Quelle approche pour une politique énergétique efficace en Afrique ?

Les énergies renouvelables ont le vent en poupe. Presque 300 milliards de dollars US ont été investis au cours de l’année 2015 dans le monde, soit autant que le produit intérieur brut de l’Egypte qui est la troisième économie du continent africain. En Afrique, les projets et initiatives fleurissent. Pourtant, ce relatif espoir ne lève pas les inquiétudes dans ce continent où le secteur de l’énergie connait une profonde crise avec un niveau de détresse élevé. Quelle approche choisir donc pour une politique énergétique efficace ?

Cet article s’inscrit dans le cadre de la préparation du Forum International sur le Green Business qui sera organisé à Pointe Noire du 17 au 19 mai 2016.

1. Insuffisance et inadéquation de l’offre

La problématique de l’accès à l’énergie, en Afrique subsaharienne, hors Afrique du Sud, est complexe et demeure entièrement posée. L’accès à l’électricité progresse dans les zones urbaines mais à un taux inférieur à la croissance exponentielle de la demande. Cette progression est encore moins significative en zone rurale tant le coût d’extension des réseaux est onéreux face au consentement à payer des bénéficiaires. Nous avons mis en exergue dans un article traitant du financement de l’accès à l’énergie en zone rurale la complexité de couverture de l’étendue des territoires nationaux ; obligeant les décideurs publics à se tourner de plus en plus vers des solutions de proximité.

Les rapports Africa Energy Outlook (2014) et Power Tariffs de la Banque Mondiale (2011) indiquent que la consommation d’électricité en Afrique est fortement axée sur les secteurs résidentiels et les services. Les pays dotés de ressources fossiles concentrent une quantité non négligeable de leur production d’énergie thermique pour les consommations de base et de pointe pendant que les pays les moins dotés exploitent des unités de production à faible rendement à des couts très élevés. Une subvention étatique est souvent nécessaire pour rendre utile l’énergie électrique aux usagers finaux conduisant à une adoption massive de la tarification progressive par tranches avec une forte subvention pour les tranches de première nécessité.

Loin de satisfaire les simples besoins de base, l’offre énergétique en Afrique subsaharienne est insuffisante pour le besoin industriel entravant par le même effet l’industrialisation du continent. L’absence des résultats malgré les importantes allocations des ressources via les subventions, laisse penser que les approches adoptées ne sont pas les mieux adaptées.

2. Absence de vision et d’innovation ?

En effet pour répondre à la problématique de la crise énergétique, l’Allemagne autrefois leader dans la production de modules photovoltaïques a développé un marché gigantesque de l’énergie solaire, malgré l’irradiation peu élevée comparée aux pays du Sud. La France, depuis le choc pétrolier des années 70 s’est tournée vers le nucléaire avec des géants tels que Alstom ou Areva. La Corée du Sud, principal fabricant de méthanier grâce à Samsung a un avantage comparatif très avancé dans les infrastructures gazières plaçant ainsi le pays comme le second importateur de gaz naturel liquéfié après le Japon. Ces Etats ont développé des politiques stratégiques efficaces qui leur ont permis, au délà des technologies adoptées de créer des valeurs ajoutées importantes capable de répondre à des considérations sociales et techniques (emploi, brevets, retour d’expérience) sur le moyen et le long terme.

Malheureusement, les Etats d’Afrique subsaharienne sont loin de ce compte. L’espace subsaharien n’a pas intégré toute la chaine de valeur du marché de l’énergie et très peu de technologies sont développées pour le marché régional et local. La plupart des pays sont de simples consommateurs dont les populations s’adaptent sans cesse aux produits importés (lampes de 100W répandus sur les marchés, régulateur de tension pour pallier aux baisses de tension, transformateurs 110/220V et vis-versa pour faire fonctionner les équipements US-Chine-Europe, etc…).

Par ailleurs des nombreux rapports mettent en exergue par exemple le coût très élevé de l’énergie non fournie pour cause des récurrents délestages ou de son indisponibilité dans les zones rurales. Les formes actuelles de substitut semblent peu économiques et moins durables compte tenu des externalités négatives sur l’environnement et la santé (fumée du pétrole lampant, bougie, charbon de bois…). Des alternatives plus durables telles que les pico PV prennent une place de plus en plus importante mais demeurent limités quant à l’usage. Malgré une baisse drastique du prix du watt-crête, les installations solaires sont couteuses car leur déploiement répond à une logique de hors-réseau.

La crise énergétique que connait l’Afrique subsaharienne est due à une absence de vision politique en la matière. La solution passe par la création d’un véritable marché intégré d’énergie grâce à la technologie et à l’innovation.

3. Pour une approche intégrée 

Pour que l’Afrique puisse résoudre sa crise énergétique, le développement du secteur se doit d’être intégré : intégré sur le plan technologique et social par le biais d’incubateurs, de centres de formation et de recherche et développement avant-gardiste des technologies du futur et créateurs d’emplois ; intégré sur les normes et règlementations car le continent ne peut continuer d’importer à foisons des produits souvent déclassés sous d’autres hémisphères.

L’avènement des nouvelles formes d’énergie offre une opportunité en terme de création de valeurs avec en prime une solution au chômage avec des corps de métiers allant de l’ingénierie, de la spécialisation environnementale et juridique, du génie civil aux manœuvres qualifiés. Les produits issus de cette révolution seront adaptés au marché local et régional et garantiront par des labels, un savoir-faire susceptible d’être exporté vers d’autres régions du monde où la question de l’énergie est loin d’être résolue.

4. Des solutions immédiates en attendant

Plusieurs sociétés en charge du secteur sont si endettées et non compétitives qu’elles ne sont pas en mesure d’attirer les financements octroyés. Au-delà des grandes réformes préconisées ci-hauts, des mesures concrètes sont pourtant à la portée des décideurs publics. Il s’agit entre autre d’instaurer des objectifs de performance périodique pour les dirigeants des sociétés étatiques en mettant en place par exemple des reports sur la quantité d’énergie fournie et la planification des délestages. Il s’agit également de restaurer l’image de ces sociétés par des campagnes de communication et de sensibilisation de tous les acteurs.

Grâce aux nouvelles technologies, les mécanismes de règlements des factures pourraient être simplifiés, les taux de recouvrement améliorés, le traitement des plaintes accélérés, les suggestions des usagers prises en compte. Grace à ces améliorations et en mettant en place un système de financement participatif via des banques populaires, les usagers eux-mêmes pourraient être incité à devenir actionnaires des leurs infrastructures énergétiques. 

Leomick SINSIN

Interview de Roland Portella, Président de la Coordination pour l’Afrique de Demain (CADE)

industrie_afrique_sudLa CADE publie un Livret : « Bâtir des industries modernes et compétitives en Afrique » : quel est l’état actuel de l’industrie en Afrique ?

Le secteur industriel en Afrique se trouve dans une situation paradoxale : il représente des opportunités d’investissement énormes et abrite les plus grands gisements d’emplois ; mais il ne contribue actuellement qu’à hauteur de 1,1 à 1,2% de la valeur ajoutée manufacturière mondiale. L’analyse des différents paysages industriels, démontre qu’à l’exception de l’Afrique du sud, du Maroc, et de l’Egypte, et à l’exception de certaines industries extractives tournées vers l’export, les trois quarts des industries en Afrique ont une assez faible productivité par rapport à leur potentiel de développement.

Les raisons sont d’abord d’ordre structurel, du fait de l’insuffisance d’écosystèmes de production, du coût prohibitif et de l’inconstance en approvisionnement de l’énergie électrique ainsi que du manque de fonds propres conséquents pour les PME industrielles. C’est également dû à la faible structuration du marché de l’emploi dont la conséquence est l’inadéquation de l’offre et la demande d’emplois industriels. 

Nonobstant tous ces obstacles, des leaders industriels africains, notamment du Nigéria, du Ghana, d’Egypte, du Maroc ou de la Côte d’Ivoire, commencent à s’imposer nationalement et régionalement, notamment dans l’agro-industrie et la construction ; ils ne sont néanmoins pas encore suffisants en nombre et en qualité, en marques de référence.

Pensez-vous que le développement de l’industrie soit une composante essentielle de la croissance que l’on observe actuellement en Afrique ? Ou l’Afrique peut-elle se reposer sur d’autres leviers ?

La contribution des secteurs industriels à la croissance du PIB a malheureusement baissé de 13% à 10,5% de 2000 à 2010, alors qu’elle est de 36% en Asie et de 18% en Amérique Latine. Nonobstant ce constat, selon nous, la priorité économique des différents Etats africains dans les 10 années à venir doit être la « croissance industrielle ». En effet l’essor industriel crée d’énormes effets induits sur le développement des autres secteurs économiques tels que les services, le transport, les télécommunications, la formation professionnelle, et surtout l’innovation technologique. Nous avons par exemple de plus en plus d’innovateurs scientifiques et technologiques africains, qui créent des concepts et des prototypes en Afrique. Mais le manque d’infrastructures et de productions industrielles les poussent à assembler et produire leurs découvertes plutôt en Asie, et pas encore en Afrique.

Mais attention, la construction d’industries pérennes doit être en phase avec le bien-être des populations et le respect de l’environnement : il est nécessaire de mettre l’accent sur de la production industrielle « propre » afin d’éviter des dégâts irréversibles sur la préservation de la biodiversité ainsi que sur la santé des populations

Alors que des pays comme le Maroc mettent aujourd’hui l’accent sur le haut de gamme industriel des secteurs automobiles et aéronautiques intégrés aux chaines de valeur mondiales, l’Afrique subsaharienne devrait se tourner vers les industries de biens de consommation courants (pour des marchés évalués à 1,1 trillions de dollars en 2012 et qui devraient atteindre 2 trillions de dollars en 2020), de construction et biens d’équipement. Sur la question de la transformation industrielle de matières premières et ressources naturelles, nos analyses sont plus nuancées, et nous le développons dans le livret.

Le développement de l’industrie en Afrique doit-il provenir du secteur public ou du secteur privé ?

Nous avons justement interpellé les « gouvernants » afin qu’ils définissent des politiques et stratégies industrielles de long terme en coopérant constructivement avec le secteur privé qui connaît les problématiques de terrain. Dans nos recommandations, nous proposons des cadres de travail à l’élaboration des cartographies des potentiels et des écosystèmes de production industrielle. Ce qui peut encore rebuter des investisseurs locaux et internationaux, au-delà de leurs propres connaissance d’une activité industrielle, c’est le manque de visibilité d’une stratégie et d’une politique industrielle globale, nationale, régionale et surtout l’inconstance des mesures incitatives et des cadres juridiques permettant de mieux investir et produire, de réaliser des économies d’échelle au niveau sous régional et régional.

Comment une industrie moderne peut-elle se structurer en Afrique ? Ne manque-t-on pas de compétences ?

Au-delà des problématiques d’infrastructures en énergie et en logistique routière ou de conservation des aliments pour les industries agroalimentaires, l’insuffisance de compétences qualifiées pour le secteur industriel freine la productivité. Que faut-il faire ? Nous préconisons dans nos 25 recommandations, au-delà de la création d’instituts aux nouveaux métiers industriels, de créer de vrais pôles de compétences industrielles par le biais l’enseignement supérieur intégré aux tissus industriels ou par la mise en place de formations professionnelles de reconversion pour les chômeurs. Ce qui permettrait de former aussi bien des ouvriers, techniciens supérieurs, ingénieurs, que des dirigeants d’entreprises africains eux-mêmes qui manquent d’humilité pour se remettre en question par rapport à leurs propres compétences, ou par rapport à l’analyse de la performance de leurs entreprises. Ces pôles d’activités ou de filières pourraient permettre la création d’écosystèmes de R&D et d’innovations. Dans les pays où ces pôles existent déjà nous recommandons de procéder à des évaluations et diagnostics d’impact en termes de création de valeurs économiques, techniques, et sociales.

De quel œil voyez-vous l’ouverture d’usines chinoises en Afrique ?

Notre principe de base est que le paradigme de « l’Afrique comme nouvel atelier du monde » est dangereux, procède d’une vision de court terme, de spécialisation dont l’impact réel en création de valeurs ajoutées dans les chaines mondiales d’approvisionnement reste faible. Même si les usines chinoises, et turques aujourd’hui, peuvent permettre dans certains pays comme l’Ethiopie d’embaucher des populations dites à « faibles revenus », ce ne doit pas être des constantes de solutions sociales pour les Etats africains. D’ailleurs des analyses détaillées démontrent que la plupart de ses emplois sont précaires, et ne favorisent pas la montée en gamme en compétences qualifiées, et non plus une montée en gamme des processus de production industrielle. Une véritable stratégie industrielle définie par des gouvernants politiques et économiques africains d’un pays, et qui incorporent des investissements étrangers, doit avoir pour socle de « mixer » les transferts de technologies à la libération endogène des capacités de création technologique, de mobilisation interne de capitaux de proximité, de faire éclore des industriels locaux solides qui peuvent créer des alliances stratégiques avec des investisseurs étrangers si besoin est ou évoluer seuls.

Comment les diasporas africaines peuvent s’intégrer au développement industriel de l’Afrique ?

ENDA et la CADE ont travaillé sur ces questions. Des analyses et des expériences de terrain que nous en tirons :il existe ce que j’appelle un « capital entrepreneurial » des diasporas africaines dont certains ont acquis des connaissances en ingénierie, en direction d’entreprise, en intelligence économique et stratégique dans les pays où ils exercent : USA, Canada, Europe, Australie, etc. A défaut d’investissements financiers de masse de ces diasporas dans les secteurs industriels, car cela demande en fonction des projets des levées de capitaux assez conséquentes, les Etats et entreprises africaines devraient « capter » et utiliser à bon escient ce savoir-faire des diasporas, ce « capital immatériel ». Mais à condition que ceux-ci sachent créer leurs propres écosystèmes d’offres et partenariats de transferts de compétences, et qu’ils ne soient pas coupés des réalités socio-culturelles africaines !

Interview réalisée par Rouguyatou Touré

 

 

Les chaînes globales de valeur : le chaînon manquant dans l’intégration des échanges de l’Afrique sub-saharienne

Cafe-670x446Le flux des échanges de l’Afrique sub-saharienne s’est brusquement accru, avec un volume multiplié par cinq sur les deux dernières décennies. Cette explosion des échanges repose-t-elle sur les seuls produits primaires ? À mon sens, pas du tout ! De nombreux pays ont amélioré l’intégration dans le domaine des chaînes de valeur globales. Il reste cependant bien clair que l’Afrique sub-saharienne a encore du chemin à parcourir.

Un accroissement des échanges qui dope la croissance

Au cours des deux dernières décennies, le ratio des exportations rapporté au PIB de l’Afrique sub-saharienne est passé de 20,5 % en 1995 à 27,5 % en 2013. Cela est dû en grande partie à un accroissement de la demande de matières premières, mais pas uniquement : dans cette région, certains exportateurs hors produits de base ont réalisé des progrès impressionnants. Durant cette période, les zones vers lesquelles l’Afrique sub-saharienne exporte ont également beaucoup évolué en raison du développement des échanges avec les pays émergents tels que le Brésil, la Chine et l’Inde. La Chine est notamment devenue le plus important partenaire commercial de l’Afrique sub-saharienne.

Lire la suite de la tribune de Roger Nord sur le site de notre partenaire http://ideas4development.org/ (Le Blog animé par l'Agence Francaise de Développement).

Migration ne doit pas forcément rimer avec répression

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Plus de 1 100 personnes sont décédées au large de Lampedusa dans la nuit du 19 au 20 avril 2015, ce qui porte à plus de 1 800 le nombre de migrants morts depuis le début de l’année. Ce triste record s’ajoute aux drames récurrents de l’actualité euro-méditerranéenne : 220 000 personnes ont risqué leur vie en traversant la Méditerranée en 2014 et en 6 mois, en 2015, 54 000 migrants ont gagné l’Italie, 48 000 la Grèce, 920 l’Espagne et 91 Malte. Cette tragédie humaine qui dure impose un constat : l’Union européenne ne change pas radicalement d’approche sur la question migratoire et s’entête dans la répression alors que des alternatives existent.

Le principe de solidarité s’effrite face à la réalité, les États membres étant peu disposés à partager le poids de l’accueil, supporté principalement par l’Italie et la Grèce. Paralysés par une opinion publique séduite par des droites extrêmes, à tendance xénophobe, ils s’arcboutent sur des principes souverainistes et anti-immigration. Leurs réactions à la proposition de la Commission d’un système de quotas de demandeurs d’asile par pays illustrent à merveille le court-termisme de politiques destinées à ne traiter la question migratoire que dans l’urgence.

 

L’immigration, une question de sécurité intérieure ?

Jusque dans les années 1990, en Europe, la question migratoire était intimement liée à celle des besoins du marché du travail. Le regroupement familial étaient quant à lui accepté. Les réfugiés étaient traités à part et ne mobilisait pas l’opinion publique. Celle-ci manifestait en revanche de la solidarité à l’égard des victimes de guerres civiles, par exemple les Vietnamiens ou encore les Chiliens.

Depuis le traité d’Amsterdam de 1997, les politiques d’immigration et d’asile relèvent du pilier « Sécurité et Affaires intérieures » de l’Union européenne. Il s’agit donc d’une question de sécurité traitée comme les autres compétences de ce pilier : lutte contre la criminalité, répression et moyens de contrôle typiques des organismes de défense. Le respect des droits fondamentaux est passé au second plan et l’Europe de la sécurité intérieure est devenue celle de l’insécurité pour les entrants sans visa. Malgré cela, l’Europe est devenue la première destination au monde pour les flux migratoires Nord-Sud.

Pourquoi ces flux ?

La généralisation du passeport dans la plupart des pays du monde depuis 1989 a libéralisé le droit sortie, tandis que les volumes des revenus de transferts (400 milliards de dollars en 2013) ont amené beaucoup de pays de départ à accepter la réalité migratoire, accentuant partiellement l’essor des migrations économiques. En revanche, le droit d’entrée s’est durci et l’on parle de la « forteresse Europe » pour ceux qui ne parviennent pas à obtenir un visa.

Au Sud, le passage de la Méditerranée est devenu un rêve à atteindre, ce qui n’est pas sans rapport avec l’accès aux nouvelles technologies, le chômage des jeunes, leur désir de changer de vie et l’absence d’espoir dans les pays d’origine mal gérés et corrompus.

Les crises et conflits (révolutions arabes, corne de l’Afrique, Syrie, Irak), notamment dans les pays proches de l’Europe et avec lesquels elle a des liens historiques, accentuent une dynamique migratoire déjà forte. À ceux qui partent chercher du travail, s’ajoutent donc les demandeurs d’asile. L’Allemagne a reçu 240 000 demandeurs d’asile en 2014 et la France 61 000. Parmi les pays les plus sollicités, la Suède et le Royaume-Uni les suivent de près.

Comme l’entrée légale n’est ouverte qu’aux nantis, le trafic du passage irrégulier prospère : pateras, zodiacs, vieux cargos ou chalutiers recyclés sillonnent la Méditerranée au péril des passagers, souvent abandonnés par les passeurs. Les coûts de passage sont considérables. Ce sont souvent les économies de la famille duharrag[1] qui sont investies dans ce voyage, ce qui ne laisse d’autre choix aux transgresseurs de frontières que de réussir et explique qu’ils ne sont pas prêts à abandonner leur course vers l’Europe.

Lire la suite de la tribune de Catherine Wihtol de Wenden sur le site de notre partenaire http://ideas4development.org/ (Le Blog animé par l'Agence Francaise de Développement).

Ebola, paludisme et choléra, des tueurs complices à combattre simultanément

Image-Ebola-670x503Il est à craindre que les ravages provoqués par la résurgence soudaine et meurtrière d’Ebola en Afrique de l’ouest continueront après la fin de l’épidémie. Car en plus d’emporter des vies, de semer la terreur et d’abattre des économies déjà fragiles, le virus a également désorganisé et mis à terre les systèmes de santé des pays les plus touchés, laissant les populations à la merci des autres maladies tueuses qui sévissent dans la région, particulièrement le paludisme et le choléra.

Des maladies tueuses tapies dans l’ombre d’Ebola

L’année 2014 restera dans nos mémoires comme celle de la soudaine résurgence en Afrique de l’ouest de l’épouvantable virus Ebola. En quelques semaines, la Sierra Leone, le Liberia et la Guinée ont été traversés, les populations durement frappées,les gouvernements débordés.

Près d’un an après le déclenchement de cette crise meurtrière, on peut tirer un premier bilan humain de la razzia du tueur Ebola : près de 25 000 personnes infectées et plus de 9 500 morts. Et des mois de peur pour plus de vingt millions de citoyens vulnérables.

Mais si on peut désormais espérer une maîtrise rapide de la situation, il ne faut pas relâcher l’effort, car d’autres tueurs restent malgré tout tapis dans la région. Des tueurs qui depuis des décennies déciment des millions de personnes, et singulièrement les femmes enceintes et les enfants d’Afrique : le paludisme et le choléra.

Les chiffres sont parlants. En 2012, après plusieurs années d’accalmie, la région a été frappée par une épidémie de choléra qui a touché environ 30 000 personnes, et tué 138 patients en Guinée et 296 patients en Sierra Leone. En 2013, juste avant la réapparition d’Ebola, le Sierra Leone, le Liberia et la Guinée ont enregistré près de 5 millions de cas de paludisme ! Selon l’OMS, 5 625 personnes ont perdu la vie dans les trois pays cette année-là, foudroyées par la malaria, cette maladie pourtant curable si elle est rapidement diagnostiquée et correctement soignée. Cela représente plus de la moitié des décès enregistrés à cause d’Ebola.

Les statistiques pour 2014 seront probablement similaires et le risque d’épidémie de choléra, on l’a vu, n’a pas disparu. Le bilan pourrait même être plus sinistre encore, car dans les pays concernés, les énormes besoins mobilisés pour lutter contre Ebola ont paralysé les autres services de soin, décimé le personnel de santé, épuisé les économies locales. Les personnes les plus vulnérables — les femmes enceintes et les enfants — risquent d’être durement affectées.

En Guinée par exemple, Ebola a tout désorganisé ; les avancées de ces dernières années ont été perdues : dans la commune de Matoto, à Conakry, le taux de fréquentation des centres de santé est passé de 73% en 2013 à 34% cette année ; dans la commune de Ratoma, celui-ci est passé de 65% à 23% ! Le travail de prévention et les campagnes pour inciter les femmes à un suivi médicalisé de leur grossesse ont été stoppés ; les femmes enceintes se sont détournées des centres de santé et restent confinées à la maison pour accoucher sans personnel qualifié.

Avec le retour de la saison des pluies, Ebola maîtrisé ou pas, il n’y pas de doute : la situation en Afrique de l’Ouest reste inquiétante.

Lire la suite de la tribune de Sinan Khaddaj et Caty Forget sur le site de notre partenaire http://ideas4development.org/ (Le Blog animé par l'Agence Francaise de Développement).

Ghana : quel modèle de développement à moyen terme ?

Croissance-Ghana-670x446Au cours de la dernière décennie, le Ghana a enregistré des taux de croissance moyens supérieurs à 7 % par an, ce qui lui a permis d’accéder au statut de pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure. Toutefois, la croissance a récemment marqué le pas pour s’établir à 4,2 % en 2014, ce qui soulève la question de la pérennité du modèle de développement du pays. Le Ghana se trouve désormais à un stade critique de son processus de développement.

Une transformation structurelle de l’économie relativement modérée

Après être restée relativement stable de 1970 à 1990, la structure de production de l’économie ghanéenne s’est progressivement modifiée, en particulier au cours de la dernière décennie. L’examen de la décomposition sectorielle du PIB ghanéen révèle deux caractéristiques majeures dans la structure et l’évolution de la répartition de la valeur ajoutée par secteur. Premièrement, le Ghana demeure un pays fortement agricole dans la mesure où la part du secteur primaire représente toujours près d’un tiers de la valeur ajoutée totale et plus de 40 % de l’emploi total. Toutefois, à l’instar de la plupart des exemples de développement, la croissance ghanéenne s’est caractérisée par un recul marqué de la part du secteur agricole dans l’économie, laquelle est passée de 56,5 % de la valeur ajoutée totale au cours des années 1970 à environ 26 % sur la période 2010-2012. Deuxièmement, la diminution progressive de la part du secteur agricole s’est essentiellement effectuée au profit du secteur des services et non du secteur secondaire. La part du secteur des services est ainsi passée d’un peu moins de 25 % dans les années 1970 à près de 50 % en 2010-2012. La part du secteur industriel est quant à elle restée stable depuis 1990, à moins de 25 % de la valeur ajoutée totale. En outre, la part du secteur manufacturier accuse un recul significatif, passant de 10 % au cours des années 1990 à 7 % sur la période 2010-2012.

Comme de nombreux pays africains, le Ghana connait un processus de transformation structurelle relativement lent et récent. 

En outre, la transformation structurelle s’opère par la voie des services et non par une hausse des activités manufacturières. Toutefois, le secteur des services demeure très concentré dans les services informels à faible valeur ajoutée comme le commerce de détail ou les services à la personne. Le secteur informel représente 80 % de l’emploi total au Ghana.

Malgré la vigueur de la croissance (taux de croissance annuel soutenu de plus de 5 % depuis 1990), pourquoi la transformation structurelle de l’économie ghanéenne en cours se fait à un rythme lent ?

Lire la suite de la tribune de Clémence Vergne sur le site de notre partenaire http://ideas4development.org/ (Le Blog animé par l'Agence Francaise de Développement).

 

 

 

Afrique: Entreprendre et Innover

Cover Sunayon MaiL’initiative associative SunayON a pour but la mise en lumière d’opportunités commerciales en Afrique sub-saharienne, dont les effets participeraient à l’accomplissement de la croissance de ladite zone. Ainsi à travers l’étude du contexte actuel et des mentalités des consommateurs africains, La Note Stratégique Economique (NSE) vous propose un ensemble d’articles pertinents. L’objectif étant de saisir chaque mois les grandes dynamiques psycho-sociales et macro-économiques du continent. Lisez l’intégralité de cette Notice Stratégique Economique.