’économie verte pourra se développer ; permettant aux Etats de fournir aux populations des infrastructures plus efficientes en matière d'eau, d’énergie et de transports et à atténuer les conséquences du changement climatique.

Djamal Halawa

Quels sont les enjeux des APE pour l’agriculture et l’industrialisation?

En février dernier, la CEDEAO et l’UE[1] ont annoncé un compromis dans les négociations portant sur les accords de partenariat économique (APE). Un accord dont l’impact sur le potentiel de développement agricole et l’industrialisation ne fait pas encore l'unanimité.

Les raisons d’un nouvel accord économique

L78329210es échanges commerciaux entre l’UE et les pays ACP sont régis par les conventions de Cotonou et celles antérieures, qui octroyaient une liberté d’accès au marché européen sans réciprocité. Ces accords ont permis aux pays africains entre autres d’introduire leurs produits dans l’espace UE sans droit de douane. Les produits européens en revanche sont taxés aux frontières africaines.

Les Etats africains exportent principalement vers l'UE des matières premières : pétrole, bois, métaux et pierres précieuses constituent plus du ¾ des exportations de la CEMAC en 2003. L’agriculture représentait 16% pour la CEMAC et 31% pour la CEDEAO qui importe de l'UE plus de 75% de produits manufacturés. 

Malgré les dispositions plutôt favorables des précédents accords, les africains n'avaient pas réussis à augmenter leur part dans le marché européen. La part de l’Afrique de l'Ouest par exemple dans le commerce avec l’UE est passée de 5% en 1980 à 1% en 2004. C’est d’ailleurs un argument que n’hésite pas à invoquer l’UE pour justifier la nécessité de repenser le partenariat économique rappelant que l’accès préférentiel n’a pas encouragé la diversification des exportations, ni la compétitivité des secteurs productifs, ni l’intégration des marchés intérieurs trop petits. Il n’a pas permis non plus d’accroître la capacité de production et d’exportation vers l’Europe. Hormis les considérations liées aux réalités locales, ce diagnostic occulte les distorsions que l’UE avait introduites dans les échanges telles que les barrières non tarifaires érigées sans concertation, la subvention de son agriculture ou les impacts des ajustements structurels qui ont contribué à cet échec.

Arguant la nécessité de respecter les dispositions de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC), l’UE négocie depuis 2000 avec les différents blocs sous régionaux (CEMAC, CEDEAO, SADC) en vue de parvenir à un APE qui consacrera une liberté d’accès réciproque aux marchés.  Cette réciprocité se traduira pour l’accord avec la CEDEAO, par une ouverture à 75% du marché Ouest africain pour les produits de l’UE dans les 20 prochaines années contre 100% pour les exportations de la CEDEAO. La signature de ces APE devrait intervenir d’ici octobre sous peine, pour certains pays de la communauté, de se voir abolir les traitements préférentiels dont ils bénéficiaients dans l'accès au marché européen.

Les Etats africains n'ont pas réussi à faire converger réellement leurs intérêts pour négocier un accord qui leur soit tous favorable. La CEDEOA a accepté un compromis sur un texte conçu dans le sens des européens dont elle n’a pu obtenir que quelques amendements. C'est parce que la non conclusion d’un APE menace l’intégration régionale, la Cote d’Ivoire et le Ghana ayant déjà signé des APE dits intermédiaires et leur ratification sans l’engagement des autres pays de la sous-région détruirait le marché commun ouest africain. De même, au sein de la CEMAC, le Cameroun a déjà signé un ACP intermédiaire. Ces pays signataires ont en commun le fait qu’un pan essentiel de leur économie hors hydrocarbures comme le cacao et la banane repose sur l'exportation vers l’UE. Ils n’avaient le choix de faire autrement qu'en prenant le risque de repenser complètement leurs modèles économiques.

Des réticences et non les moindres

Une grande partie de la société civile africaine, d’éminents spécialistes et même la Commission Economique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA) dénoncent cependant un accord jugé désavantageux pour les africains, déstabilisant les recettes des Etats et compromettant sérieusement l’industrialisation, l’émergence d’un grand marché intrafricain et le développement agricole.

Les taxes sur les importations constituent en effet une part importante de recettes des Etats africains. Selon la Commission Economique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA), l’ouverture annoncée aggravera la pression sur les systèmes budgétaires africains. Le Cameroun par exemple perdrait entre 20 et 30% de ses revenus et le Ghana près de 37% de ses recettes à l’exportation. L’UE promet des compensations financières pour le manque à gagner. Elle mise surtout sur le renforcement des capacités fiscales des Etats pour compenser leurs pertes. Elle promet 6.5 Milliards € pour la CEDEAO sur la période 2015-2019 à travers le programme de l’APE pour le développement (PAPED). En zone CEMAC, le cameroun a évalué à 2500 milliards de FCFA le cout de l'adaptation de son économie aux APE. L’UE le soutient dans un premier temps à hauteur de 6,5 milliards de CFA pour la ratification de son APE intermédiaire. Mais les conditions d’éligibilité des entreprises pouvant bénéficier d'une aide à cette adaptation exclues déjà tout un ensemble d’acteurs économiques.

Les APE accordent aux africains une protection sur un ensemble de produits qu’ils jugeront sensibles. Il appartient aux Etats de chaque sous-région de s’accorder dans leur choix. Cela doit les obliger quelque part à plus de coopération régionale et la nécessité de reformer leur système économique. Il s'agit surtout des produits de l'agriculture qui a fait  par exemple l’objet d’une divergence de longue date entre la CEDEAO et l’UE qui ne souhaitait pas l’aborder dans le cadre des APE. Le compromis a été trouvé autour de la formulation suivante : « Chaque partie assure la transparence dans ses politiques et mesures de soutien interne. A cette fin l’UE communique régulièrement, par tout moyen approprié, un rapport à l’Afrique de l’Ouest sur lesdites mesures, comprenant notamment la base juridique, les formes de mesures et les montants y afférents (…)   La partie UE s’abstient de recourir aux subventions à l’exportation pour les produits agricoles exportés vers les marchés de l’Afrique de l’Ouest (…)  ». L’UE promet également de mettre à niveau l’industrie africaine afin qu’elle puisse mieux s’insérer dans le tissu commercial mondial.

Si les études d’impacts des APE dans les zones CEMAC aussi bien que CEDEAO montrent que ces accords permettraient éventuellement aux blocs africains de conserver leurs positions dans le marché européen, elles interpellent surtout sur la fragilité des structures économiques de ces Etats. L’impact est négatif sur leur potentiel de développement et de diversification économique. Pour Carlos Lopes, le secrétaire exécutif de la CEA, les APE tels que définit actuellement vont empêcher l’industrialisation de l’Afrique. Ils empêchent le positionnement des africains dans le marché européen avec leur production industrielle tout en ouvrant la porte à des exportations européennes. Il exhorte les africains d'exiger de participer à la valeur ajoutée de leurs propres ressources en concluant des accords tournés vers un transfert de technologie et la transformation au moins partielle au niveau local. C’est aussi l’ensemble du continent et non de blocs régionaux qui négocie car des APE régionaux poseraient un problème d’alignement sur le continent et ne permettraient pas au marché intrafricain de se développer. Ce n’est pas le principe d’une libéralisation qui est dénoncé mais l’équilibre de ces libres échanges et leurs retombées sur le développement économique des africains. Ces derniers doivent se sortir d’une relation de dépendance historique des puissances européennes s’ils veulent devenir des acteurs de leur avenir.

L’échéance d’octobre approche et les Chefs d’Etats qui vont se prononcer sur la signature de ces accords connaissent pertinnement les risques politiques qu’ils encourent et doivent prendre leur responsabilité.

Djamal Halawa

Sources

-L’APE en 9 questions : Commission Européenne : 

http://ec.europa.eu/europeaid/what/development-policies/intervention-areas/epas/epas_fr.htm

-Jacques Gallezot, Le choix régional des produits sensibles à l’APE soumis au jugement majoritaire des pays de l’Afrique de l’Ouest,  INRA-Agro Paris Tech, Octobre 2007, 45p.

-Benoît Faucheux, Bénédicte Hermelin, Julieta Medina, Impacts de l’Accord de partenariat économique UE – Afrique de l’Ouest ; Synthèse bibliographique, Gret, octobre 2005, 73p.

-DOUYA Emmanuel, HERMELIN Bénédicte, RIBIER Vincent, Impact sur l’agriculture de la CEMAC et de Sao Tomé et Principe d’un Accord de Partenariat Economique avec l’Union européenne, Paris, Gret, mars 2006, 116 p.

-Eclairage Volume 7  Numéro 6 , Juillet 2008 : http://ictsd.org/i/news/14950/

-http://endacacid.org/french/index.php/rapport-provisoire-concertation-regionale-entre-la-societe-civile-les-organisations-socioprofessionnelles-et-la-commission-de-la-cedeao-sur-les-ape-et-le-tec-17-18-janvier-2014-a-dakar

-http://endacacid.org/french/index.php/conference-ministerielle-de-l-omc-un-paquet-encore-incertain-pour-bali/declaration-de-la-poscao-sur-l-ape-10-02-2014

http://economie.jeuneafrique.com/managers/decideurs/21773-carlos-lopes-l-europe-ne-tient-pas-compte-de-l-avenir-de-l-afrique.html

-rfi.fr


[1] CEDEAO : Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest ; UE : Union Européenne ; CEMAC : Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

De l’éfficacité énergétique par un éclairage public performant

Nouvelle image zL’électricité est un levier majeur de développement des activités économiques et un service essentiel pour l’amélioration significative des conditions de vie. Les services énergétiques améliorent en effet la vie des populations de plusieurs façons. L’éclairage public fournit des heures supplémentaires pour le travail, rend la vie des populations plus sûre le soir et constitue un facteur de cohésion sociale. En l’état actuel, c’est aussi grâce à l’éclairage public que beaucoup d’étudiants font leurs révisions le soir, sous les réverbères de grandes artères ou de la place publique.

Cependant, l’éclairage public est coûteux et il n'est pas facile pour les municipalités de trouver des mécanismes de financement et de gestion. Les solutions économent en énergie peuvent faciliter la fourniture de ce service, en réduisant les coûts de l'électricité à long terme.

L’éclairage public constitue un grand poste de consommation énergétique pour les communes. Plusieurs villes à l’instar de N’Djaména n’utilisent aucune technologie de système de gestion et les lampadaires restent en grande partie celles des premières générations. Des solutions d’efficacité énergétique existent, pouvant contribuer grandement à faire des économies mais également améliorer le service. Le remplacement des anciennes technologies couteuses par des nouvelles à service rendu équivalent ou amélioré en est un exemple.sodium basse Cela se traduit par  le remplacement des lampes au mercure en service par des lampes au sodium, d'une efficacité lumineuse double. Ce qui aurait pour conséquence de diminuer de moitié la consommation d’énergie due à l’éclairage. Mieux encore, le remplacement des luminaires de moyenne génération équipés de lampe au sodium par des luminaires haute performance. Les lampes au sodium (SHP) sont plus économes, ont une durée de vie plus longue et une meilleure performance lumineuse que les lampes au mercure (HPL). Des SHP de 75 W peuvent être substituées à des HPL de 150 W et des SHP 150 à des HPL 250, tout en conservant le même niveau d’éclairage et un bon rendu de couleur.

L’exemple de la Tunisie est assez édifiant. Dans ce pays, avant 2007 l’éclairage public consommait environ 277 GWh et la part des dépenses d’éclairage public dans le budget d’une municipalité était de 20 %, ce qui est considérable. Le pays a développé un schéma qui a permis de mettre l’accent sur l’introduction d’appareils variateurs-régulateurs de tension sur les réseaux contenant les deux types de lampes HPL et SHP : ces appareils réduisent la tension pendant le créneau horaire où la circulation est réduite (entre 23h et 5h30), ce qui permet d’économiser entre 25 % et 45 % d’énergie.

En plus des lampes économes, les systèmes de gestion intelligents sont les véritables perspectives d’une résolution efficace et durable du problème. De la télégestion, au système intégré d’éclairage en réseau, de détecteurs de présence en passant par des luminaires autonome photovoltaïques, il y a un grand potentiel d’amélioration de la consommation électrique grâce au choix de technologie d’éclairage public approprié. Ceci est bien entendu très lié au développement d’infrastructures de télécommunication notamment. Aussi, cette crise ne se résoudra pas sans une approche globale. L’efficacité énergétique n’en demeure pas moins un axe essentiel, et les villes africaines se doivent d’être ambitieuses dans ce domaine.

Plus que les solutions politiciennes parfois spectaculaires telles qu’on en observe çà et là, ce sont des solutions cohérentes et des stratégies claires qui sont sollicitées. Dans le contexte d’une urbanisation galopante, l’éclairage public n’est ni plus ni moins qu’un enjeu de sécurité majeur.

 

Djamal HALAWA

Nous aborderons dans un prochain article la question de l’éclairage domestique

AFRICA EXPRESS : un tour d’Afrique pour promouvoir l’énergie durable

Livre blanc Africa Express
Livre blanc Africa Express
Afin de promouvoir l’accés à l’énergie pour tous comme priorité de la decennie 2014-2024, l’ONU avait désigné l’année 2012, ‘année internationale de l’énergie durable pour tous’. Dans ce cadre, deux passionnés de questions d’énergies durables et du développement africain, Claire Guibert et Jeremy Debreu ont lancé l’initiative Africa Express. Il s’agit d’un tour d’Afrique afin d’étudier ‘un éventail représentatif de la diversité des projets d’énergies développés sur le continent’. Ainsi, des projets d’efficacité énergétique, d’électrification rurale décentralisée grâce aux énergies renouvelables en passant par les projets de formation professionnelles, 25 projets sélectionnés par un comité stratégique ont été étudiés. De cette expérience est née un livre blanc des énergies durables en Afrique qui met en avant les ‘facteurs-clés de succès’ de projet de services énergétiques et les ‘bonnes pratiques misent en œuvre’ en attirant l’attention sur les écueils à éviter. Voici les principaux points du résumé à l’attention des décideurs.

Nouvelle image (4)Le livre souligne le rôle primordial du développeur dans la réussite de projet d’énergie durable. Le succès étant conditionné par la bonne articulation entre le financement et l’intégration des parties prenantes. Claire et Jeremy qui se sont posé la question de la reproductibilité des projets, remarquent qu’il n’y a pas de modèle unique mais qu’il faut à chaque fois une importante adaptation au contexte local. Toutefois les bonnes pratiques tirées de l’ensemble des projets étudiés peuvent servir de modèle. A l’attention des porteurs de projets, des bailleurs et des gouvernants en charge de politique énergétique, ils livrent les enseignements suivants :

  • un projet de service énergétique doit étre adapté au contexte local. Eviter les modèles théoriques axés ‘nord-sud’ ;
  • au déla de l’innovation technologique, l’innovation sociale et financière est nécessaire pour mieux répondre à la réalité du terrain. Ce sont les solutions pragmatiques qui peuvent garantir le succés ;
  • les interactions avec l’ensemble des parties prenantes conditionnent le bon déploiement du projet. Le point sensible ici identifié est l’appropriation du projet énergétique par ses bénéficiaires ;
  • garantir la viabilité économique de l’exploitation est une condition majeure du succès à l’accès à l’énergie. Les services énergétiques étant très couteux, beaucoup de projets sont limités simplement par leur fond de roulement. Des partenaires financiers, des entités publiques et privées fiables doivent servir de soutien.
  • le rôle du porteur de projet est déterminant. Le succès relève de la capacité à comprendre les besoins, intégrer les parties prenantes et développer des relations fiables avec les partenaires.
  • enfin, l’investissement en capital humain notamment par la formation aux métiers de l’électrification rurale. C’est ce qui permettra la pérennisation des projets existants et soutiendra l’essor des nouveaux métiers liés à l’énergie durable pour le plus grand nombre.

Africa Express est une initiative très encourageante qui apporte beaucoup d’enseignements sur les bonnes pratiques en matière de projets d’énergie durable. Véritables sources d’inspirations pour d’éventuels porteurs de projets d’énergie, le livre blanc et le webdocumentaire réalisés par les initiateurs donnent la parole aux porteurs de projets, aux acteurs concernés et constituent des clés précieuses pour comprendre autrement le développement à différentes échelles du secteur de l’énergie en Afrique.

 

Djamal HALAWA

 

Pour plus d’information sur Africa Express : http://africaexpress.org/

Vous pouvez telecharger gratuitement la version numérique (ebooks) du Livre blanc des énergies durables en Afrique

http://www.youtube.com/watch?v=jS8XJhkfxr4

 

Pour aller plus loin sur le thème de l’accés à l’énergie pour tous :

http://terangaweb.com/le-dilemme-de-lelectrification-rurale/

http://terangaweb.com/cout-de-lenergie/

http://terangaweb.com/energie-en-afrique-lumiere-sur-les-defis-du-secteur-et-les-opportunites/

Quels sont les enjeux du droit à l’eau et à l’assainissement?

eauAlors que l’eau potable et l’assainissement sont  indispensables à la vie, à la santé et à la dignité de tous, selon le Rapport 2013[i] de l’OMS et l’UNICEF sur les progrès en matière d’assainissement et d’alimentation en eau, "2,4 milliards de personnes, soit un tiers de la population mondiale n’auront toujours pas accès à des services d’assainissement amélioré en 2015". La réalité peut être bien pire, puisque des millions de personnes échappent aux statistiques. Si l’Objectif du Millénaire pour le Développement (OMD) pour la cible eau potable est déjà atteint, 800 millions de personnes n’y ont pas encore accès. Celui relatif à l’assainissement et qui consiste à diviser par deux le pourcentage de la population qui n’avait pas accès à ce service en 1990 sera manqué de 8% en 2015.

La crise de l’eau et de l’assainissement trouve son origine selon l’ONU dans la pauvreté et l’inégalité, et elle est aggravée par des problèmes sociaux et environnementaux, comme l’accélération de l’urbanisation, les changements climatiques, la pollution et l’appauvrissement des ressources en eau.[ii] De plus en plus consciente de cette crise, la communauté internationale a inscrit l’accès à l’eau potable et à l’assainissement dans un cadre intégrant les droits de l’homme. C’est ainsi qu’en juillet 2010, l’Assemblée générale des Nations unies avait reconnu le droit de l'homme à l'eau potable et à l'assainissement. Plusieurs Etats développés qui s’étaient abstenus lors du vote initial craignant ce que cela implique ont fini par y être favorables. En novembre 2013, un consensus est trouvé sur une nouvelle résolution non contraignante qui prouve tout de même selon les observateurs que ce droit est unanimement reconnu par tous les Etats au niveau international[iii]. De fait, les Etats qui ne l’avaient pas inscrit dans leur ordre juridique doivent le faire.

Le Conseil des droits de l’homme de l’ONU le présente comme ceci : "Le droit fondamental à l’eau potable et à l’assainissement découle du droit à un niveau de vie suffisant et qu’il est inextricablement lié au droit au meilleur état de santé physique et mentale susceptible d’être atteint, ainsi qu’au droit à la vie et à la dignité"[iv] Au-delà d’un simple accès à une source d’eau, il exige une prise en compte globale, responsable et transparente. Ce droit n’est réalisable que "si l’eau potable et l’assainissement sont disponibles, accessibles, sûrs, acceptables et abordables pour tous, sans discrimination".

Les aspects liés au droit à l’eau sont les suivants :

  • L’eau disponible pour chaque personne doit être suffisante et constante pour les usages personnels et domestiques, à savoir la boisson, le lavage du linge, la préparation des aliments ainsi que l’hygiène personnelle et domestique.
  • L’eau destinée à des usages personnels et domestiques doit être salubre et de qualité acceptable.
  • L’eau et les installations d’assainissement doivent être accessibles physiquement et sans danger pour toutes les couches de la popula­tion, compte tenu des besoins des groupes particuliers, notamment les personnes handicapées, les femmes, les enfants et les personnes âgées.
  • Les services d’alimentation en eau doivent être financièrement accessibles pour tous. Personne ni aucun groupe de population ne devrait être privé de l’accès à l’eau potable au motif qu’il ne peut se le permettre financièrement.

S’ils peuvent être garantis en théorie, la réalité est tout autre notamment lorsque l’accès est trop onéreux. C’est dans l’application qu’apparaissent clairement les enjeux liés à ce domaine. Deux approches différentes sont identifiées autour de l’eau : celle qui consiste à faire des bénéfices avec la distribution d’eau et celle qui s’emploie à dire que l’eau n’est pas une marchandise[v]. Le modèle économique et financier dominant privilégie la privatisation et la marchandisation de l’eau et des services d’assainissement contrôlés en grande partie par des puissantes multinationales. Il est décrié par ceux qui voient en l’eau un véritable service public qui doit être mis à la disposition de la population. C’est ainsi qu’ils conçoivent la garantie pour tous de disposer de ce droit. Sur ces terrains, il n y a donc pas de consensus. Tout comme sur celui du financement effectif de l’accès à l’eau potable et à l’assainissement. Si cet accès doit être réalisé dans le sens d’un droit humain fondamental, alors les actes juridiques doivent être contraignants afin d’en faire bénéficier rapidement toutes les couches de la population. Les pays développés craignent qu’un effort supplémentaire leur sera exigé en plus des mécanismes déjà existants. C’est aussi ce que réclament les pays en développement notamment les Etats d’Afrique Subsaharienne. En attendant, ces Etats réaffirment leur volonté de faire démentir les prévisions en atteignant les OMD en 2015.

 

Djamal HALAWA

 

 

 

 


[v] Le forum mondial de l’eau, quelle solution pour les pays africains ? Objectif Terre : Bulletin de liaison du développement durable de l’espace francophone Volume 15 numéro 2 – Décembre 2013, Pages 24-27

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Aperçu sur le braconnage industriel

Il y a de cela quelques jours, les autorités chinoises ont détruit 6 tonnes d’ivoires issus du trafic illégal provenant essentiellement d’Afrique pour montrer leur volonté de lutter contre ce fléau : double gâchis ! Quelques semaines auparavant, les autorités sud africaines avaient rapatrié depuis Hong Kong un stock de saisies d’ivoires et de cornes de rhinocéros d’une valeur de 1,5 millions d’euros: ‘demi-gâchis’ tout de même puisque le braconnage a déjà eu lieu mais une première dans la coopération internationale en matière de lutte contre le trafic des espèces menacées. Aperçu sur un trafic à l’échelle mondiale.

Selon l’Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime (ONUDC), le trafic illégal  d’espèces sauvages fait partie de la criminalité environnementale, au niveau mondial. C’est un marché très lucratif  favorisé par la corruption et la pauvreté généralisée et stimulé par une forte demande mondiale. L’ivoire et la corne de rhinocéros sont les cas les plus emblématiques. Les principales régions touchées par ce type braconnage sont l’Afrique centrale pour l’ivoire et l’Afrique australe pour les cornes de rhinocéros. L’Asie du Sud-Est en est la première destination.

En  2012, environ 22 000 éléphants ont été abattus, principalement en Afrique Centrale. 450 l’ont été en une seule fois dans le nord du Cameroun début 2012. L’ivoire est essentiellement destiné aux sculptures prisées par la bourgeoisie chinoise. S’agissant des rhinocéros les proportions sont tout aussi inquiétantes : en Afrique du Sud, de 13 cas signalés en 2007, le nombre de rhinocéros victimes de braconnage essentiellement pour leurs cornes est passé à 919 fin 2013. Les efforts entrepris par les autorités dans les années 90 pour permettre de sauver les espèces menacées sont entrain d’être anéantis. A plus €20 000 le kilo au marché noir, il y a de quoi attiser les appétits. Prescrit depuis des lustres dans la pharmacopée asiatique, la poudre de la corne de rhinocéros posséderait selon les croyances populaires, des vertus thérapeutiques et surtout aphrodisiaques. Elle serait un puissant stimulant sexuel aux effets inégalés. Pour les scientifiques toutefois, elle reste une simple corne.

La rareté de cette ressource au niveau local – avec le tout dernier rhinocéros du Vietnam abattu en 2010 – et l’explosion de la demande expliqueraient la pression qui s’est accrue sur les réserves africaines. Si ces vertus sont avérées, il faudrait bien se demander pourquoi l’engouement n’est pas pareil au sein du continent africain. En dehors des considérations totémiques qui plutôt vont dans le sens de leur préservation mais qui sont progressivement abandonnées, les animaux sauvages sont vus comme des gibiers potentiels destinés à la consommation. Evoquer leur protection serait-il simplement l’affaire des hommes rassasiés ? Toujours est-il qu’au braconnage local qui menaçait déjà ces espèces s’associe un autre type plus sophistiqué, industriel.

Face à l’ampleur du phénomène, différentes stratégies sont adoptées. Au niveau international la CITES (convention sur le commerce international des espèces de faune et flore menacées d’extinction) est l’instrument principal de régulation du commerce de la faune et œuvre dans le sens d’une plus grande coopération internationale. L’ONUDC en criminalisant ces trafics renforce également l’arsenal juridique. Des ONG comme TRAFFIC participent également à cette lutte. Les Etats intègrent la protection de la faune dans leurs plans stratégiques de préservation de la nature. En plus des exemples cités au premier paragraphe diverses mesures sont évoquées ou testées telles que : tailler les cornes de rhinocéros dans les parcs et réserves ou les remplacer par des pacotilles comme c’est le cas dans les musées européens, victimes eux aussi de l’engouement lié aux cornes de rhinocéros. Injecter dans les cornes des animaux des produits plus ou moins détectables par les douaniers pour dissuader les braconniers, des produits plus ou moins toxiques pour décourager les consommateurs. Des actions de maitrise en amont telles qu’un meilleur recensement  de la faune sont également entreprises. Des mesures répressives de plus en plus sévères sont adoptées notamment l’ordre donné dans certains cas aux gardes forestiers de tirer à vue sur les braconniers. Ces derniers sont mieux équipés, mieux entrainés aussi.

En dehors des espèces menacées elles mêmes, les populations locales font également les frais de ce trafic. Des villageois sont souvent recrutés pour pister les animaux et assister les braconniers. Tiraillés qu’ils sont entre l’appât du gain et la compromission par cette complicité qui peut coûter beaucoup plus chère. Que doit-on leur offrir pour les associer pleinement à cette lutte? Pour les impliquer quotidiennement, il faudrait les associer beaucoup plus à la gestion leur patrimoine naturel.

Les spécialistes parlent de « services écosystémiques » pour évoquer l’utilité économique de la biodiversité. Le tourisme qui a une forte valeur ajoutée économique et un potentiel de croissance phénoménal est une bonne raison de faire intéresser les communautés à la préservation de leur environnement. Il pourrait engendrer jusqu’à $1 milliard de recettes annuelles dans certaines régions. Face à des organisations mafieuses décidées à exploiter la pauvreté et la misère des uns et la crédulité et l’ignorance des autres, il faudrait autant de volonté et d’action. L’information et l’éducation sont primordiales dans cette lutte.

 

Djamal HALAWA

Les OGM, une opportunité ou une menace ?

Un Organisme Génétiquement Modifié (OGM) est un organisme vivant créé artificiellement par l'homme par le biais de la modification de l'identité génétique d'un organisme existant. Des techniques récentes permettent de prélever un ou plusieurs gènes sur un organisme et de les insérer dans le patrimoine génétique d'un autre. Le comportement dans l'environnement des nouveaux organismes vivants ainsi créés peut être imprévisible. Pour mettre un terme à la faim dans le monde, les OGM constituent-ils le miracle annoncé, ou sont ils une menace pour les pays en voie de développement ?

Certaines plantes génétiquement modifiées sont capables de produire elles-mêmes leurs propres insecticides. Ainsi l'homme n'est plus obligé de pulvériser les champs. Ce qui permet d'enrayer l'augmentation massive de la concentration en pesticides des eaux souterraines. Parmi les avantages des OGM, l’apparition de nouvelles variétés plus performantes et plus résistantes à certaines maladies est un argument central. Les nouvelles générations d’OGM permettent d'améliorer certaines caractéristiques des plantes ; sur le plan nutritionnel : petits pois contenant plus d'acide aminé par exemple ; sur le plan technologique : pommes de terre absorbant moins de matières grasses à la cuisson, ou un retard de maturation pour une conservation plus longue. Pour les défenseurs des OGM, les filières agricoles qui existent actuellement peuvent cohabiter : les cultures traditionnelles, les cultures « bio » et les cultures OGM. On pourrait produire des OGM sans menacer les autres formes d'agriculture.

Toutefois, on observe une contamination des autres plantes par les pollens issus des OGM dans les champs par le biais notamment des machines agricoles, dans les silos de stockage, pendant le transport et la transformation des produits… Celle-ci est irréversible et incontrôlable, et nuit gravement à l'ensemble de la biodiversité de la planète. Certains OGM permettent l’utilisation des herbicides tout au long de la pousse des plantes. Ceci peut entrainer plus de pollutions des sols et des nappes phréatiques. En outre, utiliser les herbicides en permanence, c'est prendre le risque de voir apparaître de mauvaises herbes qui vont devenir résistantes aux herbicides. Par ailleurs, à cause des antibiotiques utilisés dans la fabrication des OGM, les scientifiques craignent le passage de ce gène de résistance à des bactéries du système digestif animal ou humain. Beaucoup de paysans de pays en développement, du fait de leur vulnérabilité ou de leur manque d'information, ne se préoccupent que peu de ces questions. Leur principal souci est le coût de production de leur plantation. Ils n’hésitent pas à utiliser des OGM s’ils les jugent moins cher. Pour les grands producteurs également, la culture d'OGM est synonyme de moins de travail et d'une baisse des coûts.

Il y a toutefois un enjeu politique et économique considérable derrière la culture des OGM, qui permet à quelques grandes firmes internationales de contrôler la production de l’alimentation grâce aux brevets déposés sur les semences OGM. Ainsi, la société Monsanto détient aujourd’hui 90% du monopole sur les semences transgéniques cultivées dans le monde, et n’hésite pas à traîner en justice tout agriculteur soupçonné de les utiliser «illégalement». En effet, il est interdit de ressemer les semences récoltées. Cette interdiction représente une menace grave pour la biodiversité et la sécurité alimentaire mondiale. Depuis la nuit des temps, ce sont les pratiques de réutilisation et d’échanges de semences entre paysans qui ont permis de développer la culture de variétés de plantes adaptées aux conditions locales. Une dépendance totale des petits paysans à l’égard des multinationales pour l’achat des semences, engrais et pesticides, les entrainent dans une spirale infernale, surtout en cas de mauvaises récoltes qui les obligent à s’endetter jusqu’au cou.

Le risque du développement généralisé des OGM est l'arrêt de toutes autres formes d'agriculture. Développer les OGM, c'est en réalité assurer le monopole de l'agriculture aux multinationales. L’objectif de ces dernières étant d’accroitre leurs profits. Et accessoirement, de créer des plantes qui puissent résister aux insectes et aux herbicides, ainsi que de faciliter le travail des agriculteurs et d’éradiquer la faim. Reste à savoir si la réponse à la problématique de la faim dans le monde doit venir d’un surplus de production ou d’une meilleure répartition de ce qui est produit. 

Une alternative consisterait à développer des infrastructures adaptées à chaque pays, chaque région. Il faut permettre aux petits paysans des pays en voie de développement de mettre en œuvre des pratiques agricoles adaptées à leur milieu, viables sur le long terme et qui ne les rendent pas dépendants des firmes agrochimiques. Il faut promouvoir une agriculture durable. Et il est de la responsabilité de ces multinationales qui veulent contrôler l’agriculture de prendre en considération l’ensemble de parties prenantes et de les satisfaire au mieux. Il y a un réel manque d'information et d'objectivité de la part des autorités des pays en voie de développement, particulièrement en Afrique, dans l’introduction des OGM dans leurs pays. La fabrication des OGM est récente et nous manquons de recul sur leurs effets. En plus, les observateurs restent sceptiques quand à l’indépendance des études portant sur le sujet et des fortes incertitudes demeurent sur les risques pour l'environnement et la santé. Dans la mesure où il s'agit de manipuler le vivant, cette légèreté est extrêmement inquiétante. Nous laissons des industriels uniquement préoccupés par la rentabilité de leurs investissements toucher à l'ADN et modifier les gènes. Ces firmes, comme Monsanto, à travers les brevets sur leurs inventions, contrôlent le vivant. Au final, n’assiste-t-on pas à une marchandisation du vivant ? Des groupes de réflexions sont à encourager pour une vraie prise de conscience sur la question. Le vivant est un patrimoine commun de l'humanité dont il convient de prendre soin.

 

Djamal HALAWA

 

Crédit image : http://www.confrontations.info/?p=1899

La pollution de l’air en milieu urbain: une ménace sous-estimée?

pha030000067Dans un récent rapport, l'OMS a indiqué que la pollution de l’air extérieur est une des premières causes environnementales de décès liés au cancer. Dans le contexte d’urbanisation galopante en Afrique et du changement climatique global, comment faudrait-il gérer un problème environnemental et sanitaire d'une si grande ampleur ?


L’une de principales sources de pollution atmosphérique urbaine en Afrique est l’émission des particules liées au trafic automobile : camions, voitures, moto, il suffit observer les tuyaux d’échappement de ces engins parfois cabossés dans les artères poussiéreuses de nos villes. Les fumées de cuisines mais surtout celles des usines dans les villes industrielles ont aussi un impact local très fort. Enfin le soulèvement de poussières par le vent est aussi une source de pollution de l’air.


L'impact de cette pollution sur la santé est très néfaste comme l’a noté l’OMS d’autant plus qu’en Afrique, la rue demeure un principal lieu de vie. Les effets sur la santé peuvent aller de simples problèmes pulmonaires à des maladies plus graves comme le cancer. On peut noter aussi les allergies ou d’autres maladies de peau. Le centre international de la recherche sur le cancer estime qu’en 2010 jusqu’à 223.000 décès liés au cancer du poumon sont attribuables à la pollution de l'air. Toutefois dans plusieurs pays du continent,  la mesure et l’analyse des donnés restent très problématiques.


Le problème de la pollution atmosphérique en milieu urbain etait connu depuis longtemps. Face à l’ampleur d’une urbanisation rapide et non maitrisée, les autorités municipales ont vite été dépassées, reléguant ces questions environnementales qui touchent quand même à la santé au banc des priorités. Elles règlementent tout de même et multiplient les mesures malgré l'insuffisance de moyens éfficaces. Au niveau des Etats, des avancés ont été constatées ces dernières années notamment par la mise en place de cadres règlementaires plus stricts en matière d’importation des véhicules d'occasion. Reste à évaluer l’impact réel de ces mesures. Les populations qui n'ont pas un grand pouvoir d'achats sont tentées de les contourner d'autant plus qu'elles ont été prises sans réelle compensation. Ainsi des véhicules de plus de cinq ans continuent d'etre importé et des vieux engins circulent encore.


Un des thèmes du sommet France-Afrique de l’Elysée portait sur le changement climatique. Les recommandations d’ordre global doivent se suivre d’un déploiement à tous les niveaux. Plus d’un milliard d’africains seront citadins en 2050 contre 20 millions en 1950. Penser la ville et sa gestion environnementale sont une nécessité. Associé au contexte actuel dominé par le débat sur le changement climatique, il serait utile de mettre au premier plan les enjeux liés aux problèmes environnementaux urbains. La dégradation de la qualité de l’air urbain, même s'il s'agit d'un phénomène local, touche plus de la moitié de la population mondiale et doit se retrouver au cœur des enjeux d’atténuation des effets du changement climatique. 

Djamal Halawa

 

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Varsovie: sur le chemin d’un accord sur le climat

Du 11 au 22 novembre, Varsovie accueille le 19ème sommet international sur le climat (COP19). L’objectif de ce sommet est de trouver un accord sur les engagements de réduction de gaz à effet de serre par pays.

Depuis 1992 la ‘crise climatique’ fait l’objet de négociations internationales sous l’égide de l’ONU au sein de la Convention Cadre des Nations unies sur les changements climatiques. Chaque année, une conférence des parties est organisée dans différents pays hôtes afin de s’accorder sur les mesures à prendre en matière de lutte contre les effets du changement climatique. Le protocole de Kyoto, signé en 1997 et entrée en vigueur en 2005 fut l’accord le plus contraignant ratifié par la plupart des pays développés et visant à la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Sa première période arrivait à échéance en 2012. Dans ce contexte et celui de la crise économique, le très médiatisé sommet de Copenhague (COP15) en 2009, fut un échec retentissant. Les perspectives d’un accord mondial sur le climat semblaient alors incertaines.

Mais l’ambition des pays en matière de lutte contre le changement climatique peut être appréciée au regard des éléments tels que le processus mis en place pour négocier un futur accord mondial, la nécessité de revoir à la hausse les objectifs de réduction d’émissions de l’ensemble des pays et la poursuite du Protocole de Kyoto dans le cadre d’une deuxième période. Ainsi, les conférences de Cancùn en 2010 et Durban en 2011, puis Doha en 2012, ont permis de remettre sur les rails le processus et aboutir à un certain nombre de décisions liés aux enjeux suivants :

– création d’un Fonds vert pour le climat;

– prolongement du protocole de Kyoto sur 2013-2020;

– préparation du nouvel accord universel pour la période post-2020 prévu en 2015;

cadre pour l’adaptation, permettant d’améliorer la définition, la mise en œuvre et le financement d’actions dans les pays;

– accord sur la mise en place d’un mécanisme de réduction des Émissions résultant du Déboisement et de la Dégradation des forêts (REDD+);

-inclusion de l’agriculture dans les négociations.

chgt clim

Le nouveau cycle des négociations lancé concrètement à Durban a pour objectif d’arriver à un accord international durable, engageant juridiquement tous les pays, à la COP 21 en 2015. Varsovie (COP 19) en est donc une étape essentielle. Elle devrait permettre au moins d’avancer sur deux points : d’une part arriver à déterminer des règles communes pour mesurer et chiffrer les efforts de chacun des pays en matière de réduction de gaz à effet de serre ; d’autre part, il s’agit de décider des premiers ‘abondements financiers’ du Fonds vert en 2014. Ce Fonds, en impliquant toutes les parties concernées, va élargir les capacités d’action et la mobilisation de toute la finance internationale et nationale.

Plus de vingt ans de processus montrent que les négociations sur le climat sont d’une extrême complexité tant elles touchent au modèle de développement des Etats, à leur souveraineté qu’aux modes de vies de leur population. Les intérêts sont divergents, les situations très variées.

Les pays africains sont presque tous réunis au sein du Groupe Afrique. A l’instar des petits Etats insulaires, ils font partie des pays les plus vulnérables en matière de changement climatique et appellent de tous leurs vœux à l’application concrète des mesures prises et à la mobilisation du Fonds vert pour soutenir leurs efforts de lutte et d’adaptation au changement climatique. Les pays émergents tels que la Chine et l’inde qui étaient traités dans l’esprit de Kyoto I aux mêmes titres que les pays africains ont désormais un impact de plus en plus important sur l’environnement et le climat. Leur rôle sur l’échiquier mondial a évolué. Défendent-ils encore les mêmes intérêts que nous ou défendons-nous les mêmes intérêts qu’eux? La question mérite d’être posé tant il n’est pas évident de voir les positions africaines qui s’imposent dans ces négociations. Mais dans cette affaire il y va de l’intérêt de tout le monde de s’accorder.

Le changement climatique poursuit inexorablement son bout de chemin…à pas de chameau. Varsovie ne devrait pas accoucher d’une souris pour espérer le rattraper.  

 

Djamal Halawa

 

Sur ce sujet: http://terangaweb.com/introduction-au-changement-climatique/

http://unfccc.int/portal_francophone/items/3072.php

http://www.coordinationsud.org/plaidoyer/climat/negociations/

http://www.afd.fr/changement_climatique?actuCtnId=104074

http://www.coordinationsud.org/plaidoyer/climat/negociations/

http://www.ipcc.ch/

Du régime « post-2012 » au régime « post-2020 » : une route longue et sinueuse pour le climat, Coordination Sud

 

Quelle est la valeur du patrimoine écologique ? Le cas de Virunga (RDC)

La valorisation des écosystèmes est un sujet central du développement durable. En Afrique où plusieurs pays disposent d’un patrimoine écologique exceptionnel, cette question est essentielle dans leur planification stratégique. Cet article posera cette problématique à travers le cas de Virunga : un site classé mais qui attise la convoitise des pétroliers.

Nouvelle image (2)En décembre 2007, le gouvernement congolais (RDC) avait accordé des concessions pétrolières sur des blocs situés à l’est du pays. Le parc national de Virunga, un des plus anciens sites classé patrimoine mondial de l’UNESCO à cause de son exceptionnel biodiversité, en fait partie. SOCO International PLC, une des compagnies bénéficiaires de la concession, souhaite explorer dans et aux abords du site. En réponse à cela, l'ONG de protection de la nature WWF saisit par quelques organisations locales, a lancé plusieurs campagnes de sensibilisation et publié un rapport sur la valeur économique de ce parc ainsi que les conséquences des activités pétrolières sur l’environnement et l’économie locale. Le 7 octobre dernier, elle a déposé une plainte auprès de l’OCDE afin d’empêcher la  compagnie de poursuivre ses activités sur le site.

Les pouvoirs publics congolais ont accordé un permis de prospection pétrolière dans une zone que l’Etat lui-même avait demandé la classification afin de préserver son écosystème particulier et protéger les espèces qui y vivent, pour la plupart menacés. Faisant fi des dispositions réglementaires prohibant les activités nuisibles à l’environnement dans ces zones, le permis accordé se base en fait sur une exception permettant de pratiquer des « activités scientifiques » dans de tels milieux. SOCO évoque cette exception et le gouvernement avance l’argument des retombées économiques tout en estimant que le parc ne sera pas menacé. Face aux mannes pétrolières bien plus palpables, les arguments de protection de l’environnement ne semblent pas convaincants. Pour ces raisons, le WWF avait commandé une étude sur le potentiel économique de ce parc de Virunga. Le rapport publié en juillet dernier tente en effet de quantifier la valeur économique actuelle et potentielle de parc naturel. Elle a identifie également les risques sur l'environnement, liés aux différentes phases d'exploration et d'exploitation, et les risques sur le développement économique et social de la région.

 DES RISQUES ENVIRONNEMENTAUX ET SOCIO-ECONOMQUES

Selon l’étude du WWF, les activités sismiques réalisées lors de la phase d’exploration du pétrole ont un impact sur l’environnement local. Les défrichages massifs effectués pour permettre l’acheminement des équipements et l’ouverture des nouvelles routes, entrainent la fragmentation de l’habitat naturel des espèces et l’introduction des plantes invasives dans ces milieux. La phase d’exploitation quant à elle engendrerait de pollution liée aux fuites sur les oléoducs ou aux déversements des hydrocarbures. La faiblesse institutionnelle et la corruption rendent le contrôle des activités des compagnies et l’application de la loi extrêmement difficile. Les conflits armés dans ces régions, souvent liés au contrôle des ressources, exposent aux risques de sabotage des infrastructures. Avec la recrudescence du braconnage, les conséquences peuvent être irréversibles sur les espèces menacés.

En plus des effets environnementaux relativement désastreux, le développement économique et social peut être impacté par les fluctuations du cours du pétrole. La compétition qui se fera de facto entre le secteur pétrolier et les autres secteurs économiques notamment le tourisme sera au détriment de ces derniers et compromettra à terme le développement de la région en déstabilisant l’économie locale. Pourtant les espaces naturels sont d’une richesse aussi importante que la manne pétrolière.

UN FORT POTENTIEL ECONOMIQUE

Nouvelle image (3)Selon l’étude du WWF, du tourisme à la pêche en passant par la pharmacologie, l’énergie, l'éducation et la recherche, la mise en valeur directe de ce milieu naturel contribuerait largement au développement socio-économique de la région. L’exploitation indirecte quant à elle engendrerait des revenues à travers la séquestration du carbone, l'approvisionnement en eau, la lutte contre l'érosion ainsi que le contrôle de la pollution. Le parc de Virunga générerait actuellement environ 49 millions $US par an. Dans une situation stable, en l’absence des conflits armés, avec la sécurisation d’accès au parc et suffisamment des ressources pour protéger l’écosystème, sa valeur peut dépasser le milliard de dollar par an (1,1 milliards $US/an). Comme l’illustre le tableau suivant, la pêche mais surtout le tourisme ont un potentiel énorme de développement (235 millions $US/an) issu de l’exploitation directe de cet écosystème. L’exploitation indirecte des ressources du parc telles que la vente des crédits carbone  génèrerait environ 64 millions de $US. L’ONG évalue jusqu’à 700 million $US par an la valeur de l’exploitation future du parc. Les activités économiques liées à ce milieu pourraient fournir du travail à plus de 45000 personnes.

POUR UNE GESTION DURABLE DES RESSOURCES NATURELLES

L’étude menée par le WWF a le mérite de chiffrer le potentiel économique d’un milieu naturel qui reste aux yeux de certains inutiles. Ces types d’arguments peuvent servir d’outils d’aide à la prise de décision. Toutefois, au delà de la valeur économique d’un site écologique, ce sont les couts liés à son éventuelle pollution ou disparition qui restent difficile à évaluer. Ces externalités sont au centre de la planification stratégique d’un développement durable.

Ce cas de Virunga illustre bien la complexité de la question de valorisation des écosystèmes en Afrique. Le patrimoine naturel, en dehors des considérations écologiques possède également une forte valeur économique lorsque des modes de gestion responsables et durables sont appliqués. L’incohérence des décisions telles que la concession pétrolière accordé sur cet espace protégé résulte-t-il d’un manque de stratégie claire ou d’une mauvaise gouvernance liée notamment à la corruption ? Par ailleurs au niveau régional, la gestion de ces espaces peut engendrer des tensions compte tenu de la souveraineté des Etats sur leurs territoires nationaux et les interconnexions entre les milieux naturels qui n'ont pas de frontières. La plainte déposée par l’ONG auprès de l’OCDE montre bien les difficultés des institutions africaines à défendre correctement leurs propres intérêts.

Qu'en est il des patrimoines écologiques des autres pays africains et quelles sont les stratégies nationales où régionales en la matière ? Ces questions feront l’objet de la suite de cet article.

  Djamal Halawa

 

Source des illustrations: The economic value of virunga national park, WWF 2013

Focus sur l’électricité au Tchad

 A l’aube d’une relative période de paix et avec l’ambition affichée d’émerger à l’horizon 2025, le Tchad s’est doté d’un nouveau schéma directeur de l’énergie[i] pour atteindre ses objectifs. Cet article se propose de faire le point sur le secteur électrique dans le pays.


Il n y a pas lieu de s’attarder sur les chiffres, le Tchad à l’instar de la plupart des pays africains connait une crise énergétique majeure. Il est l’un des plus mal approvisionnés en électricité. Un petit rappel suffit à saisir l’ampleur du problème:

  • La consommation électrique représente seulement 0,5% de la consommation totale de l’énergie dans le pays
  • Plus de 90% de la consommation énergétique est issu de combustibles ligneux – bois et charbon de bois-  3% seulement de produits pétroliers
  • Le taux d’accès à l’électricité de la population tchadienne est de 4%. Il varie de 14% dans la capitale à 1% dans les provinces.
  • La capacité de production de la Société Nationale d’Electricité (SNE)- principal opérateur du secteur-  est inferieur à 200 MW
  • 53 MW disponible pour 349 000 MWh produit en 2010) essentiellement par des centrales thermiques à gazoil.
  • Le coût de ce dernier absorbe la quasi-totalité des recettes de la société.
  •  La capitale N’Djamena totalise 80% de la production électrique du pays mais le délestage est fréquent.
  • Seul le tiers de la ville est alimenté régulièrement.
  • Moins d’une dizaine de villes sont électrifiées et disposent de réseau de distribution.

 

TchadLa sécurité avant tout

Cette situation est le produit de plusieurs facteurs techniques, structurels, institutionnels, financiers qui plombent l’essor économique et social du pays. Juste après son indépendance acquit en 1960, le pays est rentré dans un cycle de violence et de conflit qui aura duré plus de trente ans. Le Tchad n’a connu une véritable période de paix que ces quatre dernières années. Les efforts ont été longtemps tournés vers la sécurité au détriment de tout développement d’infrastructures. La faiblesse institutionnelle liée à l’instabilité, la mauvaise gouvernance, la corruption sont autant de facteurs qui ont aggravé la situation énergétique du pays. Ces conditions n’ont pas favorisé les investissements public et privé et malgré la libéralisation du secteur en 1999, la SNE détient toujours le monopole dans le secteur électrique.

Une dépendance de l’extérieur jusqu’à en 2011 en matière d’hydrocarbures, un manque de savoir-faire et de maintenance des équipements, une performance médiocre de la société opératrice en matière de recouvrement des créances, des pertes commerciales dues aux branchements illégaux et à la vétusté du réseau ont conduit à faire de l’électricité au Tchad, l’une des plus chères au monde. Malgré une large subvention gouvernementale, le tarif moyen de vente du kWh par la SNE était par exemple de 145 FCFA en 2007 ; largement à perte car le coût de revient du kWh était estimé à 250 FCFA au même moment.

Nouveaux revenus

Exportateur de pétrole depuis octobre 2003, l’Etat a profité des nouveaux revenus (issus essentiellement des royalties versées par les compagnies opératrices et des taxes) pour développer les infrastructures notamment énergétiques. Il s’est doté d’un schéma directeur de l’énergie et entend mettre en œuvre un nouveau code de l’électricité. Ainsi plus de 150 milliards de FCFA ont été investi ces deux dernières années pour améliorer la production, le transport et la distribution de l’énergie électrique dans les principales villes du pays.

En juin 2011, une raffinerie a été mise en activité à Djarmaya situé à 50 km au Nord de la capitale. Elle a permis l’arrivée sur le marché intérieur des produits pétroliers locaux. Elle fournira également 20 MW à la SNE pour ravitailler les quartiers périphériques de la capitale. Une ligne haute tension vient d’être construite pour l’acheminement de l’électricité.

Production électrique non-raccordée au grand public

Il faut noter que la plus grande unité de production électrique au Tchad est une centrale de 120 MW installée au terminal pétrolier de Komé et propriété de la multinationale ESSO. Malgré cette puissance, elle n’est malheureusement pas raccordée au réseau public. A l’instar de ce qui s’est fait avec la raffinerie de Djarmaya, les autorités tchadiennes doivent négocier systématiquement avec les entreprises pétrolières par exemple une fourniture d’énergie aux régions de leurs installations. Cela peut rentrer dans le cadre de la responsabilité sociétale et environnementale RSE des entreprises qui n’y sont pas forcement hostiles quand elles se font accompagnées par l’Etat.   

Par ailleurs, on estime que la puissance totale des groupes diesel des auto-producteurs industriels est de l’ordre de 20 MW, sans compter les micros groupes électrogènes privés (de l’ordre de quelques kW chacun) pratiquement présentent dans chaque foyer à N’djaména et au-delà essentiellement pour des besoins d’éclairage et de petite consommation. Un potentiel énorme de consommation existe cependant pour peu que les infrastructures se mettent en place. Le renforcement des cadres institutionnel et réglementaire permettrait les investissements privés, l’organisation et l’émergence d’un véritable marché moderne de l’électricité et de l’énergie globalement.

Pas de réseau électrique national interconnecté

L’immensité du territoire national (1284 000 km², 2000 Km du sud au nord et 1000 km d’est en ouest), conjuguée à la faible densité de population contribuent à priviligier des réseaux locaux isolés. Le pays de par sa position géographique possède un grand potentiel d’énergie renouvelable : Un très bon gisement solaire sur l’ensemble du territoire, un bon gisement éolien au Nord et un bon gisement de biomasse dans le sud. Bien que le coût des énergies renouvelables demeure encore élevé par  rapport à l’énergie fossile (au moins sur du court terme) dans certains pays, dans le contexte Tchadien avec une électricité déjà chère, le mix électrique est une solution à la crise Tchadienne.


[i] Les données citées dans cet article sont essentiellement tirées du Schéma directeur de l’énergie, FICHTNER 2012