Comment les TIC peuvent-elles permettre à l’Afrique d’atteindre ses objectifs de développement ?

Les Objectifs de Développement Durable (ODD) ont passé la barre des 18 mois de vie. L’heure du bilan inaugural passée, les compteurs sont remis en marche. Il ne faut point s’arrêter, il faut accélérer, tant la route apparaît longue et laborieuse. Mais la pauvreté n’est pas une fatalité et ensemble les Hommes pourront rendre à l’humanité entière, le droit à la dignité, le droit à une vie décente.  Car, comme l’avait compris  Nelson Mandela, « La pauvreté n’est pas naturelle, ce sont les hommes qui la créent et la tolèrent, et ce sont les hommes qui la vaincront. Vaincre la pauvreté n’est pas un acte de charité, c’est un acte de justice. ». La bonne nouvelle, c’est qu’il existe des armes non négligeables à disposition, des outils des temps modernes qui peuvent s’appeler : TIC, les Technologies de l’Information et de la Communication.

Comment les TIC, telles que nous les côtoyons de nos jours, peuvent-elles favoriser l’atteinte des ODD, en Afrique en particulier ? Telle est la problématique à laquelle le présent article se propose d’apporter des éléments de réponses pragmatiques.

Par choix, nous nous pencherons d’abord sur l’éducation et l’entrepreneuriat orientés TIC. Ensuite nous analyserons la corrélation entre les TIC, la femme et les ODD. Nous nous intéresserons enfin, à l’Intelligence Artificielle et son rapport au développement durable. Mais avant toute chose, nous présenterons  un panorama rapide des ODD, un an après leur adoption.Sur la question des données, un article précédemment publié par L’Afrique des Idées mettait en exergue la nécessité de données fiables pour les ODD.

Les données sources du bilan inaugural sont issues du Rapport sur les objectifs de développement durable 2016

  1. Education technologique, start-up et ODD : une triangulaire qui marche !

L’apprentissage et l’appropriation du langage et des outils des nouvelles technologies, notamment par la gente féminine peuvent se révéler aussi nécessaires que porteurs. En effet, éduquer la jeunesse, celle féminine, en particulier dans un contexte africain, peut favoriser aussi bien l’objectif de l’éducation pour tous que celui de la réduction des inégalités entre les sexes : ODD 4 et 5. Cela peut également propulser l’entrepreneuriat féminine, l’emploi des femmes en général et la croissance (ODD 8).

Des initiatives naissent sur le continent africain, dans ce sens. C’est le cas notamment du mouvement #iamtheCODE et du programme WHISPA.

  • Le mouvement #iamtheCODE

Le mouvement #iamtheCODE créé par Marième Jamme, a pour but de mettre en œuvre des actions visant à l’atteinte des ODD, par le biais de la science, la technologie, l'ingénierie, les arts, la mathématique et le design (STEAMD). Pour ce faire, il mise sur l’investissement dans les jeunes femmes à travers la formation technologique. L’objectif est d’initier à l’horizon 2030, 1 millions de filles et femmes au codage. Fort d’une méthodologie éprouvée, ce mouvement reconnu par ONU Femmes, travaille avec les gouvernements, les entreprises et les investisseurs pour faire des jeunes femmes, des leaders numériques. Une première édition de « SDGs Hackathon » co-organisé par #iamtheCODE et ONU Femmes en Novembre 2016 au Sénégal, a réuni une cinquantaine de filles formées aux techniques de codage.

« A movement has been launched, as we get girls interested in new technologies. The pilot that we organised in partnership iamtheCODE meet our desire and our commitment to helping women and girls, and especially it will allow us to achieve the Sustainable development Goals with inclusivity.»[1]Oulimata Sarr, ONU Femmes

Brenda Katwesigye qui a bénéficié du programme de « mentorship » de #iamtheCODE, témoigne des avantages que les filles et femmes peuvent en tirer :

« I greatly benefitted from the iamtheCODE mentorship. On top of getting the drive and resources to learn how to code, I got a mentor who has held my hand through good times, tough times and periods of uncertainty. When you have some one that has walked your path before by your side, its almost like walking on a paved way. Tough things always get easier and entrepreneurship ceases to be a blind journey »[2]
Brenda Katwesigye – PDG de
Wazi Vision

  • Le programme WHISPA

WHISPA (Women High Impact Startup Preparation Academy)  est une initiative conjointe de TEKXL et de l’ONG EtriLabs qui s’est donnée pour mission : « La promotion des Technologies de l'Information et de la Communication dans l’éducation et pour le développement humain, économique et social en Afrique. ». Chaque année, une promotion de jeunes filles volontaires, est gratuitement formée aux rouages du numérique, dans le domaine de la programmation web, du marketing digital et du web design. Les plus endurantes et les plus méritantes des filles finissent l’aventure avec un bagage conséquent, un parchemin reconnu et des armes solides pour se lancer dans l’entrepreneuriat technologique.

Pour Senam Beheton, Directeur exécutif à Etrilabs : « Préparer adéquatement un petit nombre de femmes chaque année pour les startups en Afrique peut avoir un effet catalyseur sur l’ensemble de l’écosystème. A la fin de la première année, une cohorte de 25 jeunes femmes fera plus que doubler le nombre de talents actuellement disponibles dans la plupart des pays. En 3 ans, toutes choses considérées, le nombre de femmes peut égaler celui des hommes ayant des compétences similaires. Après cinq ans de formation, les femmes pourraient facilement dépasser les hommes pour ce qui est des programmeurs hautement qualifiés, des spécialistes du design, du marketing et d’autres compétences avancées nécessaires pour bâtir des startups réussies.
Une Afrique où la parité est facilement réalisée dans les équipes de startups, mieux, où les startups exclusivement féminines existent et prospèrent est possible. »[3]

Une « WHISPA » s’exprime : « Sans WHISPA, j’en serais pas arrivée là, je ne me serais jamais intéressée à la programmation, ni au design et encore moins au marketing. C’est grâce à WHISPA que j’ai pu travailler sur Save et que j’ai rencontré Aziz qui m’a permis de vivre cette merveilleuse aventure que fut le: MTN App Challenge 2015. (…) Avant WHISPA je ne savais même pas écrire une ligne de code malgré ma licence en informatique. Je pourrais même dire que la programmation ne m’intéressait pas. Mais en suivant la formation WHISPA j’ai trouvé un réel intérêt à la programmation et en plus de la programmation, WHISPA m’apprend le marketing et le design. Travailler sur Save était un exercice pour mettre en pratique mes acquis en programmation, marketing et design. »[4]Hadjara IDRISS, Promotion WHISPA 2015, Co-fondatrice de Save Co-fondatrice de mentorat.club

 2- Le digital, la Femme et les ODD : une combinaison gagnante dans le monde de la Fintech

De la femme africaine qui épargne via son téléphone, sur le compte bancaire qu’elle a ouvert en quelques clics…

Diamond Bank et le Women’s World Banking ont compris une chose à laquelle ils travaillent ensemble depuis quelques années : Pour espérer atteindre le plein potentiel financier des zones émergentes et celles les moins avancées, il faut miser sur ceux qui sont en dehors du système financier formel. Il faut surtout aller à la rencontre des femmes qui, en 2012 n’avaient pas pour 74% d’entre elles au Nigéria, de comptes bancaires. Pourtant, ce sont elles qui animent les places de marché.

En 2012, ces deux institutions ont lancé le « BETA Savings Account », un produit d’épargne relavant du segment de la clientèle à faible revenu et, visant la population active sans comptes bancaires, surtout les femmes nigérianes, à la base. Le BETA way est simple : ouverture d’un compte bancaire en moins de 5 min sur téléphone portable, avec zéro dépôt initial. Des ambassadeurs de la banque vont rencontrer les femmes où elles sont, pour les initier à l’outil.

Le BETA Savings Account a eu du succès, très vite, auprès des femmes. En seulement 6 mois, il a enregistré 35000 ouvertures de comptes dont 40% par des femmes[5]. Elles ont voulu plus, par exemple épargner pour des causes précises comme une naissance, la scolarisation de leurs enfants. Le « BETA Target Savers Account » a été conçu pour répondre à ces attentes.

…à la femme 100% solvable qui obtient, par clics, un prêt pour développer ses affaires

Il faut noter que les femmes utilisatrices du BETA sont actives, souvent auto-employeurs dans l’informel ou non. Ce sont des opératrices qui ont besoin de ressources financières pour développer leurs activités; ressources auxquelles elles ont rarement et difficilement accès dans l’environnement bancaire traditionnel. Elles sont pénalisées par une distance physique, un déficit de confiance, l’illettrisme et l’absence de garanties solides. Là où la magie BETA va opérer, c’est bien au niveau du contournement assez spectaculaire de toutes[A1]  ces barrières. La demande de prêt est tout aussi simple qu’un envoi de SMS. Aucune garantie n’est requise car la solvabilité est présumée sur la base de l’historique de dépôts du client. La réponse à la demande se reçoit sans délais par SMS et les fonds sont immédiatement disponibles sur le mobile. Testé en mode « projet » par Diamond Bank et le Women’s World Banking, il avait été très concluant avec un taux de remboursement de 100%[6].

Au final, que prouve le BETA ?

  • que les femmes les moins « lettrées » peuvent rapidement s’approprier un service digital ;
  • que les femmes peuvent faire d’un outil technologique, numérique ou digital, un usage à très forte valeur ajoutée pour elles (ex : santé, soins de maternité) et pour leurs proches (ex : scolarisation des enfants, survenances aux besoins vitaux), réduisant ainsi toutes les formes d’inégalité: ODDs 1 ; 2 ; 3 ; 4 ; 5 et 6
  • qu’on peut faire confiance aux femmes, même celles sans garanties financières, en matière de prêt parce qu’elles battent beaucoup de records de solvabilité, contribuant ainsi au dynamisme de l’économie réelle et à la croissance économique : ODD 8 et 10

3- L’Intelligence Artificielle : De la pure fiction ? Du délire ? Un facilitateur de développement durable ?

L’intelligence Artificielle (IA) au cœur des débats et de l’actualité

L’IA fait l’objet de beaucoup de thèses relevant tant de la fiction que de la philosophie voire de la réalité proche. Il y a, entre autres, ceux qui n’excluent pas des scénarios à la « Matrix » ou à la « Terminator », ceux qui ont peur de la machine remplaçant l’homme notamment dans le monde professionnel et, ceux qui défendent « dur comme fer » les nombreux atouts de l’IA. Mais notre but ici, n’est pas d’arguer en faveur d’une théorie ou d’une autre mais plutôt de recourir à l’actualité récente, pour essayer de situer l’IA par rapport aux avancées pouvant impacter les ODD dans le bon sens. Ce qu’on peut dire est que l’IA se fait de plus en plus présente dans notre quotidien de manière perceptible ou moins visible dans certains cas. Les voitures autonomes, par exemple, en sont l’œuvre. En Août 2016, l’IA d’IBM, Watson a diagnostiqué chez une patiente japonaise, une forme de Leucémie rare que les médecins n’avaient pas pu détecter.

Les grands groupes technologiques investissent beaucoup dans l’IA auquel ils semblent fermement croire. Nombreux sont-ils à se lancer dans la lutte contre le cancer, au moyen d’IA.

Un « partenariat pour l’intelligence artificielle au bénéfice des citoyens et de la société » par les géants des TIC !

Le 28 septembre 2016, Amazon, Facebook, Google, IBM et Microsoft ont lancé le  « Partnership on Artificial Intelligence to Benefit People and Society » qui vise à soutenir les bonnes pratiques en matière d’IA, à œuvrer pour une meilleure compréhension de l’IA et à offrir une plate-forme d’échanges et d’expression d’engagement.

Ce partenariat repose sur huit (08) principes qui portent la promesse de l’IA, d’accroitre la qualité de vie des hommes et d’aider l’humanité à faire face à ses grands défis mondiaux comme le changement climatique, la faim, les inégalités, la santé et l’éducation (pouvant impacter plusieurs objectifs comme ODD 1 ; 2 ; 3 ; 4 ; 5 ; 10 et 13).

Les dirigeants du monde parlent peu de l’IA mais récemment, la maison blanche d’Obama a marqué un grand pas en sortant un rapport sur l’IA.

L’administration OBAMA sur la question de l’IA

Dans une longue interview accordée au MIT et diffusée en Octobre 2016 par WIRE, le 45ème Président des Etats Unis s’était prononcé sur l’IA en exposant sa vision des avantages et des enjeux qu’il peut porter. Pour Barack OBAMA, il importe de faire la différence entre l’IA générale et l’IA spécialisée. Cette dernière utilisant des algorithmes et des ordinateurs pour réaliser des taches extrêmement complexes. Rappelant la présence remarquable de l’IA dans notre quotidien, touchant par exemple aux domaine de la médecine, des transports et de l’énergie, il a souligné que l’IA peut ouvrir la voie à beaucoup d’opportunités et favoriser la prospérité, mais qu’il peut également faire place à d’autres préoccupations :

« We’ve been seeing specialized AI in every aspect of our lives, from medicine and transportation to how electricity is distributed, and it promises to create a vastly more productive and efficient economy. If properly harnessed, it can generate enormous prosperity and opportunity. But it also has some downsides that we’re gonna have to figure out in terms of not eliminating jobs. It could increase inequality. It could suppress wages. » – Barack OBAMA, Ancien Président des Etats- Unis

Il est indéniable que l’IA soulève une grande question d’éthique et de responsabilité qu’il faut pouvoir reconnaitre et encadrer. Dans ce cadre, la Maison Blanche a publié le 12 Octobre 2016 un rapport sur l’IA portant 23 recommandations générales.La question de l’IA ne paraît pas encore d’actualité en Afrique mais il peut être intéressant de s’y pencher.

Delphine Anglo

Le numérique au secours de la santé en Afrique

Ces dernières années, l’adoption progressive des services numériques en Afrique a eu des effets positifs incontestables sur le développement socio-économique des pays. Disposant d’un parc de près de 300 millions[1] de smartphones et de nombreux réservoirs d’entrepreneuriat et d’innovations technologiques, l’Afrique présente de sérieux atouts dans le domaine. Le secteur de la santé africain n’a pas échappé à cette digitalisation.

La m-santé africaine

De nombreuses initiatives innovantes en matière d’e-santé tentent de palier la faiblesse des systèmes de soin du continent. Les exemples ne manquent pas, et ce, à toutes les étapes.

Prévention et éducation : L’application Prévention Ebola (Côte d’Ivoire) a ainsi permis aux populations d’accéder à des informations de prévention contre l’infection en langues locales. Kasha (Rwanda) permet aux femmes de commander des produits d’hygiène et de contraception.

Diagnostic : Les utilisateurs de Matibabu en Ouganda peuvent, grâce à l’application, effectuer leur autodiagnostic du paludisme. Le projet IKON du Mali permet la transmission des radiographies depuis les cliniques isolées vers les spécialistes, faisant gagner un temps précieux au processus de diagnostic.

Traitement : Malisanté (Mali) et MedXCare facilitent la mise en relation entre professionnels de santé et patients. La problématique de la gestion des médicaments est quant à elle traitée par des startups telles que mPharma (Ghana) et Jokkosanté (Sénégal).

Suivi médical : SMS et messages vocaux permettent aux femmes enceintes un suivi de l’évolution de leur grossesse à travers l’application M@SAM (Burkina Faso).

Particulièrement adapté aux contraintes propres au contexte africain, le mobile s’impose peu à peu comme un outil stratégique en matière de santé.

L’hôpital numérique, opportunité et défi

Aujourd’hui, l’hôpital numérique en Afrique relève plus du défi que de la réalité de terrain. En effet, se limitant encore à la gestion des entrées et des sorties des patients, la gestion informatique des hôpitaux est encore insuffisamment développée. Rares sont les pays qui, à l’instar de la Côte d’Ivoire et du Bénin ont mis en place de tels systèmes, bien qu’ils renferment un fort potentiel en matière de gestion hospitalière et donc d’efficacité du système de santé.

Un constat similaire peut être fait en matière de formation des étudiants et professionnels de santé, à laquelle le numérique, via l’e-learning, ne contribue encore que de manière très sporadique.

Les initiatives existent mais restent pour la plupart isolées et en dehors de tout projet d’envergure ou de coordination à grande échelle. Ainsi, dans un contexte de contraintes budgétaires et d’explosion de la croissance démographique et des maladies chroniques, les africains continuent de pâtir d’inégalités dans l’accès aux soins et aux médicaments, des infrastructures défectueuses et du manque de personnel qualifié. Si le numérique apparaît comme un véritable levier d’amélioration du secteur de la santé, le continent ne pourra en tirer des bénéfices qu’à condition que les autorités publiques s’assurent de créer des conditions favorables : en développant l’accès aux réseaux et à l’outil numérique des professionnels de santé et des citoyens d’une part, et en se présentant comme les instigatrices d’un cadre réglementaire dans le domaine d’autre part.

Indispensable connectivité

Les pays africains ont connu ces dernières années une croissance impressionnante de la couverture du territoire en réseaux mobiles et d’utilisation des services numériques. Toutefois, si 46% de la population africaine a souscrit à un service mobile, seulement 29% des africains ont accès à internet mobile[2]. De plus, la fracture numérique entre zones rurales et zones urbaines sur le continent reste prégnante. L’amélioration de l’accès des professionnels et des citoyens à l’outil numérique est ainsi un enjeu important de l’e-santé et concerne aussi bien le développement des réseaux mobiles en zones non couvertes et des infrastructures d’électricité que l’accès à un équipement mobile ou informatique et la formation à l’utilisation des outils numériques.

L’impulsion politique comme enjeu majeur de l’e-santé

Le développement de mécanismes de gouvernance appropriés assurant redevabilité, transparence et leadership est un véritable défi de la e-santé en Afrique[3]. Il est primordial qu’un environnement favorable soit créé – aux niveaux régional et national – pour que le secteur de la santé puisse tirer le meilleur parti du numérique.

Plusieurs recommandations en ce sens, à l’égard des autorités africaines et autres parties prenantes du secteur de la santé sur le continent, peuvent être faites :

  • Encourager la collaboration entre les différentes parties prenantes, afin d’assurer la cohérence, la pertinence et l’efficacité des programmes.
  • Améliorer le cadre réglementaire pour établir un climat de confiance et assurer la sécurité des usagers et des différents acteurs.
  • Faciliter l’investissement pour dynamiser le secteur et favoriser l’innovation, à travers la mobilisation de fonds publics, la mise en place de cadres législatifs favorables à l’innovation et à l’investissement et des Partenariats Public-Privé favorisant le passage à l’échelle des projets d’e-santé.
  • Développer la formation aux outils numériques afin d’améliorer les compétences et leur utilisation.[4]

La mobilisation devra s’effectuer à tous les niveaux : des Etats aux opérateurs en passant par les professionnels de santé et les citoyens.

Aude Schoentgen

Pour aller plus loin, participez à la conférence ici


[1] 296 millions de smartphones, Afrique, Q4 2016 (Source : GSMA Intelligence)

 

 

 

[2] 2016, GSMA Intelligence

 

 

 

[4] L’Afrique des Idées, L’impact du numérique sur l’amélioration de la santé en Afrique, Etude annuelle, 2017​

 

 

 

Endiguer les addictions en Afrique : entre paternalisme sanitaire et politique publique


Les mesures visant à lutter contre le tabagisme et l’alcoolisme rencontrent le plus souvent des difficultés, voire une opposition compte tenu du caractère tutellaire et intime de la santé. Conscients de ces logiques culturelles et sociales, les pouvoirs publics ont développé en marge des critiques, une pensée politique emprunt de paternalisme visant à  « atteindre un bien qui n’est pas reconnu comme tel par les personnes dont on veut du bien »[1] car l’enjeu, est l’un des biens communs les plus fondamentaux : la santé. L’exercice de cette responsabilité paternaliste s’inscrit bien évidemment dans un cadre légal (I) propre aux interventions des autorités de police générale ou spéciale même s’il est vrai qu’en Afrique, le paternalisme sanitaire tarde à émerger complètement en raison de la persistance de facteurs frainant son développement(II).

 

I-LE CADRE LÉGAL DE L’INTERVENTION SANITAIRE PATERNALISTE

 

Plusieurs pays africains sont confrontés à une consommation excessive et prolongée de tabac et d’alcool. Aussi, à partir du constat que la consommation ou l’addiction à ces produits  causent de nombreux dégâts aussi bien chez les personnes les plus exposées (adolescent, femme enceinte) que chez la collectivité tout entière, la protection contre tabagisme et la lutte contre l’alcoolisme ont fait l’objet d’une législation spécifique, contraignante, de sorte à endiguer leur progression.

 

  • LA PROTECTION CONTRE LE TABAGISME

 

Si la convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac a rencontré un aussi grand succès en attirant 180 États membres et couvre à peu près 90% de la population mondiale[2], c’est  parce que l’épidémie du tabagisme est particulièrement meurtrière : elle tue plus de six millions de personne chaque année dont 600 000 sont des non-fumeurs involontairement exposés à la fumée[3].  De ce point de vue, l’argument selon lequel le tabac ne tue que ses consommateurs n'est pas valable puisqu’à l’évidence, le tabagisme passif est tout aussi nocif que le tabagisme actif avec les quelques 4000 substances chimiques contenues dans la fumée de la cigarette dont on sait aujourd’hui que 250 d’entres elles sont nocives et plus de cinquante sont cancérigènes[4]. Une étude japonaise avait d’ailleurs révélé dès 1981 que « les épouses de fumeurs, bien que ne fumant pas elles-mêmes, avaient été atteintes de cancer du poumon plus souvent que les épouses de non-fumeurs »[5]. Par conséquent, l’interdiction de fumer dans les bâtiments publics est par nature une mesure de protection de santé publique, composante de l’ordre public.

 

  • LA LUTTE CONTRE L’ALCOOLISME

 

Considéré d’un point de vue général, la consommation excessive d’alcool dont les effets sont également visibles sur la voie publique nuit à l'intérêt général à la sécurité collective, notamment dans le domaine routier. Prétendre toutefois, que l’autorité de police peut à elle seule réguler la consommation d’alcool dans un cadre strictement privé ou dans l’espace public n’est pas chose aisée car cette régulation requiert également l’intervention du législateur. Mais si le danger est grave, imminent et réel, l’autorité de police peut toujours, en sa qualité de garant de l’ordre public, prononcer l’interdiction d’une boisson alcoolisée, comme ce fut le cas pour l’absinthe par le décret du 7 janvier 1915 du Président Raymond POINCARÉ.

Le motif de l’intervention publique étant bien entendu, la sauvegarde de la sécurité des personnes, composante de l’ordre public. En définitive, quelque soit la formule retenue pour lutter contre l’alcoolisme, intervention du législateur ou ou de la police administrative, il est important que soit mis en avant la légitimité des mesures avancées. L’objectif de sauvegarde de l’ordre public est donc susceptible de fonder des normes de sécurité à même de protéger les consommateurs de l’alcool frelaté ou impropre à la consommation. Par ailleurs, l’interdiction pure et simple de la consommation et la vente d’alcool aux mineurs et aux femmes enceintes, dont les motivations profondes, tiennent à la fois à des causes morales et de santé publique, rencontre  un large assentiment populaire. Au chapitre des restrictions légitimes de santé publique, figure également l’interdiction faite aux femmes de consommer de l’alcool durant la grossesse tant les risques de malformations du fœtus sont élevés, sans oublier les dommages irréversibles sur le développement psychomoteur de l’enfant à naitre. Le législateur ivoirien est donc intervenu sur ces points pour donner une base légale à l’intervention de l’autorité de police dans la lutte contre l’alcoolisme chez les mineurs et chez la femme enceinte. Dans ce cadre juridique, on retrouve dans la loi du 1er août 1964 portant code des débits de boissons et des mesures contre l’alcoolisme[6], toute une rubrique (une vingtaine d’article au total) consacrée aux mesures de protection des mineurs contre l’alcoolisme.

 

 

II. RECOMMENDATIONS ET PRISE EN COMPTE DU COUT SOCIAL

 

  • REDUIRE L'INFLUENCE DES LOBBYS ET CONTROLER LA QUALITE DU TABAC EN VENTE 

L’industrie du tabac constitue en Afrique comme ailleurs un puissant lobby dont les intérêts financiers tendent à primer sur COÜTsocial et sanitaire.  À ce propos, la vente de cigarette à l’unité est une pratique courante en Afrique et cela, en dépit de l’interdiction faite par l’art. 16 de la CCLAT. Cette pratique permet d’attirer les populations les plus pauvres qui n’ont pas les moyens de s’acheter le paquet de cigarette. Encore, faut-il être conscient que la qualité du tabac diffère selon les continents et que la plupart des cigarettes fumées en Afrique « qu’elles soient issues de la production légale ou de contrebande, sont beaucoup plus nocives que celle qu’on trouve en Occident, du simple fait qu’elles ne sont pas contrôlées »[7]. Pis, selon M. DIETHELM, les cigarettes en Afrique sub-sahariennes sont souvent vendues par de jeunes revendeurs qui constituent « le dernier maillon d’un réseau organisé »[8]. Il est clair que, dans ces conditions, les données de l’OMS sur le tabagisme chez les adolescents dans la Région africaine soient alarmistes comme le prouve les 28 % des élèves (13-15 ans) qui achètent leurs cigarettes dans les magasins ou encore les 48% d’entre eux qui sont exposés à la fumée du tabac dans les lieux publics[9].  

D’un autre cotés, les effets de l’alcool sur la santé des adolescents sont connus depuis longtemps comme en témoigne, l’étude menée au C.H.U de Libreville de 1984 à 1986 qui a permis de mettre en évidence des pathologies pancréatiques qui pour la quasi-totalité des cas, sont d’origine alcoolique[10]. Un phénomène pas si surprenant que cela au fond, lorsqu’on sillonne les villes d’Abidjan ou de Ouagadougou[11]. En réalité, la passivité des autorités publiques face aux fléaux du tabac et de l’alcool, tient en grande partie  au fait qu’ils ne représentent pas un poids financier très lourd pour la collectivité.

 

  • MESURER LES EXTERNALITES NEGATIVES GENEREES PAR LES INDUSTRIES DU TABAC ET DE L'ALCOOL

Il existe très peu d’études consacrées à l’évaluation des coûts engendrés par le tabagisme et l’alcoolisme en Afrique francophone en termes de coût des dommages aux biens et aux personnes, de coût public des programmes de prévention, de coût des soins sur les budgets des administrations, de coût total infligé à la collectivité, etc.[12] D’ailleurs, le manque de transparence dans la gestion des finances publiques en Afrique[13] ne permet pas, d'obtenir des données fiables liées au tabac ou à l’alcool[14]. Or, les effets à long terme de l’alcool et du tabagisme sur l’organisme sont bien connus : cirrhose du foie, cancer, infarctus du myocarde, et les risques d’accidents cardio-vasculaires. En Afrique, comme un peu partout sur ce continent, les malades sont bien souvent livrés à eux-mêmes et quand surgissent les conséquences d’une vie parsemée d’excès de tout genre, il faut être en mesure de débourser de l’argent pour se soigner. En vérité, le suspens n’est pas de mise ici, faute d’argent, les malades ne se rendent même pas à l’hôpital[15]. Or, il semble bien que les preuves ne manquent pas, en particulier au niveau individuel, pour établir un lien très étroit entre la pauvreté et une santé déficiente[16].

Précarité et santé se retrouvent ainsi liées[17] de sorte qu’une infirme partie seulement de la population, disposant de ressources financières subséquentes, dispose d’un accès quasi illimité aux meilleurs centres de soin[18]. D’ailleurs, il ressort que parmi les «  4,6 milliards de personnes vivant dans ces pays, plus de la moitié (52%) ne bénéficie pas des installations sanitaire de base et presque un milliard (968 millions en 1998) n’a pas accès à l’eau potable »[19]. Ainsi, la thèse selon laquelle « l’état de santé a un rapport avec le statut social »[20] semble se confirmer et laisse présager une forme d’inégalité face à la maladie. En définitive, il  y a fort à penser qu’au delà de sa justification légale, l’ordre public sanitaire en Afrique francophone soit un ordre fragile, précaire, relativement aux moyens mis en œuvre pour le sauvegarder.

 

Landry AMOUSSOU


[1] DWORKIN (G.), « Paternalism », in BEAUCHAMP (D.E.), STEINBOCK (B.), (dir.), New Ethics for the Public’s Health, Oxford University Press, 1999, p. 115.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

[2] FERRAUD-CIANDET (N.), Protection de la santé et sécurité alimentaire en droit international, 1ère édition, Larcier, 2009, p. 79.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

[3] OMS, Tabagisme, Aide-mémoire, n° 339. Mis en ligne en janvier 2015, consulté le 04-06-2016. URL : http://www.who.int/mediacentre/factsheets/fs339/fr/

 

 

 

 

 

 

 

 

 

[4] Idem

 

 

 

 

 

 

 

 

 

[5] NORDMANN (R.), « Tabac, alcool, cannabis : que faire ? », in ISRAËL (L.), santé, médecine, société, Presses Universitaire de France, 2010, p. 92.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

[6] Modifiée par la loi du 27 novembre 1974.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

[7] OTAF, L’Afrique s’enfume, Suisse, Centre d’information pour la prévention du tabagisme dans le canton de Vaud (CIPRED-Vaud), 2008,  pp. 17-18.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

[8] Ibid., p. 19

 

 

 

 

 

 

 

 

 

[9] OMS, Données sur le tabagisme dans la Région africaine, Bureau régional de l’OMS pour l’Afrique, 2012,    pp. 4-6.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

[10] KLOTZ (F.), GUISSET (M.), LAROCHE (R.), « Alcool et pathologie en Afrique noire », Médecine d’Afrique Noire,° 39, 1992, pp. 201-203.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

[11] Sur ce point, se référer à SAKO (D.), Ligne de base sur la situation des enfants travaillant dans les débits de boissons de la ville de Ouagadougou (Burkina Faso), Rapport final, Unicef, Croix-Rouge Burkinabé, août 2015, pp. 1-40

 

 

 

 

 

 

 

 

 

[12] KOPP (P.), FENOGLIO (P.), Le coût social des drogues licites (alcool et tabac) et illicites en France, Paris, OFDT, 2000, pp. 41-205.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

[13] MEISEL (N.), OULD (A.J.), « L’insaisissable relation entre "bonne gouvernance" et développement », Revue économique, vol. 59, pp. 1159-1191.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

[14] D’après le Dr ZOTOUA, Directeur coordonnateur du programme national de lutte contre le tabagisme, l’Etat ivoirien débourserait près de vingt-six (26) milliards de FCFA supplémentaires chaque année pour traiter les personnes atteintes d`infections liées à la consommation du tabac, sans donner plus de détails sur l’affection de ces ressources et le nombre de malade traité. Mis en ligne le 6 juin 2016, consulté le 15-06-2016. URL : http://news.abidjan.net/h/592136.html

 

 

 

 

 

 

 

 

 

[15] OMS, La face cachée des villes : mettre au jour et vaincre les inégalités en santé en milieu urbain, Éditions de l’OMS, 2010, p. 21.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

[16] ICIS, Pauvreté et santé : Liens vers des mesures concrètes, Procès-verbal de la table ronde national de l’ISPC (L’Initiative sur la santé de la population canadienne), Ottawa (Ontario), 26 mars 2002, p. 1.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

[17] ELGHOZI (L.), « Etat des connaissances et dispositifs de prise en charge : place de l’innovation médico-sociale », Santé publique et grande précarité : état des lieux et questions éthique, Actes du colloque de Médecin du Monde dans le cadre du congrès de la Société Française de Santé Publique, novembre 2011, p.7.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

[18] SANNI YAYA (H.), BONNET (P.), « Le concept d’accessibilité en santé et son articulation dans la réalité en Afrique : une perspective critique », in SANNI YAYA (H.), Le défi de l’équité et de l’accessibilité en santé dans le tiers-monde. Entre droit fondamental, justice sociale et logique marchande, L’Harmattan, 2009, p. 79.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

[19] ALLENSON (D. S.), op. cit., p. 41 ; v. dans le même sens WETTA (C.), KONÉ (M.), Pauvreté chronique au Burkina Faso, Programme de recherche sur la pauvreté chronique en Afrique de l’Ouest, document de travail n° 1, Ouagadougou, 2004, 16 p.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

[20] ICIS, Pauvreté et santé : Liens vers des mesures concrètes, op. cit., p.1.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

FinTechs in Africa: Multifaceted Tools to Promote Financial Inclusion

Mina lives in Sahuyé, 70 km away from Abidjan. Since 2008, she has used a mobile money account which she uses to send money to her aunt in Ouagadougou and to save a few bucks each month. Along with 100 million other people, Mina is now able to have access to basic financial services, which she did not have before. To what extent do FinTechs allow financial inclusion on the continent? Do they indeed offer financial services to all, from the Cape to Algier, from Dinga in Central African Republic and to Gondere in Ethiopia?. FinTechs are not a unique and global solution for Africa – it would be reductive to say that they are. They nevertheless offer a relevant response to daily challenges, as well as innovations that change profoundly the global financial ecosystem.

The singular breakthrough of FinTechs in Africa

Africa positions itself as new territory for financial services. Africa is one of, if not the only continent to have leaped directly to dematerialized financial services, without having to go neither through permanent agencies nor through large-scale landlines. This particularity can be explained through unpropitious access to the classic financial offer. Formal services are provided by agencies concentrated in urban areas, while the rural areas represent 2/3 of the African population and with high interest rates and commissions (around 10.07% in the ECOWAS region for example), one can then easily explain why people resort to inexpensive financial technologies.

This has then promoted a wider financial inclusion by granting access to basic financial services to a larger number of people and to marginalized communities. While the percentage of unbanked populations is 66% in Africa, with noticeable differences between countries, A resort to FinTechs is bringing about major change with 12% of Africans being able to access to financial services via FinTechs.However, it is clear that mobile money is only a solution among many others that are available to solve the problem. There are also money transfers, banking services, investment and wealth management operations, etc. This diversity is reflected in the diversity of African markets themselves, of their maturity and their needs. If some options, especially mobile money, are indeed fruitful in one country they may not make sense in another where a more or less sophisticated option would be more useful. Furthermore, some countries' profiles facilitate the deployment of one solution, where elsewhere the same solution would only respond partially or even not at all to increasing access to financial services. M'Pesa's success in Kenya, based on a demand-driven solution, has not been duplicated in Tanzania or Nigeria. These failures are linked to the diversity of ecosystems, highlighting the importance of adopting a plural approach to financial inclusion.

 

Challenges to FinTechs face and Solutions

Mobile Money today is the most developed and successful platform for financial inclusion in Africa. It positions itself as a gateway for a variety of services for its users. However, many issues must be solved to truly provide inclusive access, that is, financial service accessible to all, including those at the « bottom of the pyramid » Financial inclusion of people at the bottom of the pyramid remains indeed challenging, with or without FinTechs. This population, who live below the poverty line, carry out small operations, not above 2$ a day. Yet the agent-based model in the mobile banking system, whose revenue is 100% dependent on transactions, needs a certain total amount to become profitable. Considering 1$-operations conducted by an agent who spends monthly between 150 and 200$ and takes a percentage per transaction, the agent should register an amount of 20.000$ to get to the break-even point, which amounts to 2 transactions per minute, 8 hours a day, 7/7… Moreover, bragging about mobile penetration figures in Africa should not obliterate some realities. Mobile user rates in some African countries do not exceed 30% – on 100 people, only 30 in Burundi and 6 in Eritrea use a mobile phone. Digital data are also coming short. According to the telecoms company Tigo, only 20% of its clients / customers throughout the continent use data. Even if innovative financial services are multiplying, access to basic services is not yet guaranteed on the continent.

Other challenges remain to be overcome in order to  increase FinTechs ‘ coverage and ensure equal access to all, such as interoperability, which hinders domestic and international money transfers and efforts regarding financial education and awareness. While Rwanda can be cited as an example in terms of financial education, other countries like Nigeria do not promote FinTechs culture. For example, the Rwandan government has supported the implementation of digital platforms for basic services (Irembo) : payment for electricity bills, administrative procedures, etc. On the contrary, the economy in Nigeria is mostly based on liquidity with street agents, called Esusu or Ajo, operating day-to-day informally.

 

FinTechs potential provide a visionary ambition for Africa

If these limits / boundaries must be solved, the development of FinTechs paved the way for major progress towards financial inclusion. Financial inclusion is not limited to payments nonetheless. This « frugal innovation » deploys a wide range of financial services made accessible to most. Among the proposed services, there are of course the classic banking services, offering the possibility to those excluded from the banking system to take out a loan (as with Aire or Kreditech), insurance and micro insurance, investment, payment and online transfer services. Startups like Afrimarket, Azim or Mergims facilitate money or goods transfers safely at reduced rates. WeCashup and Dopay offer the possibility to pay online and/or get paid electronically, without any risk of corruption or security breach.

Moreover, these services not only increase financial inclusion, but also increase social inclusion with products facilitating access to basic services in health and education. For example, the Senegalese FinTech Bouquet Santé relies on the diaspora to solve some deficiencies in the national health system.These initiatives are supported by a range of elements facilitating the deployment  of digital solutions. First, the simplicity of the technology most frequently used, the USSD, as well as the dynamism of this sector which constantly offers innovations improving this technology and new applications. Second, the low cost of mobile phones, which promotes an easy and increasing penetration. Third, the ability to set up an extended distribution network, even in rural areas, throughout an agent-based system for mobile money. Finally, the increasing trend for players to seize this opportunity and to develop partnerships (between operators, banks, cooperatives, microfinance institutions) and facilitate the growth of their services with an effort in training and raising awareness.

So far, FinTechs have achieved a lot in increasing access to financial services. Today, the coverage of mobile money services in Africa exceeds 80%. In Kenya, access to banking services has increased by 58% since 2007, the year when the national unicorn M'Pesa was launched. It is undeniable that access to basic services has been reinforced on the continent with 15.4% of the total value of transactions in 2014 regarding bill payments and trade transactions.The growing access and participation in the financial system is not an end in itself, but a means to an end. They offer major direct and indirect advantages. At the heart of the system, they allow to reduce costs for trans-border funds transfers and for financial services by 80-90%, allowing companies to offer their services to low-income customers while securing their profitability. For users, they decrease the insecurity that goes with cash and provide the possibility to smooth their consumption, to manage risks linked to financial shocks by saving money, and step by step / little by little, to invest in education and health. For companies, facilitating access to credit by creating credit history allows them to grow and create jobs.

Last but not least, the growing interoperability and openness promoted by African regional integration offer exciting perspectives. Beyond mobile money, the bitcoin and block chains are a work in progress in Africa; some dare say that they could bear a revolution, the Impala Revolution. The block chain, which allows for the establishment of credit history, to check and/or create a basic financial identity may even be the next innovative leverage for financial inclusion and a tool for Africa to pioneer FinTechs at global level. To conclude, the possibility of providing larger access to financial services implies proposing tailored solutions covering the full range of needs on the continent, even adopting a local perspective because what is true in the capital city is not true anymore in a village. As a result, it is key not to believe in a single model capable of solving Africa's challenges as a single and homogenous entity. Finally, the key issue is to maintain the entrepreneurial vitality that can be observed for now in the FinTech sector.

Translated by:

Manon Richert

Au-delà de l’énergie solaire : la méthanisation et sa portée économique en Afrique

La méthanisation est un processus de décomposition des matières perissables par des bactéries permettant de générer une énergie renouvelable appelée, le biogaz. Les composantes du procédé se distinguent en deux types : les effluents liquides et les déchets solides organiques. Sont classés dans les effluents liquides, les eaux résiduaires, les effluents d’élevage, les boues biologiques et les effluents agroalimentaires. Quant aux déchets solides organiques, ils comprennent les déchets industriels, les déchets agricoles (substrats végétaux solides, déjections d’animaux) et les déchets municipaux (journaux, déchets alimentaires textiles, déchets verts, emballages, sous-produits de l’assainissement urbain).  Le passage en revue de ces composantes permet de déduire que la méthanisation est un procédé qui favorisera l’assainissement des villes africaines. Cependant, parallèlement aux gains écologiques évidents, quels sont les avantages économiques que peuvent tirer les pays africains d’un tel procédé ?

 

L’élevage : de l’autonomisation alimentaire à la production énergétique

 

L’Afrique est paradoxalement exportatrice nette de produits d’élevage alors même que sa population est en partie touchée par la malnutrition (Figure 3). En effet,  selon la FAO, une personne sur quatre souffre de sous-alimentation (déficience en calorie) en Afrique Sub-saharienne et  43% de la population, soit près de la moitié, vivent dans l’extrême pauvreté[1]. Certes il faut tenir compte des préférences des consommateurs, mais il faut aussi noter que l’ignorance des avantages de l’élevage par les consommateurs joue un rôle déterminant dans leur choix. Si l’on porte l’analyse sur la consommation, on peut tout simplement estimer que l’élevage permettrait aux ménages, surtout les plus démunis, de faire des économies sur leurs dépenses et de s’assurer dans le même temps une suffisance alimentaire. A cet avantage, peuvent s’ajouter de potentielles retombées issues de la vente des produits d’élevage.

La troisième finalité de l’élevage est celle de l’utilisation des défections des animaux comme composante pour la méthanisation et la production d’énergie, sachant que la production énergétique d’une unité de méthanisation traitant 15000 tonnes/an de déchets permet de garantir l’électricité de 1300 logements[2]. Selon la Banque africaine de développement, plus de 640 millions d’africains n’ont pas accès à l’énergie, soit un taux d’accès supérieur à 40%. L’élevage serait donc un moyen d’assurer à la fois l’auto-suffisante alimentaire en Afrique, l’autonomie financière des ménages et l’autonomie énergétique des zones rurales. Notons également que l’énergie est en elle-même un gage de développement, de création d’emplois et par conséquent, de réduction de la pauvreté.

 

La méthanisation pour une croissance de la production agricole en Afrique

 

Bien que la proportion d’agriculteurs ait baissé au cours du 20ème siècle dans toutes les régions du monde, l’agriculture reste le premier pourvoyeur d’emploi en Afrique, avec 52% de la population, soit plus de la moitié, employés par le secteur agricole[3].  L’agriculture occupe toujours une part très importante dans le PIB[4] des pays africains. Au Tchad et en Sierra Leone, par exemple, le secteur agricole représentait respectivement 52,6% et 54%, soit plus de la moitié, du PIB de chacun deux pays en 2014 (World Development Indicators).

Si la méthanisation permet une production énergétique,  les résidus du processus, appelés « digestat », peuvent être recyclés sous forme d’engrais. Ces engrais permettraient d’augmenter la productivité, ainsi que la production agricole. Notons qu’il ne s’agit pas ici de fonder le développement sur l’agriculture mais de raisonner dans le court terme en partant du postulat que, si le revenu des individus dépend de l’agriculture, alors toute augmentation de la production agricole engendrera une hausse du revenu des agriculteurs, toutes choses égales par ailleurs.  Le processus permettra également aux pouvoirs publics de baisser les coûts liés aux achats et subventions d’engrais et de consacrer les lignes budgétaires dédiées à ces achats à d’autres secteurs tels que l’éducation, la santé et les infrastructures.

 

Recommandations : encourager et assurer le développement de la méthanisation en Afrique

 

Bien que très peu développée, la méthanisation se pratique déjà dans certains pays d’Afrique. En Afrique du Sud, Elgin fruit utilise les pulpes de fruit, extraits du processus de production de jus, pour produire 500 kW d’électricité renouvelable[5]. Au Kenya, l’usine de biogaz de Power tropicale est capable de produire 2,6 MW d’électricité à partir des matières agricoles.  Il existe également des sources naturelles de biogaz en Afrique. Comme exemple, on peut citer la production naturelle du biogaz dans le lac Kivu au Rwanda et en République Démocratique du Congo (RDC).  On note également l’existence de certaines formes de production de biogaz dans des sites miniers d’Afrique du Sud.

Un autre avantage du biogaz est qu’il peut être substitué au gaz naturel, utilisé pour la production de chaleur et de carburant pour véhicules. Pour les pays non pétroliers d’Afrique, la méthanisation permettrait donc de réduire leurs importations de pétrole, ce qui permettrait de faire d’importantes économies.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Hamed Sambo

 

 

Sources


[1]http://www.banquemondiale.org/fr/news/press-release/2015/10/16/africa-gains-in-health-education-but-numbers-of-poor-grow

 

 

[2]http://www.connaissancedesenergies.org/fiche-pedagogique/methanisation

 

 

[3]http://www.momagri.org/FR/chiffres-cles-de-l-agriculture/Avec-pres-de-40%25-de-la-population-active-mondiale-l-agriculture-est-le-premier-pourvoyeur-d-emplois-de-la-planete_1066.html

 

 

[4] Produit Intérieur Brut

 

 

 

[5]https://www.clarke-energy.com/fr/2015/le-potentiel-biogaz-en-afrique/

 

 

Quels mécanismes de financement pour accompagner la politique urbaine des villes africaines ?

Le continent africain connaît une urbanisation galopante et contraignante. En effet, selon la Banque Mondiale (février 2017), les agglomérations urbaines y abritent environ 472 millions d’habitants, un chiffre voué à doubler au cours des vingt-cinq prochaines années. Les grandes villes situées sur les littoraux du continent connaissent le phénomène de saturation urbaine et ne peuvent donc plus accueillir les flux de population. En outre, l’urbanisation est contraignante, car elle n’évolue pas dans les même proportions que la croissance économique. Par conséquent, les populations — notamment les plus pauvres et vulnérables — sont livrées à elles-mêmes ; ainsi, les villes africaines connaissent une informalité grandissante expliquée par une absence de réglementation de l’occupation du sol. Cette informalité est un problème alarmant auquel il faut trouver une solution ; mais qui doit s’en charger ? Les Etats ou les villes (les collectivités locales) ? En Afrique, si les États disposent des moyens plus importants pour mener des politiques d’envergure, la plupart des pays, sont régis par un contexte de décentralisation. Toutefois cette décentralisation est incomplète en raison des faibles ressources financières dont disposent les collectivités locales pour le financement de politiques locales. Comment financer le financement des villes africaines pour leur permettre d’accompagner de façon efficiente la forte urbanisation ? Nous allons, dans un premier temps, nous interroger sur les différents enjeux liés à l’occupation foncière, en exposant les relations de cause à effet entre l’urbanisation, la saturation urbaine et l’informalité. Ensuite, nous montrerons en quoi « la formalisation de l’informel » influe sur la morphologie des villes africaines. Enfin, nous exposerons en perspective différents mécanismes de réglementation qui permettraient aux villes africaines d’avoir des recettes financières plus solides pour financer leurs différentes politiques locales.

 

L’occupation foncière dans les villes africaines pose trois enjeux fondamentaux

 

   D’abord, l’informalité se manifeste par une occupation irrégulière, spontanée de l’espace, précisément du foncier urbain. En effet, généralement touchées par l’étalement urbain, conséquence d’une saturation urbaine, les grandes villes africaines ne disposent plus de suffisamment d’espace pour accueillir tous les candidats à l’exode rural. Ainsi, les populations, notamment les plus démunies, sont souvent obligées de s’installer sur le long des parties périurbaines en formant des bidonvilles, donc des habitats non lôtissés, avec une absence de système d’adressage et cadastral.

 

Ensuite, l’occupation foncière est la problématique la plus préoccupante et complexe dans les villes africaines. Une bonne partie du foncier urbain échappe à la fiscalité aussi bien le foncier réglementé (refus volontaire ou involontaire de payer la taxe d’acquisition d’une parcelle et la taxe foncière annuelle) que le foncier non réglementé (illégitimité administrative : occupation irrégulière, pas de permis de construire ni de permis d’aménager). Donc, si la mise en place d’équipements et d’infrastructures locales relève de la compétence des collectivités locales dans le cadre de la décentralisation, l’absence d’une taxe foncière solide condamne les villes à la pauvreté et rend la finance locale défaillante. 

 

Enfin, les activités économiques informelles, notamment les petites exploitations commerciales (des marchands ambulants et des petits commerces de proximité), échappent généralement au contrôle de la fiscalité. Plus les activités économiques et commerciales sont importantes, plus les collectivités souffrent d’un « manque à gagner » financier. Elles doivent donc être programmées dans les politiques locales, avec la réservation d’espaces réglementés, accessibles et favorables pour les investisseurs et les petits commerçants locaux. Mais cela nécessite des ressources financières solides.

 

    Le principal défi posé par ces trois enjeux est de réfléchir sur des mécanismes de réglementation qui permettraient d’avoir des finances locales plus solides à travers des recettes fiscales non seulement sur le foncier (taxe sur la propriété et l’occupation du sol), mais aussi sur les petites et moyennes activités commerciales informelles (taxes sur les activités, quelles qu’elles soient. Il s’agit donc de réfléchir sur des moyens de financement des collectivités locales pour qu’elles puissent améliorer le niveau de vie des populations. Ces solutions sont entre autres des politiques d’investissement solides pour améliorer l’offre de services existante pour les populations ; « la formalisation de l’informel » à travers une profonde réforme foncière qui passe la réorganisation du système cadastral et d’adressage.

 

   Dans les collectivités locales africaines, une part des ressources provient de l’État dans le cadre de la décentralisation — même si ces ressources sont généralement insuffisantes pour financer toutes les politiques locales, du fait de la distribution clientéliste : « le parti politique avant la patrie » —, les recettes fiscales locales faibles, les subventions des bailleurs de fonds et les dons des associations à but non lucratif. Ces différentes sources de revenus n’étant pas suffisantes pour assurer toutes les dépenses publiques locales, le recours à l’investissement s’avère important. En quoi l’investissement consiste-t-il ? Selon J. Chenal (2013), l’investissement consiste d’une part à répondre à la forte demande d’équipements et d’infrastructures de la part des populations locales et d’autre part la fourniture de l’offre de services (équipements, infrastructures, etc.) qui s’inscrit dans une logique d’anticipation des besoins des populations. L’investissement est donc un mécanisme important pour relever le défi de la finance dans les collectivités locales africaines et il doit être centré sur la fourniture d’infrastructures pour accompagner la forte urbanisation et favoriser l’attractivité pour l’implantation d’entreprises.

 

La politique urbaine repose sur un assouplissement des rigidités administratives

 

   Ensuite, « la formalisation de l’informel » passe inévitablement par une réforme structurelle des marchés fonciers. En effet, face à l’augmentation accrue de la population, le défi est de parvenir à loger le plus grand nombre. Il s’agit de mener une politique d’habitat et foncière solide, en assouplissant les démarches administratives pour accéder à la propriété foncière et de renforcer la réglementation de l’occupation en mettant en place des documents d’urbanisme adaptables et adaptés aux contextes locaux.

 

Ces documents d’urbanisme, une fois adaptés aux contextes sociologiques des villes africaines, devraient également préconiser des règles pour la régulation du prix du foncier (pour éviter les spéculations qui condamnent les plus pauvres, et favorisent par conséquent, le développement des bidonvilles), des prescriptions sur des zones constructibles et les zones non constructibles ; les périmètres aménageables et les périmètres non aménageables. Ces politiques de réglementation foncière doivent s’appuyer, en somme, sur deux systèmes : l’adressage et le cadastre.

 

L’adressage et le cadastrage : les leviers de la rationalisation de l’espace en Afrique

 

D’une part, l’adressage est un système d’identification et de localisation géographique qui permet de se positionner, de se situer dans un espace, dans une ville. Autrement dit, « adresser » une ville, revient à faire une nomenclature des entités spatiales, de l’échelle la plus petite (parcelle, rue), à l’échelle la plus grande (avenue, boulevard, quartier). Mettre en place un bon système d’adressage permettrait donc d’avoir des informations sur les différentes échelles spatiales de la ville, mais également les coordonnées géographiques exactes de chaque entité spatiale pour la conception d’une base de données efficace pour la détermination des taxes foncières, donc pour l’amélioration des ressources financières locales.

 

D’autre part, un système cadastral solide permet de répertorier les différentes parcelles disponibles et occupées, suite à un bon adressage : c’est le cadastre fiscal. Le cadastre permet d’avoir des informations claires sur les caractéristiques d’une parcelle, d’une rue, d’une entité spatiale. Autrement, il permet d’avoir une lecture précise sur le foncier : sa propriété, sa situation, son périmètre pour la sécurisation foncière : c’est le cadastre juridique. Enfin, le cadre permet d’avoir une lecture d’ensemble sur la ville pour la planification urbaine : on parle de cadastre technique. En somme, un bon système cadastral doit, cependant, être réactualisé continuellement, sans quoi, il ne donne pas des informations efficaces pour la taxe foncière.

 

    En définitive, la croissance démographique est une illustration de la thèse anti-populationniste de Malthus dans les villes africaines. En effet, lorsqu’elle ne s’accompagne pas d’un encadrement et d’une politique d’aménagement du territoire, elle dégrade le cadre de vie, dérégule l’occupation foncière, augmente l’informalité, etc. Donc, aujourd’hui, le défi du développement économique et du financement des villes africaines est la maîtrise de la démographie et donc de l’urbanisation. Il faudrait donc faire en sorte que la croissance démographique évolue en même temps que la croissance économique ; et cela doit passer par une bonne gouvernance urbaine, car selon la Banque Mondiale (février 2017) : « grâce à une meilleure gestion urbaine, les pays africains pourraient s’appuyer sur les villes pour accélérer leur croissance et s’ouvrir aux marchés mondiaux. »

 

Sources

Chenal J., La ville ouest-africaine : modèles de planification de l’espace urbain, février 2013, Metispress.

Afrique : des villes productives et vivables, la clé pour s’ouvrir au monde, WASHINGTON, 9 février 2017

http://www.banquemondiale.org/fr/region/afr/publication/africa-cities-opening-doors-world

The private sector: A strong vector for Morocco’s economic integration in Africa

During the 27th African Union summit in Kigali of 18th July 2016,King Mohammed VI declared that ‘’Morocco is already the second investor in Africa but aims to become the Continent’s foremost investor very soon”. Indeed, between 2003 and 2013, more than 1.5 billion dollars have been invested by Moroccan companies in West and Central Africa. This only represents half of the direct foreign investments launched by Morocco, in the last few years.

In the early 2000’s, many Moroccan companies of the private sector started businesses in Africa in a wide range of sectors. For example, bank branches of BCP (Banque Centrale Populaire), BMCE Bank of Africa and Attijariwafa Bank have been opened in about fifteen African countries. More so, the insurance company Saham has also been planted in about twenty countries since the takeover of the Nigerian company Continental Reinsurance in 2015.  In the telecommunications sector, Maroc Telecom increased its influence on the continent through the takeover of 6 African branches from their Emirati shareholder Etisalat.

Moreover, many holdings such as Ynna Holding and the National Investment Company through its mining branch Managem, have operations in the African continent.  In the property business, the company named Alliances Développement Immobilier, has signed partnership agreements with the Cameroonian and Ivorian governments in order to build thousands of council housing. The company, Palmeraie Développement, has launched building projects in Gabon, Ivory coast and recently in Rwanda. Attracted by the important investments in infrastructure (highways, bridges, ports, council housings, universities, etc.), the Addoha group pitched its tent on the continent too via two of its companies: Addoha and CIMAF (Ciments de l’Afrique). They have been recently joined by LMHA (LafargeHolcim Maroc Afrique), a company held jointly by LafargeHolcim and the national investment company which is a Royal Holding.

So, the private sector plays a key role in the economic integration process of the continent. The mobilization of private investments is essential to economic integration as it helps to create jobs, improve productivity and increase exports. The economic integration between Morocco and other African countries put in place by the King Mohammed VI invites the companies of the Kingdom to share their expertise and to strengthen their partnership relations with the African countries.

The Moroccan private sector will now play an important role in skill transfer, while enhancing its production capacity. It will then improve its competitiveness on an international level. Concerning inter-regional trade, it will boost the commercial exchanges, which are still weak and reduce the structural deficit of the Moroccan trade balance. The economic potential is huge. The Economic Community Of West African States (ECOWAS) and The Economic Community of Central African States (ECCAS) have altogether more than 300 million consumers, that is to say a market which is  nine times the size of the Moroccan population.

The Role of Economic-stimulus Groups in the Reinforcement of Economic bilateral relations

Whenever King Mohammed VI makes an official visit to  a Sub-Saharan country, his country Morocco makes advantageous agreements that includes customs facilities and tax concessions. The aim is to promote commercial exchanges and to develop intra-African investments. Recently, economic relations between the Moroccan Kingdom and other African countries are ruled by a legal frame of more than 500 cooperative agreements. This is so important to the Moroccan Kingdom that the King Mohammed VI called a meeting of his government, during the first ambassador conference that took place in August 2013, to work with the different economic operators from the public and the private sectors in order to grab investment opportunities in countries having strong economic potentialities. Thus, the last trips of King Mohammed VI allowed mainly to create economic-stimulus groups on the between Morocco-Senegal and Ivory Coast. These groups, co-chaired by the foreign ministers and the presidents of employers of each country, aim to promote partnerships between the private sectors and to boost commercial trade and investments [1].

With a total population of 22 million inhabitants, Ivory Coast is the first economy in the West African Economic and Monetary Union (UEMOA) area and is also the second economic power in the ECOWAS area. Also, the investment options are numerous: industry, infrastructure, construction industry, mines, energy, and so on. Senegal is also not left behind. There are so many reasons that encourage investment in the country. These include political stability, economic opportunities and new infrastructures. A guarantee is also given to the Moroccan investors through notably mutual protection and promotion agreements of investments and non-dual taxation agreements. The Memorandum of Understanding concerning the creation of a joint venture between the Moroccan group, La Voie Express and the Senegalese company Tex Courrier signed on 9th  November 2015 at the ceremony to present the work of the Moroccan-Senegalese EIG – chaired by King Mohammed VI and President Macky Sall, is a good example of the instrument's driving role in boosting private-private partnership[2].

Exchanges between the Moroccan kingdom and the African continent have increased clearly during the last decade. Between 2004 and 2014, global exchanges have quadrupled, going from 1 billion dollars to 4.4 billion dollars. The study '' Structure of trade between Morocco and Africa: An analysis of trade specialization '' produced by OCP Policy Center in July 2016 shows that West Africa remains the first destination of Moroccan exports[3]. This region has indeed welcomed around 50.08% of exportations in 2014, the equivalent of 1.04 billion dollars[4]. However, an analysis of the export structure reveals that Moroccan exports to the other African countries are dominated by intensive goods in raw materials and natural resources[5]. A strong potential is to be developed to boost more Moroccan exports. The Directorate of Studies and Financial Forecasts (DEPF), attached to the Moroccan Ministry of Economy and Finance, stressed in its study "Morocco-Africa Relations: the ambition of a new border" that "Moroccan companies targeting the African market should focus on a penetration strategy based on cost considerations from targeted sectorial choices, in the light of the current and, above all, future needs of African populations. Demographic growth, the rise of the middle class and the rampant urbanization of the continent are all factors to be taken into consideration, in order to anticipate the rising configuration of these emerging economies ".

In this sense, Moroccan exporter companies had better anticipate the dynamics of economic, social and cultural transformations that are on the horizon in Sub-Saharan Africa by setting up adaptation strategies in order to capture a higher market share and catch up their delay in this fast-growing region.

Economic Action at the Heart of Morocco's Integration Strategy in Africa

Economic integration is important for both Morocco and the African continent.  The recent trips of King Mohammed VI to Rwanda, Tanzania, Senegal, Ethiopia, Madagascar and Nigeria is designed to reinforce this notion. The Eastern part of Africa is the fastest growing region in Africa. Added to that, its economic potential  is still unexploited. If Morocco wants to reinforce its influence on the African continent, a number of options have to be investigated. First, the internationalization of Moroccan companies and their investment in African countries have to be encouraged by putting at their disposal a real database on the specificities and the potential of each economy. Second, export flows to African countries have to be fostered. Both public and private actors are involved in the promotion of Moroccan products. The new Moroccan agency for the development of Investment and Export, as well as the ASMEX (Moroccan Association of Exporters), will have to conduct trade missions to various African deposits and offer national companies the necessary support to develop their exports and / or carry out their development project in the continent. Finally, strengthening trade integration with the various African countries is important. The consumer market is growing with the emergence of a middle class more interested in manufactured goods with a high added value. The negotiation of advanced partnerships with ECOWAS and CEMAC, including the creation of free trade areas, is in turn an ideal gateway to this large market of more than 300 million people.

In the era of globalization and fierce international competition, the growing interest of emerging countries towards the African continent is marked by rivalries: China, India, France, Japan or Germany have all unveiled their African ambitions. Facing this international context, Moroccan diplomacy is more ambitious and aggressive. King Mohammed VI declared at the opening of the Moroccan-Ivorian Forum the 24th of February 2014: "Diplomatic relations are at the heart of our interactions. But, thanks to the profound changes that the world is undergoing, their mechanisms, their scope and even their place in the architecture of international relations are forced to adapt to new realities.”

In the wake of this , Morocco would win by organizing a Moroccan-African business summit. The latter would be a continuation of the Africa Action Summit and would focus on the economic development potential of the continent. The Summit would bring together governments, businesses, the public and private sectors, around the economic, social and human development of Africa. The challenge is to reaffirm the strategy of influence of Morocco on the continent.

Translated by:

Pape Djibril Diagne


[1] Economic impetus groups include 10 sectors identified as priorities: banking-finance-insurance, agri-business-fisheries, property-infrastructure, tourism, renewable energy-energy, transport- Logistics, industry-distribution, digital economy, social and solidarity-craft economy, human capital-training and entrepreneurship

[2] Christophe Sidiguitiebe, Four new agreements signed between Morocco and Senegal, Telquel.ma, 10.11.2016: www.telquel.ma/2016/11/10/quatre-nouveaux-accords-signes-maroc-senegal_1523082

[3] Four of Africa's top five trading partners (Algeria, Mauritania, Senegal, Côte d'Ivoire and Nigeria) are part of West Africa.

[4] With regard to imports, the weight of North Africa accounted for nearly all Moroccan imports, with a share of 82% in 2014 compared with 53% in 2004, mainly by importing natural gas, manufactured gas, petroleum and related products.

[5] Moroccan exports consist mainly of food and living animals (25%), machinery and transport equipment (18.5%), chemicals and related products (18.1%), manufactured goods 15.9%) and mineral fuels, lubricants and related products (11.7%).

 

L’économie de la connaissance en Afrique: quel cadre théorique et quelles évolutions ?

En 2000, le Conseil des Ministres de l’Union Européenne, avec la Déclaration de Lisbonne, proclame sa volonté de « faire de l’UE, l’économie de la connaissance, la plus compétitive et la plus dynamique du monde », montrant ainsi l’importance donnée par les pays occidentaux à cette économie. En effet, à notre époque, caractérisée par les technologies et la diffusion de l’information qu’elles permettent, ainsi que par l’importance des services dans les économies, le capital immatériel apparaît comme un élément incontournable de la croissance économique.

Ce nouveau paradigme de l’économie de la connaissance s’accompagne inévitablement de son adoption par les institutions internationales, qui considèrent que l’économie de la connaissance serait un moyen pour les pays en développement de rattraper leur retard économique.

Cet article vise à donner une compréhension de base de l’économie de la connaissance, sans chercher à discuter de la pertinence des définitions ou des indicateurs. Il définira l’économie de la connaissance dans une première partie, avant d’identifier les indicateurs traditionnellement utilisés pour la mesurer. Il conclura en donnant un aperçu de l’économie de la connaissance en Afrique.

 

I – Economie de la connaissance ou économie de l’information ?

 

Alors que les 19ème et 20ème siècles se sont caractérisés par la révolution industrielle et la production de biens physiques en découlant, notre époque valorise de plus en plus une production immatérielle de connaissance, d’information, de savoir. Les progrès scientifiques et les innovations qui en ont découlé, qu’elles soient sociétales ou technologiques, ont entrainé des mutations profondes de nos sociétés. Cependant, il est difficile de décorréler l’importance croissante de la connaissance, de technologies comme Internet ou la téléphonie portable. Celles-ci y contribuent directement, puisqu’elles permettent une diffusion plus rapide et plus large des informations et des savoirs, réduisent les distances et permettent aux entreprises d’augmenter leur productivité. L’économie de la connaissance, la technologie et l’innovation sont donc intimement liées : les technologies et leurs usages, issus de l’économie de la connaissance, font naitre des innovations techniques et sociétales, comme les paiements sans contacts ou les bots, qui entrainent des nouveaux modes de consommation. Mais ces innovations contribuent elles-mêmes à l’économie de la connaissance – en favorisant la dématérialisation de certaines activités, avec l’exemple traditionnel des paiements mobiles qui permettent aux usagers d’éviter de se déplacer en agence. Enfin, la diffusion de la connaissance contribue au développement de nouvelles technologies, les savoirs étant plus rapidement exploités. 

Ainsi, l’économie de la connaissance se définit en général comme une économie dans laquelle le poids du capital intangible est important ; ce capital étant en général compris comme la connaissance et la part importante des technologies.

Le terme d’économie de l’information est parfois utilisé de manière interchangeable avec celui d’économie de la connaissance. Pourtant, les économistes soulignent des divergences entre les deux notions. L’information représente uniquement les données et faits purs, et leur accumulation ; tandis que la connaissance est le phénomène qui permet justement de lier ces données, de les interpréter et de les analyser. Alors que l’information ne peut jamais être plus qu’une donnée ou un fait, la connaissance relève d’une capacité cognitive, qui permet à l’individu d’interpréter les faits, plus difficile à mesurer.

Ainsi, on peut considérer que l’économie de l’information s’intéresse surtout à la diffusion de l’information, notamment par les TICs, alors que celle de la connaissance s’intéresse davantage à la gestion de cette information par les sociétés.

Cette distinction entre information et connaissance est intéressante à souligner dans le cas des pays en développement, où le manque de statistiques fiables limite la compréhension de certains phénomènes – du moins pour des observateurs extérieurs. Le fait que de nombreuses langues locales ne soient pas formalisées à l’écrit démontre par exemple un manque d’informations sur les langues, alors qu’il existe une connaissance tacite des langues, maitrisées par les populations. L’importance du secteur informel dans les pays africains montre également que les travailleurs informels, qu’ils soient réparateurs ou cuisiniers, possèdent un réel savoir-faire, même s’il n’est pas basé sur une formation théorique, ni reconnu officiellement dans les statistiques.

 

II – La connaissance – un bien immatériel difficile à mesurer

 

  1. Indicateurs généraux

La mesure de l’économie de la connaissance s’appuie en général sur une volonté de mesurer les efforts faits en recherche et développement, puisque cette dernière activité est productrice de connaissances. Cependant, la mesure porte plutôt sur les dépenses en développement de la connaissance, que sur la connaissance elle-même.

Les indicateurs utilisés sont donc :

  • La R&D en pourcentage du PIB, qui peut être mesurée par les dépenses engagées par les entreprises dans le domaine de la R&D (en pourcentage des investissements de leur entreprise, ou en pourcentage de la valeur de la production) et le personnel en R&D ;
  • Le nombre de brevets déposés (en général, par pays) ;
  • Le nombre d’articles parus dans des journaux scientifiques.

La mesure porte également sur des indicateurs de base comme l’éducation et la formation :

  • Taux d’alphabétisation ;
  • Pourcentage de la population qui a atteint un certain niveau d’éducation – cela peut être le brevet, le bac, ou d’autres diplômes, ou encore le nombre d’inscrits dans l’enseignement secondaire ou supérieur.  

 

  1. Cadre d’analyse de la Banque Mondiale

Un indicateur particulièrement intéressant pour les pays en développement est le Knowledge Economy Index (KEI – Indice de l’Economie de la connaissance) mis en place par la Banque Mondiale[1]. Le KEI doit permettre d’évaluer dans quelle mesure les Etats sont disposent d’une « économie de la connaissance », en fonction de leurs résultats dans chacun des quatre piliers identifiés :

 

PILIER 1

Système économique et institutionnel

PILIER 2

Education et ressources humaines

PILIER 3

Infrastructures d’information et de communication

PILIER 4

Système d’innovation

 

Barrières tarifaires et non tarifaires

 

Qualité de la régulation

 

Etat de droit

Taux d’alphabétisme des adultes

 

Taux brut de scolarisation dans l’enseignement secondaire

 

Taux brut de scolarisation dans l’enseignement supérieur

Nombre de téléphones pour 1000 habitants

 

Nombre d’ordinateurs pour 1000 habitants

 

Utilisateurs d’internet pour 1000 habitants

Paiements de redevances, $US par personne

 

Nombre d’articles de journaux scientifiques par million de personnes

 

Brevets accordés à des nationaux par le US Patent and Trademark Office par million de personnes

 

Pour un concept aussi vaste que l’économie de la connaissance, il peut difficilement exister un consensus sur la définition et la mesure exactes d’une telle économie. Cependant, on remarque une concordance sur l’importance de l’éducation, et celui de la recherche scientifique.

 

III – Etat des lieux en Afrique

 

Utiliser les indicateurs présentés précédemment peut permettre de situer les pays dans un classement d’économie de la connaissance. Cependant, dans le cas des pays en développement, et notamment ceux d’Afrique, le manque de données représente encore une fois un obstacle à une vue d’ensemble claire.

 

  1. Indicateurs généraux

 

Concernant les dépenses en R&D, elles représentaient 0,5% du PIB en Afrique en 2007 (dernières données accessibles), bien en dessous de la moyenne mondiale d’1,9%, mais aussi de la moyenne des pays sud asiatiques (0,7%), d’Asie de l’Est (2,4%), et d’Amérique Latine et des Caraibes (0,7%). En comparaison, les dépenses en R&D représentaient 2,5% du PIB en Amérique du Nord et 1,7% au sein de l’Union Européenne[2].

Difficile également de trouver un chiffre sur le nombre de brevets déposés en Afrique. La Banque Mondiale ne dispose de statistiques, en Afrique, que sur l’Afrique du Sud, et sur certaines années, du Nigeria, du Kenya, du Rwanda et de Madagascar. Cependant, d’après l’Organisation mondiale de la Propriété intellectuelle, l’Afrique fait également figure de parent pauvre : sur 2,6 millions de brevets déposés en 2014, seuls 0,6% venaient d’Afrique subsaharienne [3].

 

 

 

 

 

 

En matière d’articles scientifiques, on constate une croissance constante de leur publication dans toutes les régions depuis les années 1980, avec un pallier important pour toutes les régions en 2000. En 2013, l’Asie de l’Est et Pacifique affiche une parution de plus de 699 000 articles, l’UE 605 000 et l’Amérique du Nord 470 000.  

Loin derrière, l’Asie du Sud a publié 100 000 d’articles en 2013, l’Amérique Latine 85 000, l’Afrique du Nord et Moyen Orient 60 000 et l’Afrique subsaharienne…20 000.  Bien entendu, ces chiffres en valeur absolue ne permettent pas une comparaison proportionnelle en fonction de la population par région, mais ils permettent de voir quelles régions se démarquent des autres en publication scientifique[4].

Au niveau de l’éducation, l’Afrique souffre également de son taux d’alphabétisation des adultes (plus de 15 ans) qui est de 60% en 2010, contre 80% dans le monde, ou, pour le comparer à des régions similaires en termes de développement, 66% en Asie du Sud, 80% en Afrique du Nord et Moyen Orient, 92% en Amérique Latine, et 95% en Asie de l’Est et Pacifique.

Enfin, en terme de formation, la Banque Mondiale fournit des données sur le pourcentage de la population inscrite dans l’enseignement supérieur : il est de 34% au niveau mondial en 2014, contre seulement 8,5% en Afrique subsaharienne, alors qu’il est de 20% pour l’Asie du Sud, 39% pour l’Asie de l’Est et du Pacifique et 44% pour l’Amérique Latine.

 

  1. Cadre analytique de la Banque Mondiale

 

Peu de travaux ont été publiés dans les dernières années, y compris par la Banque Mondiale, sur le KEI, et sa mise à jour. Néanmoins, il est aisé de regrouper d’autres indicateurs pour essayer d’utiliser la logique des quatre piliers (Système économique et institutionnel ; éducation et formation ; TIC ; Innovation) et évaluer où se situe l’Afrique subsaharienne dans l’économie de la connaissance.

Ainsi, les indices tels que le Global Competitiveness Index ou Doing Business permettent de situer les économies dans le domaine du pilier 1. Il existe suffisamment d’articles traitant de ces indicateurs pour ne pas revenir dessus longuement : l’Afrique reste un continent avec des taux de croissance intéressants, bien que fortement ralentis dans les dernières années par la crise des matières premières, avec des environnements des affaires inégaux, souffrant de faiblesses mais sur lesquels des efforts sont faits. Néanmoins, les économies africaines souffrent de faiblesses liées au manque d’infrastructures, d’un déficit de systèmes éducatif et de santé fiables, qui peuvent compromettre une croissance inclusive sur le long terme.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Source : Global Competitiveness Report 2015 – 2016

 

Dans la précédente partie, nous avons déjà vu les chiffres liés aux piliers 2 et 4.

Pour étudier le 3ème pilier, lié aux TICs, plusieurs organismes ont récemment développé des indicateurs pour évaluer la maturité numérique ou technologique des économies. Néanmoins, l’on s’appuiera sur les données de la Banque mondiale pour étudier les 3 indicateurs restants, qui concernent ce domaine.

Le taux d’équipement en téléphone, tout d’abord portables, était de 98% de la population mondiale en 2015, 75% en Afrique subsaharienne, 78% en Asie du Sud, 104% en Asie de l’Est et Pacifique et 112% en Afrique du Nord. Le chiffre pour l’Afrique cache néanmoins des disparités car de nombreux pays africains ont un taux plus élevé, souvent supérieur à 100%.

Les lignes téléphoniques fixes, elles, équipent 14% de la population mondiale ; l’Afrique et l’Asie du Sud se situent bien en dessous, avec des taux d’équipement de respectivement 1% et 1,9%, contre 15% pour l’Afrique du Nord et Moyen Orient, et 15,8% pour l’Asie de l’Est et du Pacifique. Ce taux est de 37% pour les Etats Unis et 41% pour l’Union européenne.  

Concernant les ordinateurs, ils équiperaient 51,4% de la population mondiale, mais seulement 10,8% de la population africaine en 2016 ; bien en dessous du taux d’équipements de l’Asie du Sud Est et Pacifique (38,1%), des Etats arabes (44,6%), de l’Europe Centrale (67%), de l’Amérique (67,6%) ou de l’UE (80%)[5].   

Enfin, alors que 43% de la population mondiale utilise Internet en 2015, ce taux serait de 22% pour l’Afrique subsaharienne, légèrement en dessous de l’Asie du Sud (24%) mais bien en dessous de l’Afrique du Nord et Moyen Orient (43%), de l’Asie de l’Est et du Pacifique (50%), de l’Amérique Latine et Caraïbes (53%). L’Amérique du Nord et l’UE sont respectivement à 75 et 79%.

 

Conclusion

 

Cet article avait pour but de poser les bases théoriques permettant de comprendre ce qu’est l’économie de la connaissance, et de l’illustrer avec des statistiques dans les différents indicateurs identifiés.

Une question qui se pose régulièrement est notamment celle de savoir si cette économie de la connaissance peut réellement contribuer au développement de l’Afrique, et comment. Pour y répondre, il sera intéressant de regarder quels acteurs interviennent dans le processus de création de la connaissance, et quel rôle ils peuvent y jouer, que ce soit les gouvernements à travers les politiques publiques, ou le secteur privé, par exemple à travers les transferts de connaissance.

 

Marie Caplain

 

Sources

Mickael Clévenot, David Douyère. Pour une critique de l’économie de la connaissance comme vecteur du développement : Interaction entre les institutions, la connaissance et

les IDE dans le développement. Colloque international ” Economie de la connaissance et développement ” XXIVe Journées du développement de l’Association Tiers-Monde, Organisé par l’Université Gaston Berger (Sénégal), le Bureau d’économie théorique et appliquée de l’Université Nancy2/CNRS., May 2008, Saint Louis, Sénégal.

https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00323335/document

Données ouvertes de la Banque Mondiale : http://donnees.banquemondiale.org/

Global Competitiveness Report 2015-2016 http://www3.weforum.org/docs/GCR2016-2017/05FullReport/TheGlobalCompetitivenessReport2016-2017_FINAL.pdf

Union Internationale des Telecommunications (données 2005-2016).

http://www.itu.int/en/ITU-D/Statistics/Pages/stat/default.aspx

World Bank Institute, Measuring Knowledge in the World Economy.

http://www.oneworldarchives.org/kambooklet.pdf

World Intellectual Property Indicators 2015

http://www.wipo.int/edocs/pubdocs/en/wipo_pub_941_2015.pdf

Vicente Jerome, Cours d’Economie de la connaissance.

fgimello.free.fr/documents/economie_connaissance.pdf


[1] World Bank Institute, Measuring Knowledge in the World Economy.

 

 

 

[2] Toutes les statistiques (sauf indication contraire) sont issues des données de la Banque Mondiale : http://donnees.banquemondiale.org/. Pour utiliser cet outil, simplement taper dans la barre de recherche l’indicateur désiré (ex : taux d’alphabétisation) et le pays ou la région désirée (Afrique subsaharienne, Nigeria, etc). Attention, les indicateurs ne sont pas forcément disponibles pour tous les pays.

 

 

 

[3] World Intellectual Property Indicators 2015

 

 

 

[4] Données de la Banque Mondial

 

 

 

[5] Union Internationale des Telecommunications : voir les données 2005-2016.

 

 

 

Comment expliquer la persistance des inégalités entre les Noirs et les Blancs en Afrique du Sud ?

Plus de vingt ans après la fin de l’Apartheid et l’élection de Nelson Mandela, l’Afrique du Sud demeure marquée par les stigmates de la ségrégation et des discriminations raciales.  La deuxième économie d’Afrique en termes de PIB (1) est aujourd’hui également « la société la plus inégalitaire du monde » selon l’expression de l’économiste sud-africain Haroon Bhorat, et présente un coefficient de Gini de 0,69 (2).

Dès 1994 des politiques volontaristes visant à réduire les inégalités ont été mises en place et l’Afrique du Sud a enregistré un taux de croissance permettant de faire reculer la pauvreté (3). Toutefois, les fruits de la croissance n’ont pas permis de modifier la structure des revenus et de réduire les inégalités entre noirs et blancs.

Si l’analyse économique des inégalités retient rarement le critère ethnique comme variable d’étude il convient compte-tenu de l’histoire de l’Afrique du Sud et de son passé ségrégationniste, d’évaluer la faiblesse des capabilités (4) dont dispose la population noire de ce pays pour rendre compte des discriminations structurelles qu’elle continue à subir de nos jours.

 

  1. Vingt ans après la fin de l’apartheid, les inégalités demeurent et menacent le développement économique du pays

 

  1. Inégalité de salaire, de patrimoine et de capital humain

Un rapport publié en 2015 par l’Institut national des statistiques sud-africain (5) rendait compte de l’inquiétante persistance des inégalités de revenu en Afrique du Sud. En effet, ce document révèle qu’avec en moyenne 6444 dollars par an les foyers noirs disposent toutes choses égales par ailleurs, d’un revenu moyen cinq fois inférieur à celui des foyers blancs qui plafonne à 30 800 dollars annuel.

Par ailleurs ces inégalités salariales sont amplifiées par les inégalités de patrimoines. En effet l’accès à la propriété foncière a longtemps été interdit aux populations noires reléguées en périphérie du Cap et de Johannesburg les ghettos lors de l’Apartheid.

Enfin, le système scolaire sud-africain est extrêmement polarisé. L’enseignement public et gratuit de ce pays compte parmi les plus défaillants du monde. Une enquête menée par le Boston Consulting Group montrait ainsi en 2015 que la majorité des enseignants ne disposaient pas du niveau requis en mathématique (6) ! Or les enfants issus des familles les moins aisées sont les principaux élèves des écoles publiques. Ils ne bénéficient donc pas d’une éducation de qualité comparable à celle dispensée dans les écoles privées plus coûteuses. Dès lors d’après la théorie du « signal » élaborée par Spence, pour un même nombre d’années d’études un lycéen ayant effectué toute sa scolarité dans un établissement sud-africain public et un lycéen ayant exclusivement fréquenté un établissement privé n’enverront pas le même signal à un potentiel employeur.

 

  1. Les tensions ethniques et sociales freinent le développement économique

 

Minée par les inégalités, l’Afrique du Sud est régulièrement en proie à des crises sociales majeures. En août 2012 les grèves parties de la mine de platine de Marikana ont causé la mort de trente-quatre  manifestants et se sont propagées vers d’autres secteurs industriels tels que l’or, le minerai de fer, le charbon et le chrome. Les pertes engendrées par ces échauffourées ont été estimées à plus d’un milliard de dollars tandis que le taux de croissance de l’économie sud-africaine a diminué de 0,9% lors du deuxième trimestre de l’année 2013. (7)

Outre ces affrontements marxistes et traditionnels liés au rapport de force à l’œuvre entre les détenteurs des moyens de production et les travailleurs, on observe également une augmentation des risques liés au sous-emploi. En 1993 C. Juhn révélait dans une étude l’existence d’une corrélation entre l’inégalité des salaires aux Etats-Unis et la recrudescence de la délinquance. En effet, à partir des années 1970, les populations noires américaines ont connu une massive sortie de la population active qui est allée de paire avec une nette augmentation de la population carcérale. Dans le cas sud-africain, le sous-emploi des travailleurs noirs les moins qualifiés a notamment été causé par les rigidités sur le marché de l’emploi (8).

Les structures syndicales héritées de l’apartheid sont restées très prégnantes et ont continué à influer sur le marché du travail sud-africain. Ainsi, l’instauration d’un salaire minimum trop élevé s’est faite au détriment des travailleurs les moins qualifiés qui n’ont pas pu profiter de la croissance économique et se sont massivement tournés vers les activités illégales ou informelles. Dans une enquête publiée en 2013 et intitulée “Job destruction in the South African clothing industry: How an unholy alliance of organised labour, the state and some firms is undermining labour-intensive growth”, Nicoli Nattrass et Jeremy Seekings témoignent des effets néfastes de l’action syndicale sur l’emploi dans les secteurs à faible intensité capitalistique comme l’industrie textile.

 

  1. De la redistribution à l’amélioration des « capabilités »

 

  1. Les tentatives de solution

Depuis la fin de l’apartheid, le gouvernement sud-africain n’a eu de cesse de développer des programmes de subvention et de redistribution fiscale. Toutefois ces solutions agissent en aval sur les conséquences de l’inégalité en capital humain mais ne permettent pas en amont d’accroître les capabilités des populations les plus démunies.

Pour l’heure le gouvernement sud-africain a préféré les solutions visant à corriger les effets des inégalités plutôt que d’engager des réformes touchant aux causes structurelles et historiques de ces inégalités.

 

  1. Recommandations : lutte contre les discriminations, politique de formation et mixité urbaine

La lutte contre les discriminations sur le marché du travail doit faire l’objet d’une politique publique afin de réduire les inégalités. Dans une enquête sur les inégalités économiques aux Etats-Unis, Phelps et Arrow analysent les discriminations en vigueur contre les noirs dans les années 1970. Les deux économistes ont ainsi montré que du fait des préjugés raciaux ancrés lors de l’époque ségrégationniste,  les employeurs anticipent que certains groupes ont objectivement moins de chances que les autres d’être productifs. Les anticipations des employeurs et les comportements engendrés par ces anticipations peuvent conduire à une persistance des inégalités de capital humain. En transposant cette analyse à l’Afrique du Sud post-ségrégationniste on comprend dès lors que la réduction des inégalités passera par une lutte active contre les discriminations à l’embauche notamment grâce à des campagnes de sensibilisation, à l’instauration de missions de testing, et à la prise de sanctions exemplaires contre les employeurs se rendant coupables de discrimination.

 

Par ailleurs, une politique de formation volontariste permettra d’unifier le système scolaire sud-africain et de le rendre plus égalitaire. La théorie du signal de Spence, affirme que les employeurs attendent des informations précises sur la qualité du diplôme et non pas seulement sur le nombre d’années d’étude. Dès lors l’octroi de subvention aux écoles publiques et une meilleure formation des personnels enseignant dans ces établissements permettra de réduire significativement les écarts en termes de capital humain et d’accès au marché de l’emploi.

 

Une refonte de l’enseignement public ne saurait se passer d’une politique urbaine audacieuse. En effet, le rapport Coleman publié en 1966 par l’administration américaine faisait état d’un échec des politiques publiques visant à augmenter les moyens des écoles des quartiers défavorisés, ainsi que d’une insertion médiocre sur le marché du travail. Plusieurs commentateurs du rapport ont rappelé que les résultats médiocres ne sont pas seulement imputables au fait que le milieu social détermine la réussite scolaire mais aussi à la composition des classes (peu d’émulation entre les élèves…). Le quartier d’habitation influe sur la réussite scolaire. Les externalités locales, au niveau micro-économique de la salle de classe, ont un effet global sur la dynamique des inégalités. Dans ces conditions, l’instauration d’une carte scolaire apparaît comme une solution pour favoriser la mixité sociale et ethnique tout en réglant le problème de la ségrégation urbaine qui sévit toujours en Afrique du Sud et est un vestige du régime de l’apartheid.

 

Daphnée Setondji

Sources

  1. http://afrique.lepoint.fr/economie/ou-va-l-afrique-du-sud-19-08-2014-1857787_2258.php
  2.  Haroon Bhorat, Fighting poverty: Labour markets and inequality in South Africa, 2001.
  3. http://www.rfi.fr/afrique/20170128-afrique-sud-inegalites-salaires-statitstiques-blancs-noirs-foyers-pauvres
  4.  Eric Monnet, La théorie des « capabilités » d’Amartya Sen face au problème du relativisme
  5. http://www.latribune.fr/economie/international/l-afrique-du-sud-champion-des-inegalites-de-revenus-478113.html
  6. http://www.agenceecofin.com/gestion-publique/2605-29246-lafrique-du-sud-occupe-le-2eme-rang-mondial-dans-le-domaine-des-inegalites-de-revenus
  7. http://www.slate.fr/story/80853/retombees-apartheid
  8. C. Juhn “Wage Inequality and the Rise in Returns to Skill”, 1993

Le déficit public égyptien a-t-il atteint un niveau excessif ?

En août 2016, la mission du FMI au Caire a accordé au gouvernement égyptien, un prêt de 12 milliards de dollars sur trois ans en échange de l’adoption d’un ensemble de réformes  (introduction de la TVA, baisse des subventions à la consommation d’énergie, réduction de la masse salariale de la fonction publique…)  visant à réduire le déficit budgétaire du pays. Ce dernier, en augmentation continue depuis 2007,s’élevait à 12,3% du PIB au cours de l’année 2015-2016 et devrait atteindre 11% selon le projet de loi de finances pour l’année 2017 (1). Par ailleurs, en 2015-2016 le remboursement de la dette publique constituait le principal poste de dépense publique soit une part de 30% (2), tandis que le taux d’intérêt s’élevait à 17% et la croissance à 3,8%.(3) Ces statistiques posent la question de la soutenabilité de la dette égyptienne et de l’état des finances publiques du pays.

 

 

  1. Un fastidieux arbitrage entre augmentation du taux d’intérêt et réduction des dépenses

 

  1. La hausse du déficit public égyptien impacte significativement le taux d’intérêt sur la dette publique…

L’augmentation du déficit égyptien est allée de paire depuis 2013 avec une forte hausse de la dette publique (4). En effet, la hausse du déficit a conduit l’Etat égyptien à avoir recours à un plus grand nombre de prêteurs pour assurer son financement. Au niveau national cela  a induit une hausse du taux d’intérêt sur la dette publique interne. L’ampleur de l’accroissement du déficit public a généré un choc de demande sur le marché de l’épargne et la hausse du taux d’intérêt a été un moyen d’inciter les agents à prêter davantage. Par ailleurs le taux d’intérêt a également connu une tendance haussière du fait des risques d’insolvabilité que fait peser le déficit public sur l’Etat égyptien depuis la fin des années 2000. Face à une dette risquée, les prêteurs ont exigé une prime de risque plus importante ce qui a encore amplifié la hausse du taux d’intérêt.

 

  1. … et cela pose le problème de la soutenabilité de la dette et de l’effondrement de l’investissement privé.

Comme tout Etat, l’Egypte a recours au déficit public pour financer ses dépenses de fonctionnement et d’investissement ainsi que ses politiques publiques à caractère contracyclique. Dès lors le niveau de déficit optimal est celui pour lequel la productivité marginale du déficit public est égale au taux d’intérêt. Au-delà, l’Etat exerce des externalités sur l’ensemble de l’économie et nuit à l’investissement des entreprises par effet d’éviction. En effet, l’Etat lourdement déficitaire emprunte et accapare une partie significative  de l’épargne qui, de fait n’est plus disponible pour les entreprises ou atteint un prix prohibitif. A ce titre, conscient des externalités négatives exercées par l’ampleur du déficit public sur la disponibilité de l’épargne  égyptienne, le vice-président de la Banque Mondiale pour la zone Moyen-Orient et Afrique du Nord déclarait le 17 mars 2017 : «Nous devons observer une importante augmentation de l'investissement privé. Il ne s’agit pas uniquement des grandes entreprises privées. Les reformes doit être axées sur la promotion des PME et aider à développer l’esprit d’entrepreneuriat chez les jeunes.». (5)

 

En outre, le taux de croissance de la dette publique égyptienne a été plus important que le taux de croissance du PIB  au cours de la dernière décennie. Or d’après le concept de soutenabilité de la dette, la dette d’un pays peut croître de façon continue et demeurer sans risque  pour les prêteurs si et seulement si la capacité de remboursement de l’Etat croît au moins dans les mêmes proportions. Cela n’ayant pas été le cas de 2013 à 2017 du fait de la faible capacité de l’Etat égyptien à prélever les impôts, il est possible d’affirmer que le pays a atteint un niveau de déficit insoutenable et donc excessif qui se traduit d’ailleurs par des taux d’intérêt punitifs.

 

 

  1. L’Egypte doit parvenir à appliquer le plan d’austérité préconisé par le FMI tout en soutenant l’investissement privé

 

A.  Un plan d’austérité risqué tant sur le plan économique que politique

Face à la menace d’une crise économique et monétaire, l’Egypte du président Sissi a finalement adopté les mesures préconisées par le FMI lors de l’été 2016. En effet, la réduction des dépenses publiques et l’augmentation des recettes fiscales via la création de la TVA sont les deux principaux objectifs de la politique économique égyptienne.  Toutefois ces réformes touchant directement la fiscalité des entreprises risquent soit de porter atteinte à la compétitivité des entreprises égyptiennes, soit d’aggraver la hausse du taux d’inflation –qui s’élevait déjà à 30% en janvier 2017 (6)- si les producteurs décident de répercuter le montant de la TVA sur les prix de vente. Une telle possibilité risquerait de détériorer encore plus le pouvoir d’achat des Egyptiens et de raviver les mouvements sociaux qui avaient conduit au renversement du régime lors du printemps arabe de 2011.

En outre pour endiguer la hausse du taux d’intérêt s’étant élevé au taux  quasi-prohibitif de 17% au cours de l’année 2016, la Banque centrale égyptienne (BCE) a fixé à 14,75% le taux d’intérêt pour l’année 2017.(7)

 

B. Recommandations

Le gouvernement égyptien a tout intérêt à encourager l’investissement privé en simplifiant le cadre réglementaire de la création et du développement des entreprises. En effet, la création d’un guichet unique pour les procédures fiscales permettrait de simplifier les rapports entre le secteur privé et l’administration fiscale.  Cette sécurité fiscale faciliterait la collecte de l’impôt sur les sociétés, inciterait davantage d’entreprises et commerces à quitter le secteur informel pour le secteur formel et conduirait à un accroissement significatif des recettes publiques.

Il convient également de prendre en compte la productivité des dépenses publiques et de ne pas les diaboliser. En effet, si le plan du FMI inclut une réduction drastique des subventions publiques notamment dans le domaine des énergies fossiles, cette réforme peut également donner lieu à une réallocation des ressources vers des secteurs novateurs et à haute valeur ajoutée tels que la recherche ou le développement des énergies renouvelables.

La dette  et le déficit supplémentaires ne sont pas considérés comme excessifs dès lors qu’ils financent de nouveaux investissements publics qui à terme rapporteront davantage de recettes fiscales. En effet l’Egypte pourrait s’inspirer des objectifs du programme Europe 2020 visant non pas à imposer des plans d’austérité dont l’efficacité est discutable mais à favoriser l’essor d’une croissance dite « intelligente, durable et inclusive ». L’Egypte dispose à ce titre d’une importante marge de manœuvre puisque seul 10% des dépenses publiques du budget 2015-2016 ont servi à financer des dépenses d’investissement (8).

 

Sources

  1. http://www.tresor.economie.gouv.fr/File/433051 « Situation économique générale de l’Egypte ».
  2. http://www.tresor.economie.gouv.fr/File/433051 « Situation économique générale de l’Egypte ».
  3. http://www.jeuneafrique.com/370978/economie/pression-legypte-devalue-monnaie/
  4. http://www.coface.com/fr/Etudes-economiques-et-risque-pays/Egypte
  5. http://www.agenceecofin.com/reformes/0903-45561-egypte-les-prochaines-reformes-doivent-prioriser-l-investissement-prive-selon-la-banque-mondiale
  6. http://www.lefigaro.fr/flash-eco/2017/02/11/97002-20170211FILWWW00048-egypte-l-inflation-s-envole-a-pres-de-30.php
  7. http://www.jeuneafrique.com/370978/economie/pression-legypte-devalue-monnaie/
  8. http://www.tresor.economie.gouv.fr/File/433051 « Situation économique générale de l’Egypte ».

La « formalisation » de l’économie informelle est-elle la clé du développement et de la lutte contre la pauvreté en Afrique ?

Certains l’appellent l’économie non-contrôlée ou l’économie de la débrouillardise,  d’autres, l’économie souterraine ou l’économie populaire. Dans tous les cas, l’activité informelle occupe une place prépondérante dans l’économie des Pays les Moins Avancés (PMA) notamment ceux d’Afrique subsaharienne où les activités non-déclarées concernent en  moyenne de 70% de la population active (1). L’économie informelle est d’autant plus difficilement identifiable et mesurable, qu’elle est écartée des comptabilités publiques et échappe à toute politique fiscale. Les Etats sont en carence de stratégies adaptées pour valoriser les produits de l’économie informelle et ramener le volume des activités qu’elle recouvre dans le système formel.

L’économie informelle existait bien avant les indépendances des pays africains dans les années 1960 (2). Après cette période, elle s’est accentuée dans le contexte des « trente glorieuses » dont les effets ont été ressentis jusqu’en Afrique, notamment à travers l’afflux d’investissements directs étrangers (IDE) en provenance des pays occidentaux vers le  continent. Les pays comme l’Afrique du Sud, le Kenya ou encore la Côte d’ivoire ont su en profiter pendant un certain temps. Au début des années 1980 pourtant, l’économie informelle en Afrique a pris une nouvelle dimension après la mise en oeuvre des politiques d'ajustement structurel (PAS), qui ont généré des effets dévastateurs (réduction des salaires, diminution des effectifs de la Fonction publique, privatisation des entreprises d’État…). La dévaluation du Franc CFA en 1994 induisant des effets néfastes sur la structure économique, a contribué au ralentissement de la croissance, à la hausse du chômage et à la fragilisation des Etats. Tous ces facteurs ont eu pour résultante l’accroissement du nombre d'agents exerçant dans l’économie informelle.

I.  Les contours flous de l’économie informelle

La notion d’informel est une notion à géométrie variable, elle est polysémique et a été utilisée pour désigner des activités à la fois diverses et complexes. Ainsi plusieurs définitions coexistent.

–      La première est sectorielle et résulte de travaux élaborés par le Bureau International du Travail (BIT) en 1972 à travers « le rapport Kenya ». Ce dernier désigne le secteur informel comme un ensemble de petites entreprises dotées d'une échelle restreinte, d'activités essentiellement familiales et d'une faible intensité capitalistique.

–      Le deuxième type de définition s’est polarisé sur la pauvreté et la marginalité, c’est-à-dire sur les conséquences de la participation des agents au marché du travail secondaire (3). De surcroît, cette définition prend en compte les unités de production et les micro-entreprises qui ne transgressent pas délibérément la réglementation pour exister contrairement aux activités dites illégales telles que la contrebande, le trafic de drogue, que nous retrouvons également dans nos sociétés. Dans tous les cas, ces définitions convergent inéluctablement vers une série de questions : Quelle est la structure de l’économie informelle en Afrique ? Quelles catégories de population sont concernées ? L’Afrique peut-elle se développer sans l’économie informelle ? Au final, l’économie informelle peut-elle être une porte de sortie pour l’Afrique ?

II. Structure et morphologie des populations les plus concernées par l’économie informelle.

La structure de l’économie informelle en Afrique regroupe essentiellement les activités liées à l’artisanat, au petit commerce, aux petites et moyennes entreprises non formellement identifiées par l'Etat. Par exemple, dès 2006 l’Agence Française pour le Développement soulignait dans un rapport qu’au Cameroun, l’économie informelle compte près de 90 % de la population active, alors qu’on estime qu’elle constitue près de 30% du PIB. Au Sénégal, elle est également le poumon de l’économie. Elle représente ainsi 60% du produit intérieur brut du pays et 60% de la population active est concernée. Au Mali, les dernières études publiées par l’Institut National de la Statistique (INSTAT) montrent que l’économie informelle touche 70% de la population active et qu’elle contribue à près de 55% du PIB (6). Il s’ensuit que ces tendances sont similaires dans la majorité des pays africains. Ainsi, si la structure de l’économie informelle varie d’un pays à l’autre, son importance dans la création de la richesse nationale est partout significative.   Par ailleurs, l’économie informelle est également marquée par une grande hétérogénéité des populations concernées. Il existe deux catégories de population dans l’économie informelle en Afrique : celle qui en tire des revenus de subsistance et celle qui mène simultanément une ou plusieurs activités génératrices de revenus (AGR) formelles ou informelles. La première catégorie vit quasi-exclusivement de l’économie informelle tandis que la seconde effectue sporadiquement des activités informelles en s’affranchissant de l’impôt.

III. Recommandations

Bien que l’économie informelle présente à la fois des caractéristiques hétérogènes et complexes, elle pourrait faire l’objet d’une politique coordonnée à l’échelle régionale et constituer la porte de sortie pour l’atteinte de l’émergence des pays Africains d’ici à l’horizon 2035 (objectif fixé par l’Union Africaine). En effet, le but d’une telle politique ne viserait pas à traquer et appauvrir les agents tirant leurs revenus de subsistance du secteur informel mais à renforcer le cadre réglementaire des activités économiques et à étendre la protection sociale à tous les travailleurs. En outre, il est important de souligner que la deuxième partie de la population concernée par l’économie informelle regroupe majoritairement des petites entreprises à taille humaine avec une croissance d’activité régulière dont l’identification et l’assujettissement à l’impôt permettrait d’assurer la stabilité des finances publiques.  L’exemple du Maroc en 2014 avec le statut de l’auto-entrepreneuriat élaboré par le Haut Commissariat au Plan (HCP) propose des mesures d’incitations fiscales pour faciliter l’intégration de la deuxième catégorie de population. En revanche, le statut ne propose pas de mesures en faveur d'une large couverture sociale des personnes exerçant dans l’économie informelle. De plus, l’économie marocaine est face à un paradoxe depuis quelques années ; c’est-à-dire que la croissance économique est de plus en plus soutenue, conduisant à la baisse du poids de l’ économie informelle dans le PIB tandis que dans le même temps l’emploi informel progresse. L’économie informelle devient ainsi peu à peu une zone grise qui ne manque pas d’interagir avec l’économie marocaine traditionnelle. En effet, il est important de mentionner qu’il existe une forte interaction entre le formel et l’informel, ne serait-ce que par la monnaie commune. Si le premier accuse le second de concurrence déloyale, le second quant à lui, accuse le premier d’une carence de considération. Seul une politique volontariste mettant en place des incitations fiscales et une flexibilisation du cadre juridique de la création d’entreprise permettra d’unifier les deux pans de l’économie.

En somme, il est impératif pour les Pays les Moins Avancés d’Afrique, de mettre en place des reformes  à l’égard de l’économie informelle. Cela sera possible si les Etats jouent pleinement leur rôle, c’est-à-dire la création d’ un environnement propice à une meilleure condition de vie des citoyens et à un climat des affaires plus certain. L’économie informelle est essentiellement une question de gouvernance. Toutefois, il arrive souvent que les quelques micro-entreprises tenant des unités de production non déclarées et non réglementées ne s’acquittent ni de leurs obligations fiscales, ni de leurs obligations sociales vis-à-vis des travailleurs, faisant ainsi une sorte de concurrence déloyale aux autres entreprises. Celles-ci doivent être ciblées sans caractère punitif tout en étant mises à contribution. Dans ce cas, l’Etat qui voit déjà lui échapper des ressources fiscales qui devraient provenir de l’économie informelle, verra sa capacité de financement augmenter pour faire face aux services sociaux. Outre la couverture sociale au sens traditionnel, les agents exerçant dans l’économie informelle sont dépourvus de toute protection dans des secteurs tels que la formation, l’éducation, l’apprentissage, les soins sanitaires et plus particulièrement ceux liés à la petite enfance. En tenant compte de ces reformes, l’Afrique observera simultanément l’accélération de son développement économique et la baisse de la pauvreté.

 

Amadou SY

 

Sources

(1)  https://www.oecd.org/fr/csao/publications/42358563.pdf

(2)  https://www.monde-diplomatique.fr/mav/143/CESSOU/53893

(3)  http://www.persee.fr/doc/ecop_0249-4744_1990_num_92_1_5155

(4)  Rapport de l’Agence Française de Développement publié en 2006.

 

La vision fantasmée de l’entrepreneuriat en Afrique : un mirage dangereux et déresponsabilisant ?

L’entrepreneuriat est depuis quelques années présenté comme l’opportunité miracle pour résoudre le défi du chômage de masse qui menace l’Afrique subsaharienne et en particulier l’Afrique de l’ouest francophone. Soumises à une forte pression démographique, ces régions sont en effet en quête de solutions pour offrir des perspectives aux millions de jeunes qui arrivent sur le marché du travail. Faute de quoi, ce phénomène démographique inédit est souvent présenté comme une « bombe à retardement ».

L’entrepreneuriat est alors évoqué comme une panacée capable de régler cet épineux problème du chômage des jeunes mais également de solutionner de nombreux défis sociaux (inclusion financière, accès à l’énergie, etc.) en faisant émerger une nouvelle classe de « champions éclairés ».Néanmoins, cette obsession pour l’entrepreneuriat est au minima illusoire voire déresponsabilisante et dangereuse.

Illusoire, tout simplement car il faut bien admettre que, par nature, l’entrepreneuriat a un fort taux d’échec et qu’il est donc déraisonnable de croire en une « société d’entrepreneurs ». L’entrepreneuriat sera indéniablement une source d’emplois, et l’objectif de cet article n’est en aucun cas de nier son importance, mais c’est la focalisation extrême sur ce sujet qui est dangereux. Pourquoi ?

Un transfert des responsabilités 

C’est la dynamique de déresponsabilisation impliquée par ce discours fantasmé sur l’entrepreneuriat qui est en réalité une menace sévère pour l’avenir de la région. En effet, la promotion de l'entrepreneuriat entraine naturellement un dangereux glissement politique de déresponsabilisation autour du problème du chômage des jeunes. Le discours quasi-incantatoire autour de « l’avenir c’est l’entrepreneuriat, chaque jeune doit créer son entreprise et devenir son propre patron », met de facto sous pression ces jeunes sur qui repose alors l’entière responsabilité de leur chômage. Si leurs projets échouent et qu’ils se retrouvent sans emploi, ce ne peut être que leur propre échec. Le danger de la croyance dans le miracle de l’entrepreneuriat est, dans une approche très libérale, de tout faire reposer sur le succès individuel. Cette dynamique de désengagement nie en réalité deux aspects fondamentaux de l’entrepreneuriat :

  • L’entrepreneuriat nécessite des réformes structurelles pour connaitre un essor. Ce climat de déresponsabilisation est d’autant plus dangereux qu’il implique un désengagement politique au niveau de réformes structurelles qui favoriseraient l’entrepreneuriat, en premier lieu l’éducation (primaire, secondaire et supérieure) et une politique de formation des jeunes. L’air du temps ne retient en effet des success stories américaines que des jeunes qui évoluent en autodidactes. Mais peu retiennent que la plupart des grandes révolutions dont ils se targuent sont issues des grandes universités américaines (Google à Stanford, Facebook à Harvard). Le plus agaçant est de voir pousser un peu partout des concours de pitch et de business plans, ersatz de formations à des jeunes que l’on séduit avec toute une panoplie de buzzwords excitants.
  • L’entrepreneuriat ne se décrète pas, cela nécessite une formation, formation que l’on peut obtenir en travaillant dans une entreprise plus « traditionnelle ». Or cette idéologie folle de l’entrepreneuriat à tout prix finit par évacuer une politique d’emploi ambitieuse qui favoriserait le salariat « traditionnel », pivot crucial de la formation des jeunes. Le sommet de l’hypocrisie consistant à éluder que les réussites africaines sont dans leur immense majorité le fruit d’individus qui ont fait leurs armes pendant des années avant de se lancer. Il est inutile de rêver, les succès sont forgés durant les expériences professionnelles en entreprises, à l’image de Jean-Luc Konan, fondateur de Cofina après une carrière bancaire de plus de 15 ans.

Enfin, le paradoxe atteint son comble lorsque ces discours parviennent toujours à promouvoir l’entrepreneuriat africain sans proposer aucune solution de financement. Il est effrayant de constater qu’il n’existe quasiment aucun fonds de VC ou groupes de business angels pour financer les jeunes pousses ouest-africaines. Encore une fois, c’est aux structures publiques de résoudre en partie ce problème en facilitant l’investissement dans la région.

Un rejet des cadres traditionnels 

Cette idéologie s’enracine dans une réaction quasi épidermique au cadre classique du travail : le salariat et le fonctionnariat. Ces deux mots sont devenus de véritables épouvantails dans la région, associés à la fainéantise, au clientélisme et aux emplois fictifs. Aujourd’hui, la réussite doit nécessairement passer par la réussite entrepreneuriale et il ne faudrait rien attendre des cadres classiques, présentés comme caducs voir décadents. Ce discours a deux écueils : tout d’abord il est la négation même de l’apport d’expériences professionnelles classiques dans la réussite de beaucoup d’entrepreneurs. D’autre part, il favorise un mouvement de rejet des institutions publiques à un moment où elles devraient s’affirmer comme acteurs déterminants.

Au niveau de la fonction publique il faut bien noter que ce mouvement de rejet est lié aux problèmes réels de gouvernance dont pâtissent encore beaucoup de pouvoirs publics. Néanmoins, écarter les jeunes talents de la fonction publique sous prétexte qu’elle dysfonctionne est-il une idée pertinente ? Décrédibiliser la capacité des pouvoirs publics à relever les défis sociaux et environnementaux de la région par rapport aux initiatives privées est un pari dangereux dans des pays où ces défis sont aigus et demandent des réponses justes et inclusives. Or beaucoup de discours actuels prônent un « capitalisme africain éclairé » qui serait, par nature, bienveillant envers les populations et qui chercheraient, au-delà du profit, des solutions aux grands défis actuels (logement, transport, éducation, santé). Croire rêveusement que des initiatives privées et découplées d’une gouvernance et d’une responsabilité publiques sont une solution miracle à une gouvernance actuellement en quête de renouveau est une erreur majeure. Croire que les entreprises privées vont s’occuper équitablement de populations diverses et défendre la diminution des inégalités au lieu de les creuser est illusoire.

En ce qui concerne le rejet du salariat comme cadre dépassé du travail, cela est d’une part dangereux (on ne solutionnera pas le chômage uniquement avec l’entrepreneuriat) et déresponsabilisant (il faudrait plutôt favoriser une réforme structurelle permettant aux PME de former et d’employer davantage)  mais cela nie surtout l’apport des expériences professionnelles aux réussites entrepreneuriales. Ce discours est en effet d’une certaine mauvaise foi quand on observe les trajectoires des différents entrepreneurs « champions » : par exemple Tony Elumelu (1), l’un des hommes les plus puissants du continent, chantre de « l’afrocapitalisme » et de l’entrepreneuriat africain. Il se veut le parangon d’une Afrique qui entreprend et qui fait naitre les « champions » de demain, qui pourront rivaliser avec les occidentaux. Son objectif, via sa fondation, est de permettre à 10 000 jeunes africains de créer leur entreprise et, d’ici dix ans, créer 1 000 000 emplois. Et lui ? L’entrepreneur a en réalité réalisé une scolarité d’excellence dans les plus grandes universités du monde (dont Harvard) avant de débuter une carrière de plus de dix ans dans la banque. Il va y acquérir des compétences, tisser son réseau pour, en 1995, finalement prendre la tête de la Standard Trust Bank. Ce qui le mènera, dix ans après, à la consécration de sa carrière, la fusion avec UBA en 2005 pour créer l’une des plus grandes banques du continent, plus de vingt ans après le début de sa carrière.

Recommandations

Et après cela, l’on veut faire croire que l’entrepreneuriat est un modèle spontané et que l’on peut se contenter de sessions de pitch comme formation et d’un concours de business plans comme expérience professionnelle ? Ce discours n’a qu’une conséquence sur le court terme : décrédibiliser le salariat et l’emploi traditionnel et déresponsabiliser les leaders politiques sur les questions d’éducation, d’emploi et de l’investissement.

Une politique ambitieuse pour l’entrepreneuriat devrait se concentrer sur les problèmes de fond qui sont :

  • La formation et l’enseignement supérieur et professionnel
  • L’épineux problème du financement d’amorçage et la mise en place d’une politique qui favorise le capital-risque. Une fiscalité adaptée est nécessaire ainsi que l’apport de fonds publics qui rassureraient les investisseurs privés
  • Une politique pour l’emploi qui favorise les PME et leur permet de former et d’employer les jeunes qui arrivent sur le marché du travail. Cela passe notamment par un programme qui facilite la formalisation de ces PME (notamment via une fiscalité adaptée et un abandon des arriérés) et leur accès au financement (notamment en mieux connectant les agences d’accompagnement des PME avec les financeurs). Les véritables pépinières de l’entrepreneuriat africain sont ces PME qui, tous les jours, affrontent des problématiques nouvelles.
  • Enfin, l’entrepreneuriat africain sera surtout un intrapreneuriat, au sens où les projets qui décollent sont issus d’anciens salariés qui innovent et prennent des initiatives ambitieuses car ils ont été exposés à des problématiques lorsqu’ils étaient salariés.
  • En finir avec le dénigrement constant du salariat et, encore pire, du fonctionnariat. Il est complètement utopique de rêver un capitalisme africain éclairé qui s’occuperait des plus démunis. Le renouveau du secteur public africain est une priorité et ce secteur nécessite un apport vital de talents. 

               

Gilles Lecerf

Sources

(1) http://www.lemonde.fr/m-actu/article/2016/02/19/tony-elumelu-le-banquier-africain-a-qui-tout-sourit_4868595_4497186.html

Article mis en ligne le 24 mars 2017, revu le 26 mars 2017

Comment les femmes africaines peuvent-elles tirer parti de la révolution numérique ?

Davantage de transparence, davantage de renouvellement… le numérique est depuis plusieurs années l’allié des progrès de l’égalité entre les femmes et les hommes en entreprise. Toutefois, non seulement la route est encore longue, mais les disruptions technologiques à venir pourraient accroître la fracture d’une manière inattendue si les entreprises ne révolutionnent pas leur manière de garantir la parité, de gérer les compétences et de faire émerger les leaders de demain.

Dans Le cycle des affaires (1939) l’économiste Joseph Schumpeter (1) comparait son concept de « destruction créatrice » à un « ouragan perpétuel ». Les deux côtés d’une médaille : celui de l’innovation qui connaît, à notre époque, une accélération sans précédent, et celui de la tempête, qui balaie tous les secteurs traditionnels sur son passage.

Les terres nouvelles que nous offre aujourd’hui la révolution numérique sont une chance de rebattre les cartes et de permettre à de nouveaux talents, plus adaptés et plus divers, de prendre le leadership des entreprises.

Mais cet « ouragan » est aussi porteur de graves risques de ruptures, et de nouveaux obstacles dans la quête d’égalité, sur laquelle l’Afrique des Idées s’est penchée, à l’occasion de la Journée Internationale des droits des femmes.

  1. Un nouveau risque de fracture entre les femmes et les hommes

Selon l’étude mondiale The future of jobs (2), les secteurs qui sont (et seront) les plus impactés par la digitalisation, la robotique et l’intelligence artificielle sont aujourd’hui majoritairement occupés par des femmes (3). Et cela touche aussi davantage certains métiers dans la vente, les opérations financières, les fonctions supports et administratives, des fonctions qui sont de plus en plus automatisées et qui comptent parmi leur effectif… une majorité de femmes.

L’égalité femmes-hommes, en faveur de laquelle nos sociétés se sont pourtant investies, risque ainsi de subir un contrecoup, d’autant plus que les femmes restent aujourd’hui sous-représentées dans les secteurs qui, eux, prévoient une croissance de l’emploi, comme l’architecture, l’ingénierie, l’informatique et les mathématiques.

Qu’en est-il des technologies de l’information ? Un secteur évidemment stratégique dont la situation est symptomatique du problème. Dans le monde, les femmes ne représentent que 21% des actifs du secteur (4), un chiffre un peu plus élevé en France, avec 33%, selon le Syntec (5). D’autant plus que celles-ci sont concentrées sur des fonctions de ventes pour près de la moitié d’entre elles contre 27% dans la programmation informatique et l’ingénierie.

Si cette tendance se confirme, la quatrième révolution industrielle en cours pourrait engendrer la perte de trois millions d’emplois actuellement occupés par des femmes pour une création d’un demi-million d’emplois seulement… et accroître mécaniquement les inégalités.

  1. Une opportunité de rebattre les cartes

Face à l’accélération de l’innovation technologique, les entreprises ne peuvent plus prédire les compétences dont elles auront besoin à l’avenir.

Dès lors, la seule façon pour les entreprises de rester agiles est de recruter des personnes capables de s’adapter et d’acquérir rapidement et continuellement de nouvelles compétences.

C’est une opportunité pour tous, et en particulier pour les femmes, de changer la donne et d’accélérer des transformations qui ont trop tardé à venir. Pour les entreprises, nourrir la capacité d’apprendre et l’agilité des collaborateurs est indispensable si elles veulent tirer profit de ces transformations.

Et, sur le front de la capacité d’apprentissage, force est de constater que les femmes ont une longueur d’avance : les emplois qualifiés sont les plus demandés, et la tendance ne fait que s’accélérer. C’est un indicateur très encourageant pour l’avenir : dans deux tiers des pays du monde, les femmes sont plus nombreuses que les hommes à être diplômées (6).

En Afrique d’ailleurs des progrès ont été enregistrés en matière d’éducation  des femmes puisque le taux brut de scolarisation au primaire des filles dans cette région qui était de 44,43% en 1970,  atteignait 97% en 2013. Le dernier Rapport mondial de suivi sur l’Education Pour Tous (EPT), publié en 2015, indique ainsi que 17 pays d’Afrique subsaharienne sur 117 pays dans le monde ont atteint la parité au primaire. 

  1. Recommandations : l’une des clefs pour l’égalité est la capacité d’apprentissage

« Le futur du travail ne sera pas un monde d’hommes, mais un monde de compétences », expliquait Mara Swan, Vice-présidente exécutive de Global Strategy and Talent chez ManpowerGroup, lors du dernier Forum économique mondial, à Davos. Selon elle, pour surmonter ce risque de fractures, la clef est là : « Il faut comprendre que nous vivons une véritable révolution des compétences, sans doute inédite dans l’histoire, et que le monde de demain appartiendra à celles et ceux qui donnent la part belle à l’apprentissage tout au long de leur carrière. »

Il faut continuer à encourager les entreprises et les individus à investir massivement – et durablement – dans le développement des compétences et du capital humain qui sont, les principaux vecteurs de réduction des inégalités de toute nature. « C’est cette capacité  d’apprentissage qui est la clef pour trouver un nouvel équilibre sur le marché du travail. »

Dans cette grande « révolution des compétences » (7) que nous vivons tous et à l’heure où 65% des métiers qu’exerceront les membres de la Génération Z n’existent pas encore, il semble pertinent d’envisager que cette capacité d’apprentissage sera à terme la clef d’un véritable équilibre sur le marché du travail. 

Cette solution durable permettra de remettre les compétences et la résilience des collaborateurs quel que soit leur sexe au cœur des organisations. La compétence acquise avant l’entrée dans l’entreprise et consolidée tout au long de la carrière deviendrait alors le seul et unique critère de sélection et de performance.

A nous tous, à nos niveaux, de faire que cet « ouragan » qu’annonçait Schumpeter soit une chance pour l’égalité !

Omar Ibn Abdillah

Sources

  1. Le cycle des affaires, Joseph Schumpeter (1939)
  2. https://www.weforum.org/agenda/2017/01/future-of-jobs-women-female-automation/
  3. http://reports.weforum.org/future-of-jobs-2016/gaps-in-the-female-talent-pipeline/
  4. http://reports.weforum.org/future-of-jobs-2016/information-communication-technology/
  5. http://www.femmesdunumerique.com/actualites/secteur-numerique-ou-sont-les-femmes
  6. https://www.weforum.org/agenda/2017/01/future-of-jobs-women-female-automation/
  7. « Révolutionnons les compétences » Alain Romilhac
  8. La révolution des compétences

Le vieillissement est-il devenu un risque au Maroc ?

Au cours de l’été 2016, les débats parlementaires relatifs à la réforme du système de retraite marocain ont mis au jour les faiblesses d’un système d’assurance vieillesse qui peine à faire face à la transition démographique que connait actuellement ce pays. 

Tandis que dans la société traditionnelle marocaine, le vieillissement concernait la sphère privée et mettait en jeu des logiques de solidarité familiale, la mise en place du système de protection sociale tout au long du XXème siècle, a permis de mutualiser les risques liés au vieillissement et d’améliorer la prise en charge des personnes âgées.

Toutefois depuis le début des années 2000 le vieillissement croissant de la population et la dégradation du ratio de dépendance démographique menacent l’assurance vieillesse car le nombre de cotisants ne suffit pas à financer les retraites des personnes âgées dont le nombre ne cesse de croître. Dès lors, le vieillissement est-il devenu un risque au Maroc ?

 

  1. Les risques induits par le vieillissement ont progressivement été mutualisés et pris en charge par la société marocaine.

 

  1. Redéfinition des solidarités privées

La théorie du cycle de vie développée en 1954 par Modigliani et Aldo décrit la vieillesse comme le troisième et ultime temps de la vie de l’individu. Au cours de cette période, l’épargne est utilisée par l’agent comme une trésorerie lui permettant de maintenir le niveau de consommation dont il disposait lors de sa période d’activité. En effet, le vieillissement s’accompagne pour les individus d’une disparition des revenus d’activité et d’un risque de pauvreté si l’épargne a été insuffisante lors de la période d’activité et si le système de protection sociale ne couvre pas l’ensemble de la population.  

Au Maroc la paupérisation croissante des personnes âgées est ainsi devenue un problème d’intérêt général dont rend compte le rapport sur l’Entraide Nationale publié en 2006. En effet, le rapport souligne la persistance de solidarités privées ainsi que la dépendance de nombreuses personnes âgées à l’entraide familiale et intergénérationnelle. Cette tendance montre qu’en l’absence de couverture universelle, les personnes âgées n’ayant jamais été salariées ou n’ayant jamais été rattachées à une caisse nationale d’assurance vieillesse – anciens agriculteurs,  anciens vendeurs sur le marché informel par exemple – ne bénéficient d’aucune protection et sont fortement exposées aux risques liés aux vieillissement tels que la pauvreté ou les maladies.

 

  1. La mutualisation des risques a abouti à la création d’un système de retraite bismarckien qui peine aujourd’hui à faire face à la dégradation du ratio de dépendance

 

L’actuel système de retraite marocain est de nature bismarckienne et la mutualisation des risques ne concerne que les travailleurs du secteur formel.  En effet, le système d’assurance sociale est pour l’heure contributif,  exclusivement  basé sur le salariat et organisé en quatre branches distinctes :

  • Caisse Nationale de Sécurité Sociale pour les salariés du secteur privé
  • Caisse Interprofessionnelle Marocaine de Retraite
  • Caisse Marocaine des retraites consacrée aux salariés des administrations publiques
  • Régime collectif d’allocation de retraite en faveur des agents contractuels employés par les administrations publiques.

Les prélèvements effectués sur les salaires des actifs permettent de financer les retraites et pensions des personnes âgées. Toutefois ce système assurantiel repose sur la stabilité du ratio de dépendance. Le Haut Commissariat au Plan rappelait dans son rapport de décembre 2012 que  le ratio démographique global des caisses de retraite est passé de 15 actifs pour un retraité en 1980 à 5,8 actifs en 1993 et à 3,9 actifs en 2009.

 

  1. La transition démographique menace la pérennité de ce système et la réforme de 2016

 

  1. Le gouvernement marocain tente depuis 2009 d’enrayer l’effondrement du système de santé

 

Dans une enquête consacrée au vieillissement de la population marocaine et commandée en 2006 par le Gouvernement marocain, les deux auteurs Youssef Courbage (INED) et l’historien Emmanuel Todd  indiquent  que la transition démographique du Maroc, qui a commencé dès 1975, soit bien avant tous les autres Etats africains, touche actuellement à sa fin. 

En effet, les prévisions démographiques laissent présager une profonde mutation de la pyramide des âges d’ici 2050. D’après les projections publiées par le Haut Commissariat au Plan le 20 décembre 2012, le nombre de personnes âgées de 60 ans et plus passerait ainsi de 2,7 millions en 2010 à 10,1 millions en 2050. Cette évolution porterait donc à 24,5% la part des personnes de plus de 60 ans dans la société contre respectivement 7,2%  et  8,1% en 1960 et 2004. Sans réforme du système de retraite par répartition ces évolutions conduiraient à une dégradation des déficits des quatre caisses nationales d’assurance vieillesse.

 En 2009 le Ministère du développement social, de la famille et de la solidarité a mis en place une Stratégie nationale pour les personnes âgées afin de lutter contre l’exclusion et la pauvreté croissantes des personnes âgées.  Par ailleurs, la réforme la plus importante est intervenue  le 19 juillet  2016 avec l’adoption au Parlement marocain, de l’allongement de la durée de cotisation portant l’âge du départ à la retraite à 63 ans. Dans le même temps, les cotisations ont été augmentées et le montant des pensions réduit. Cette réforme paramétrique douloureuse pour les salariés a polarisé l’opinion publique et donné lieu à un bras de fer entre les partenaires sociaux et le gouvernement marocain.

  1. Recommandations

La  solution  à la dégradation du ratio de dépendance ne doit pas être exclusivement centrée sur les paramètres du système de retraite (durée de cotisation, âge de départ à la retraite, montant des pensions, etc). En effet, les politiques d’emploi sont également un levier pertinent permettant d’agir sur le nombre de cotisants. Les avantages fiscaux en faveur de l’emploi des jeunes permettraient par exemple d’augmenter le taux d’emploi et donc le nombre d’actifs.

En outre, le gouvernement  marocain gagnerait à développer les politiques de formation et de soutien à la recherche. Grâce aux dispositifs de formation tout au cours de la vie active, la productivité du travail augmenterait et ces gains de productivité permettraient de pallier la diminution de la part d’actifs dans la population totale.

 

Daphnée Setondji

 

Sources

  • Courbage, Y et todd, E, (2007), Nouveaux horizons démographiques en Méditérannée.
  • Faruqee, H. and Tamirisa, N., (2006), Macroeconomic Effects and Policy Challenges of Population Aging, No 06/95, IMF Working Papers, International Monetary Fund.
  • http://www.huffpostmaghreb.com/2016/07/20/retraite-loi-maroc_n_11080492.html
  • Rapport du Haut Commissariat au Plan intitulé  « Vieillissement de la population marocaine : Effets sur la situation financière du système de retraite et sur l’évolution macroéconomique » (2012).

Comment la ruée éthiopienne vers l’hydroélectricité a remis en question l’équilibre préétabli de sa région

Le-barrage-Grand-RenaissanceDurant l’Antiquité, l’historien Hérodote décrit que «L’Egypte est un don du Nil.» En effet, ce fleuve a joué un rôle majeur dans le développement de ce pays d’Afrique du Nord tant dans l’agriculture que le transport et a conditionné la vie de ses habitants dans les domaines sociaux et économiques. Au début du 20ème siècle, l’octroi par le tuteur britannique d’un Traité établissant un droit sur l’ensemble du Bassin du Nil, la reconnaissance, 10 ans plus tard par l’Italie, d’un droit supplémentaire sur le bassin du Nil éthiopien et la construction de grands barrages, comme à Assouan, lui ont permis de devenir la puissance régionale dans cette partie du monde. Toutefois, les récentes crises politiques intérieures, l’affaiblissement de son économie survenu après le printemps arabe, mais surtout, la ruée contemporaine vers l’électricité amorcée par certains pays voisins, notamment l’Ethiopie, remet en cause cette hégémonie.

Après une longue phase d’instabilité marquée par des guerres et des graves crises alimentaires, l’Ethiopie, d’où partent 80% des eaux du Nil, a connu un essor économique sans précédent dans son histoire. Actuellement classée par le Fonds monétaire international (FMI) parmi les cinq économies les plus dynamiques du monde, il a eu une croissance moyenne annuelle de 10,3% au cours de la dernière décennie et, celle-ci devrait se poursuivre en 2016. De plus, son gouvernement aspire, via de larges investissements publics, à devenir un pays à revenu intermédiaire, dont le Revenu national brut (RNB) par habitant se situerait entre 1 036 et 4 085 dollars, d’ici à 2025.

Dans ce contexte et afin de soutenir ce développement, les dirigeants du Front démocratique révolutionnaire du peuple éthiopien (FDRPE) – parti au pouvoir depuis 1991 –   ont conçu un ambitieux plan d’électrification. Pour ce faire, ils ont misé sur l’énergie provenant de l’eau car il dispose d’un potentiel hydroélectrique parmi les plus importants d’Afrique (deuxième après la République démocratique du Congo) s’élevant à 40.000 MW et ont donc entrepris la construction de plusieurs barrages, dont le projet colossal du « barrage de la Renaissance », lancé en 2011 et qui aura une capacité de 6000 MW.  Toutefois, plusieurs obstacles légaux et politiques ont dû être surmontés.

En effet, le partage des eaux du Nil était défini par les termes d’un accord signés en 1959 entre le Soudan et l’Egypte. Celui-ci prévoyait une répartition de 55,5 et 18,5 milliards de mètres cubes d’eau en faveur du Caire et de Khartoum respectivement, sans prendre en compte les nations localisées en amont du fleuve. Face à cette situation, Addis-Abeba entreprit plusieurs actions diplomatiques afin de réunir les pays riverains du Nil et remettre en cause ce pacte issu de la guerre froide.  En 2010, un traité, le New Nile Cooperative Framework Agreement qui prévoit de nouvelles modalités dans la gestion du Nil et des projets de construction de barrages, est signé entre six nations (Burundi, Éthiopie, Kenya, Rwanda, Tanzanie et Ouganda). Libéré du droit de regard et du veto égyptien, il démarra la construction de plusieurs centrales hydroélectriques.

Grâce à ces dernières, il devrait disposer d’une capacité électrique de 25.000MW à l’horizon 2030, contre 2180 MW en 2013. De plus, il est aussi prévu de créer un réseau interconnecté régional dont le cœur sera l’Ethiopie. « La principale interconnexion reliera l’Éthiopie au Kenya sur 1 100 km, pour délivrer d’abord 400 MW et per­mettre le transport de 2 000 MW lorsque les autres pays seront raccordés. Ce réseau comprendra aussi une ligne Kenya-Tanzanie de 400 kV, une ligne de 500 kV reliant l’Éthiopie au Soudan et une ligne à partir des chutes de Rusumo, pour re­lier la Tanzanie, le Rwanda et le Burundi. » À termes, cette nation de plus de 96 millions d’habitants devrait devenir le plus grand pourvoyeur d’énergie en Afrique de l’Est, lui permettant d’avoir d’énormes rentrées en devises pour assurer son développement et disposant d’un important levier politique pour maintenir sa puissance à travers la région. Mais, comment expliquer sa rapide expansion?

L’apparition de nouveaux acteurs internationaux, avec en tête la Chine, a facilité l’apport de nouveaux moyens de financement tout en permettant, aux états africains, de se libérer des contraintes imposées – comme, par exemple, initier des réformes démocratiques ou l’obligation de trouver un accord avec tous les partis impliqués dans la négociation d’un traité –  par les institutions financières tels que le Fond monétaire internationale (FMI). Par exemple, alors que des partenaires se retiraient des projets éthiopiens d'énergie hydraulique en raison de préoccupations liées à l'environnement, les compagnies chinoises prenaient une part active finançant parfois plus de 80% de ceux-ci, comme c’est le cas pour les deux barrages sur la rivière Gebba à l’ouest du pays.

Au-delà du fait que sa ruée vers l’électrification a grandement contribué et contribue à son ascension régionale, le cas éthiopien pourrait inspirer d’autres pays africains.  Si la Guinée, qui représente à elle seule le quart du potentiel hydroélectrique de l’Afrique de l’Ouest, arrivait à exploiter ces 200 sites de production identifiés à travers son territoire,  elle pourrait devenir, tout comme l’Ethiopie, un « château d’eau » qui bouleverse l’équilibre des forces dans son environnement géographique.

Szymon Jagiello​

Références